MONONC' SERGE & ANONYMUS + SLEAZY TOWN Paris le 19/11/24 (Le Glazart) Avant une tournée avec ULTRA VOMIT, quel plaisir de découvrir les cousins canadiens du métal parodique. Qui plus est avec mon acolyte Ted de W-FENEC qui m’avait lancé un " tu ne peux pas manquer ce concert, ils ne sont pas venus en France depuis près de 10 ans…". On se retrouve sur place sachant que la première partie est assurée par un groupe signé par M&O Music qui se trompe rarement en matière de hard rock, les amis de CHARCOAL ne sont pas chez lui pour rien… Concert au Glazart, lieu underground emblématique de Paris, cela faisait 20 ans que je n’y avais pas mis les pieds. En ouverture de MONONC' SERGE et ANONYMOUS, les Parisiens de SLEAZY TOWN n’ont pas simplement chauffé la salle : ils l’ont enflammée. Entre riffs acérés, rythmes galopants et une aura scénique indéniable, le groupe a livré une prestation magistrale qui n’a laissé aucun répit au public. La soirée démarre sur les chapeaux de roue avec " Machine Gun Rodeo ", un morceau percutant où les guitares de JJ Jaxx se mêlent à la basse tonitruante de Macabre pour créer une entrée en matière explosive. L’énergie brute du morceau a instantanément happé la foule, tandis que Andy Dean captivait les spectateurs par sa voix puissante et ses mimiques théâtrales. Le public n’est pas encore chaud et la salle se remplit doucement… La tension monte avec " Riding on the Hell Track ", où la batterie survoltée de Julian fait vibrer chaque centimètre carré du Glazart. Le groove irrésistible de " Six Minutes Before I Go " plonge ensuite l’audience dans une ambiance plus introspective, chaque note résonnant comme un écho de lutte intérieure. Le public est partagé entre se laisser tenter hocher la tête frénétiquement ou à aller se resservir une bière au bar. Avec " No Chains Around Me ", le groupe célèbre la liberté avec un refrain qui semble fait pour être hurlé en chœur. Puis, un changement d’atmosphère survient avec " Set My Heart on You ", une balade puissante. Le public, plus attentif, se laisse porter par cette intensité émotionnelle. La deuxième moitié du set prend une tournure résolument rock’n’roll avec " Living Like a Hobo " qui est dédié aux vétérans et " Bad Brains ", des titres aux riffs lourds et accrocheurs qui évoquent les influences sudistes du groupe. Macabre, en maître de groove, fait vibrer les murs avec des lignes de basse mordantes, déclenchant des têtes qui hochent frénétiquement dans la fosse. La question de la soirée est : " pourquoi un écusson auvergne sur sa sangle de basse ? ". Le mystère restera entier. Le point culminant de la soirée arrive avec " Sweet Old Memory ", un morceau mélancolique et puissant où Andy Dean dévoile toute l’étendue de son charisme, on pourrait juste lui reprocher le titre du " doigt pointé " à la Johnny mais c’est sa façon d’aller chercher le public. La setlist se termine en apothéose avec le titre " Young and Reckless " et " Mystic Religion ", deux hymnes aussi rugissants qu’entraînants, qui prouvent que SLEAZY TOWN maîtrise l’art de captiver son auditoire jusqu’à la dernière note. Le groupe n’a joué que quelques titres de son premier et double album sorti en avril dernier. Il aurait fallu certainement 45 minutes de plus pour qu’il le joue en intégralité, mais après une heure intense, les visages dans le public exprimaient une satisfaction totale (que le set s’arrête pour arriver à celui de MONONC' et ANONYMUS ou au contraire d’avoir passé un bon moment, voir même les deux ?). SLEAZY TOWN n’a pas simplement ouvert la soirée : ils ont imposé leur style, laissant leur marque au fer rouge sur cette nuit parisienne. Set-list : 1. Machine Gun Rodeo 2. Riding On The Hell Track 3. Six Minutes Before I Go 4. No Chains Around Me 5. Set My Heart On You 6. Living Like A Hobo 7. Bad Brains 8. Sweet Old Memory 9. Young And Reckless 10. Mystic Religion MONONC’SERGE, cela ne me parlait pas il y a de cela deux semaines… Ted, ami de la rédaction de W-Fenec me dit : " il faut que tu voies cela et pour les photos cela est vachement visuel… " Soit. Allons-y mais cékoidon… Serge est l’ancien bassiste du groupe LES COLOCS, qui a pris une route solo en 1997. Oui mais l’autre bout du " duo " ? Le groupe ANONYMUS est un groupe de métal / thrash de la Belle Province qui a vu le jour en 1989. 