NEUROSIS + YOB + KOWLOON WALLED CITY
Biarritz le 17/07/19
(L'Atabal)




Ola le gazier ! Cette année, LE " big event " de l'été au pays basque, ce n'est pas la montée de l'Aviron en top 14, ce ne sont pas plus les fêtes de Bayonne, San Fermin à Pampelune ou encore le festival international de musique de chambre classic à Guéthary. Non ma gueule ! Cette année, LE gros évènement de l'été basque c'est cette date. Cette date que les afficionados de gros son, d'ambiances sombres et pesantes ont cochée depuis un moment sur leur agenda : NEUROSIS qui débarque à Biarritz !
Et oui ! NEUROSIS était bien, ce soir, en terres basques pour une des 2 seules dates françaises de cette tournée. Il y avait le Bataclan à Paris et... l'Atabal à Biarritz. Comment les gonzes de l'Atabal se sont-ils démmerdés pour faire venir le combo d'Oakland ? Mystère, mais c'est fort... et grâce leur soit rendue ! La salle biarrote a désormais l'habitude de présenter des évènements diversifiés et une programmation très qualitative mais là, ils frappent un grand coup et ils ne s'y sont pas trompés.
Le concert a (très) rapidement affiché complet et le public est venu de tous les coins de France et d'une bonne partie de l'Espagne pour assister à l'évènement. Les ricains, avant-gardistes, précurseurs du post-métal qui influença les ISIS, CULT OF LUNA et autres combos du genre sont rares, interdiction donc de les louper. D'autant plus qu'ils ont eu le goût d'attirer avec eux sur ce tour YOB et KOWLOON WALLED CITY. Miammm !

Le coup d'envoi doit être donné à 19h30, mais n'étant pas local et n'ayant encore jamais eu l'occasion de m'y rendre, je prends large et j'arrive un peu avant sur les lieux pour découvrir la salle. L'Atabal est un lieu relativement récent, puisque inauguré en 2005 mais qui n'a pas trainé à se bâtir une solide réputation et créer un pôle fort d'accompagnement et de diffusion des musiques actuelles au pays basque. La prog est éclectique et qualitative. Le lieu abrite une salle de diffusion de 700 places, des locaux de répétitions, une école de musique, des espaces d'expo, et un bar. L'endroit est moderne, bien équipé, accessible et pratique.
Lorsque j'arrive, il y a déjà foule, le temps est magnifique et l'ambiance est décontractée. L'accueil est cool, le timing respecté à la seconde. Combo, perfect !

19h30 pétantes donc, c'est KOWLOON WALLED CITY qui prend possession de la scène afin d'ouvrir la soirée. Je découvre ce quatuor, originaire d'Oakland/San Francisco (comme NEUROSIS) signé chez Neurot Rec., et son post-hardcore noisy, sludge pour certains, lent, puissant mais néanmoins subtil. Les influences sont autant du côté de NEUROSIS (et ouais) que d'UNSANE. Le son est rapeux, grosse section rythmique, simple mais efficace, le chant est scandé, ça le fait. Le combo va dérouler pendant une bonne demi-heure un set de qualité, avec des morceaux intenses, prenants, alternant clair et obscur devant un public déjà nombreux et réceptif. Belle manière d'ouvrir la soirée, et beaucoup découvrent le groupe sur scène avec grand plaisir.

C'est ensuite à YOB de prendre la suite. Alors, là, c'est également une découverte pour moi...et oui! Certains vont me cracher à la tronche mais, qu'est ce que tu veux ? On ne peut pas tout connaître, aussi qualitatif soit le groupe. Et pour tout te dire, je n'ai même pas pris la peine de me renseigner ou d'écouter quoi que ce soit concernant le combo avant la date. Rien à foutre, la découverte sera totale. Et, fichtre, que l'intuition fût excellente car l'expérience et le plaisir n'en furent que plus intenses. Collé au premier rang, face au gratteux-chanteur, je suis en conditions idéales pour me délecter du set du groupe originaire d'Eugene, Oregon. Oui ma gueule ! Le power trio emmené par un Mike Scheidt possédé et charismatique emporte littéralement le public dès les premières notes. Le set démarre, incroyable morceau, celui-ci est d'une puissance folle, porté par un chant envoutant et intense qui transperse. Le son de guitare est épais à souhait, presque palpable, le rythme est lent, la section rythmique lourde, implaccable. J'ai le calbute qui bouge seul, au rythme des basses. Le public est déjà conquis. Comment pourrait-il en être autrement ?
Les morceaux du groupe transpirent d'une certaine mélancolie, d'une noirceur certaine même, mais l'espoir, la lumière y sont également toujours présents. L'ensemble transporte l'auditoire dans un doom-ambiant, un univers dense à la sincérité éclatante, où la musique oppressante la dispute à une voix parfois aérienne et envoûtante, parfois tellement bestiale. La musique de YOB est assez difficilement descriptible par des mots tellement elle est singulière et inclassable, en marge des classiques du genre. L'expérience prend également une toute autre ampleur sur scène. C'est à la fois une évidence mais terriblement à propos pour ce qui concerne YOB. Le trio ne triche pas, et si il n'est pas dans la traditionnelle " parlotte d'entre morceaux ", la petite blague ou les remerciements habituels, il est, malgré tout, bien dans l'échange et le partage. YOB se donne. Il met ses tripes sur scène, offre son âme au public présent, et celui-ci, acquis à la cause, donne ce qu'il a également. Je suis bien emmerdé pour tenter de te décrire le moment avec des mots justes sans user des poncifs éculés tellement il est indicible. Le moment est beau, c'est tout ! Et si le groupe passe à proximité, ne les loupe surtout pas !
Une heure d'un set intense donc, profond, envoûtant, autant grande baffe dans la gueule que doux calin, impeccablement exécuté et qui laisse des traces, avant de céder la place à la tête d'affiche du soir : NEUROSIS.

Autant te dire que le combo d'Oakland est attendu. Véritables légendes du métal, au sens large du terme, les américains sont plutôt rares et désirés. Et ce soir, grace à l'Atabal, ils sont là, on va y avoir droit.
Le groupe investit la scène, et c'est parti ! C'est la batterie, accompagnée du sample, qui ouvrent, bientôt rejoints pas les accords de gratte et la voix profonde de Steve Von Till qui lancent "A sun that never sets ". " Petit " morceau d'ouverture, de mise en condition, on y est, NEUROSIS !
Les papes, les précurseurs du post-métal sont sur la scène de l'Atabal pour 1h30 de gros son, d'un set impeccable qui revisite leur discographie, en passant de " A shadow memory " à " Giving to the rising ", " To the wind " ou encore " Stones from the sky ". La bande de Scott Kelly est en forme et déroule tel un rouleau compresseur à la marche lente et imperturbable. Ce soir, ce n'est pas slam, wall of death ou KDS, NEUROSIS est dans l'introspection. C'est souvent sombre, très sombre même, parfois plus lumineux. Les ambiances, et c'est bien LE maître-mot avec le groupe, sont, pour la plupart, opressantes, apocalyptiques, mais également teintées d'une lueur d'espoir.
La musique de NEUROSIS est un ascenseur émotionnel, construite pour emporter l'auditeur dans un voyage, intérieur, lointain, dans des contrées denses, profondes, dont on ne revient pas indemne. Le combo développe des morceaux d'une rare puissance et d'une rare intensité. C'est ce qui les rend si singuliers. Ceux-ci résonnent au milieu d'un silence assourdissant. Ils explosent à l'âme. On n'est clairement pas dans le fun, le défouloir. NEUROSIS est plus proche de la catharsis que de l'éxutoire physique. Et ce soir, la magie opère. Le groupe, bien que peu bavard, offre cependant et partage pleinement ce moment avec son public. L'expérience fonctionne et la puissance évocatrice, physique et psychologique émanant des albums est décuplée en live.
Le groupe, malgré les années qui passent, livre un set impeccable, implacable et reste parmi les mastodontes incontournables du genre. On comprend également pourquoi (si besoin en était) il en aura influencé tant. Certains s'étonnent ou restent un peu sur leur faim lorsque les dernières notes retentissent et que les gaziers quittent la scène sans un mot pour ne plus revenir mais c'est aussi ça NEUROSIS et nous sommes déjà méchamment rassasiés, bien conscients d'avoir assisté à une excellente soirée.




(Review et Photos réalisées par Ciryl)

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