11 disques pour le premier, 9 disques pour les seconds et 3 disques en commun… Serge a ce soir troqué la soutane de curé pour la veste à patchs façon Bruce Dickinson. La légende raconte que la collision entre les deux entités a débuté en 2001 à l’occasion d’un festival lorsqu’ANONYMUS a rejoint MONONC’ SERGE sur scène pour faire une reprise métal du titre " Maijuana ". Quand les cousins québécois sus-nommés ont pris place, le Glazart était une petite marmite, le changement de plateau avait décuplé l’attente du public. Entre humour grinçant et déferlante de thrash métal, le groupe a livré une prestation aussi hilarante qu’énergisante. Présentant des morceaux de leur dernier opus " Métal canadien-français ", sorti deux semaines auparavant, ils ont démontré pourquoi leur alliance est légendaire et surtout pourquoi ils ont bien fait de revenir à la charge avec un nouvel opus. MONONC’ SERGE, l'infatigable trublion québécois, enflamme la scène avec un mélange explosif de punk, de métal et d'humour satirique. Dès les premières notes, l’ambiance était à la fête, entre rires complices et pogos endiablés. Tous les membres du groupe portent un bonnet rouge à la Cousteau… pourquoi pas mais surtout pourquoi ? C'est avec " Métal canadien-français " que le show démarre, plongeant immédiatement le public dans une ambiance de revendication musicale et culturelle. Ce morceau, véritable hymne au heavy metal québécois, a galvanisé la foule qui s'est mise à chanter en chœur bien que ce titre vienne juste de sortir. Le titre fait la part belle aux références à la culture populaire québécoise tout en pastichant le style de vie d’un métalleux. Une belle entrée dans la matière pour être tout de suite dépaysé. La voix de MONONC’ SERGE n’est pas au top au niveau du mix et il faudra 2 ou 3 chansons pour qu’elle ne soit plus masqué par les guitares. S’enchaînent ensuite des titres emblématiques comme " Les fêtes en enfer " et " La bataille du Vendredi Saint ", qui fait référence à un match de hockey entre le Canadien de Montréal et les Nordiques de Québec qui a eu lieu le 20 avril 1984 au Forum de Montréal. Serge nous traite de " PD avec vos matches de foot où on ne se castagne pas " contrairement aux vrais bonhommes se tapent sur la gueule avec poings ou crosses… Le public, déjà bien chauffé par SLEAZY TOWN, s’est laissé emporter par " Woodstock en Beauce " et sa retranscription moqueuse des festivals musicaux. Le morceau " Hommage aux hommages ", à l’ironie cinglante, a particulièrement fait mouche avec des paroles qui décochent un clin d’œil amusé à l'industrie musicale. Le groupe se moque ici des cover bands et fait un hymne à ceux qui rendent hommage, une introspection toujours dans la dérision un clin d’œil à GUNS N’ROSES avec le riff de guitare de " Sweet Child O’ Mine " et un clin d’œil au " Tribute " de TENACIOUS D. Les morceaux se succèdent, oscillant entre humour grinçant et hymnes festifs, comme l’incontournable " Shitty accent " sur lequel MONONC’ SERGE se moque de leur accent québécois quand ils parlent anglais, " mais toujours moins merdique que celui des Parisiens… ". Sur le titre " Un clown pour grand-pôpa ", issu de " Musique barbare " sorti en 2008, c’est la fête du slip, tout le monde troque son bonnet rouge contre un chapeau d’anniversaire, transformant les Jacques Yves Cousteau en sorte de Licorne à barbes biberonnés à IRON MAIDEN et DICKINSON… les photos valent le détour… mais les noms cités dans cette chanson son mon DICKINSON que Parkinson ou Alzheimer… on vous laisse le refrain pour la rigolade : " UN CLOWN POUR GRAND-POPA! (x2) / Un clown avec des baloune et qui s'apelle Ti-Zoune / Un clown qui entonne des tounes, des tonnes de tounes de clown / UN CLOWN POUR GRAND-POPA! ". Le québécois est une langue bien curieuse parfois… La fête du slip, c’est ce que nous disions : " La famille est rassemblée dans le foyer de vieillards/Pour la fête du mort-vivant ". On l’embrasse donc… Sur le titre " Moé mais en mieux " MONONC’ SERGE parle de la cocaïne qui parfois peut transcender : " Moi la magie que j’aime elle vient dans un p’tit sac. C’est une magie blanche qui fait qu’après ma dose, j’ai beau être poche je me sens comme un virtuose ". Thème qui sera complété plus tard dans la soirée par " Sac’oche " : " Des fois on va jouer en Europe. J’peux t’dire qu’là-bas y’en fument des clopes ! Y’en callent de la bière, y’en boivent du vin, y’en font de la poudre, y’en roulent des joints. Une fois j’ai voulu un petit remontant, ils m’ont apporté un miroir blanc. J’ai tout sniffé, qu’est-ce tu penses et puis j’ai crié VIVE LA FRANCE ". La tension monte avec " J'pue pas, j'sens l'punk ", véritable cri d'amour aux esprits rebelles, suivi de " J’parle vrai ", où MONONC’ SERGE rappelle, avec son style inimitable, que l’honnêteté brute a encore sa place dans la musique. Les spectateurs ont ri, chanté, et même dansé sur " L'âge de bière " que Serge lance sur sur " ah les crocro ah les crocro, ah les Kronenbourg… " et voici un festival de braillerie pour savoir qui montera sur scène pour boire la canette cul-sec. Nous avions échangé pendant le changement de scène avec une fille qui est bénévole au Hellfest et Motocultor, et c’est donc, elle, Laura qui gagne la bière gratos. " Dans Laura il a " eau ", pour la fin de la soirée, tu t’appelles Bièra ". Tout un programme. On a parfois l’impression que Mister Bean chante avec SLAYER en backing band et cela fait tout le charme du groupe (OK Mister Bean ne parle pas dans ces sketchs mais c’est une image). Les gens slamment malgré le plafond assez bas et le public peu compact mais on s’en moque, on pogote, on rit, on fait la chenille, on s’amuse. Vient le titre " Les patates ", une reprise bien connue des fans. Le titre est sorti sur le "« Mourir pour le Canada " en solo en 1998 et repris en mode Metal en 2003. Après avoir clôturé sa setlist principale avec " Bonne année ", le chanteur quitte brièvement la scène avant d’être rappelé par une foule (le Glazart est malheureusement loin d’être plein, mais MONONC’ SERGE s’en est moqué " pourquoi on ne fait pas le Zénith c’est parce qu’on aime être proches des gens ") en délire. Le rappel débute avec l'épique " Barbare ", un morceau où les guitares saturées rivalisent avec la voix rocailleuse de l’artiste. Enfin, MONONC’ SERGE conclut avec " Ogunquit ", une chanson qui a subi le même sort que « les patates » sur les albums solo puis en mode métal. Ce texte relate les déconvenues de Serge lors d’un voyage dans la ville éponyme au Sud de Portland. MONONC’ SERGE & ANONYMUS ont offert un concert magistral, à la hauteur de leurs réputations respectives. Les textes incisifs, portés par une musique énergique et des interactions chaleureuses, ont su fédérer un public conquis. Ce mélange de punk, d'humour et de métal ne fait que confirmer son statut d'icône québécoise incontournable. Une soirée inoubliable où l’absurde n’a pas laissé beaucoup de place à la poésie. Il est tout naturel de les voir bientôt en première partie d’ULTRA VOMIT avec une affiche bien plus cohérente que celle de ce soir. Set-list : 1. Métal canadien-français 2. Les fêtes en enfer 3. La bataille du Vendredi Saint 4. Woodstock en Beauce 5. Hommage aux hommages 6. Shitty accent 7. Un clown pour grand-pôpa 8. La ligue du vieux pouèl 9. Moé mais en mieux 10. J'pue pas, j'sens l'punk 11. J’parle vrai 12. Sa’coche 13. L'âge de bière 14. Les patates (MONONC’ SERGE métal cover) 15. Bonne année Rappel : 16. Barbare 17. Ogunquit 2.0 (MONONC’ SERGE métal cover) Merci à Ted (W-Fenec) pour la découverte et à Sev de Rage Tour pour les invits. (Review et photos réalisées par Djaycee) <<< Retour >>> |