MASS HYSTERIA + BETRAYING THE MARTYRS
Mondial du Tatouage 2018 le 09/03/18
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La première fois que j’ai vu MASS HYSTERIA, c’était pour le festival Rock à Paris en 1997, ils jouaient sous les gradins, sur une des scènes annexes, la scène TAMTAM (je vous parle d’un temps…), obligés de jouer arcboutés pour ne pas se cogner la tête sur le béton du stade. Ils ont ensuite ouvert pour Korn à Bercy en 200 puis je les ai croisés au Sriracha tour alors qu’ils venaient voir jouer LOFOFORA, WATCHA et BLACK BOMB A.
J’ai eu depuis, l’occasion de les voir à plusieurs reprises en tête d’affiche. Il y a chez MASS HYSTERIA une bienveillance qui est palpable sur disque mais encore plus sur scène. Leur " positif à bloc " est une réelle marque de fabrique. Le dernier album post Bataclan m’a permis de les retrouver après quelques années d’éloignement de la musique pour cause de maladie d’un proche. Et finalement c’est grâce à cette maladie -surmontée par de merveilleux experts qu’il faut ici saluer - team immunothérapie de l’IGR – que je me retrouve au mondial du tatouage pour revoir les MASS HYSTERIA. Finalement le fil conducteur "positif à bloc " est un mantra qui sert au quotidien. J’ai pu pendant, ces années de combats, rencontrer de superbes personnes.
Je m’attarde sur l’une d’entre elle, Alexia Cassar, sans qui, ce live report n’aurait pas pu être écrit. Cette femme est tatoueuse mais tatoue uniquement les femmes ayant subi une mastectomie je vous laisse découvrir son travail sur http://thetétonstattooshop.com/. Ce fut mon point d’entrée pour obtenir le Graal pour ce Mondial, une accréditation presse et je veux la remercier ici en début de live report et non en fin de report comme nous le faisons habituellement tant son combat est fort.
Les chiffres :
- Le Mondial du Tatouage accueille 420 artistes de 40 pays différents
- Plus de 140 000 visiteurs depuis 2013
- 242 tatouages présentés aux 8 concours en 2017
- 55% des Français considèrent que le tatouage est un art
- 1 jeune Français sur 2 est tatoué
- Plus de 700 artistes présents au mondial




Je ne vais pas vous cacher que je ne connaissais pas BETRAYING THE MARTYRS avant d’obtenir mon accréditation pour le mondial. Je croyais avoir laissé les coups de cœur de groupes à chants gutturaux dans ma jeunesse et je pensais qu’un set court permettrait de laisser plus de place à la tête d’affiche.
Et bien j’avais tort, et j’ai même trouvé le set beaucoup trop court.
Bloqués en Angleterre à cause d’une panne de bus, les BETRAYING THE MARTYRS ont fait leur balance à l’arrache dans le salon à l’horaire où ils devaient Initialement se produire.
" Lost for word " commence après une intro symphonique le titre se poursuit avec une double pédale alourdit l’ensemble mais le batteur a un. Le chant guttural entame le set comme sorti d’un long tuyau sombre dans lequel le public s’engouffre avec plaisir. Le chant clair vient se poser sur le refrain, metalcore deathcore peu importe le style, toujours est il que ce que joue les BETRAYING THE MARTYRS est salement efficace.
" Mad french band with a fucking roastbeef on vocals " telle est la définition d’Aaron de ce groupe qui ne laisse pas le public indifférent. Le titre " Man made disaster " de 2010 poursuit le set et la bio du mondial ne mentait finalement pas sur les qualités incendiaires de ce groupe qui oscille entre plusieurs styles sans se perdre dans un seul : " BETRAYING THE MARTYRS est l’un des plus gros représentants de la musique extrême française. Ils sont quasiment les seuls français avec GOJIRA à avoir fait connaître leur métal dans le monde entier. " Il y a du NAILBOMB du PARADISE LOST du LACUNA COIL sans le chant féminin, le chant clair étant néanmoins assez entêtant. Les claviers viennent pilonner les accords de guitare et la double pédale de Boris et la basse de Valentin achèvent ce tsunami métal.
Victor invective le public en français. " On va pas se mentir on a passé une journée épouvantable, ça fait que 5 minutes qu’ont joue mais je ne regrette pas d’être là ".
Le groupe est vener’ et enchaine sur " Wide awake " où Aaron demande au public de jumper. Le style se ferait presque Roadrunnerien avant que les claviers viennent pour un temps calmer le jeu. Les guitares reprennent la main et le public ne se fait plus qu’un seul homme sautant dans tous les sens. Les paroles du refrain de cette chanson sont en eux-mêmes une description du style du groupe : " Forty days, forty nights we live our dreams wide awake / We go harder / Can't stop, won't stop / Can't stop, won't stop " où Victor au chant clair survole la musique avec maestria et Aaron tel un pillier des allblacks vous met à terre sur " We go harder/ can’t stop ". Victor remet les bouchées doubles au niveau des invectives au public et on sent vraiment le groupe vener, comme si la journée de merde qu’ils venaient de passer décuplait leur énergie sur scène.
Le titre " Résilient " a été composé après les attentats terroristes de 2015, le refrain est certainement la meilleure définition de la résilience sous le chant guttural d’Aaron : " You may bend us, but will not break us / Resistant, persistent / You cannot end us, you will not take us / We are the resilient ". Et Victor de continuer de plus belle : " They try to break us down, but we stand strong / We take the fall, we take the impact / They'll never break us down, now we stand strong / Absorb the force, we bounce right back ". Effectivement ils absorbent la force et leur remettent dans la gueule. Le chant de Victor se fait moins aérien, plus incisif et vient taquiner Aaron dans les graves. Ce refrain n’est pas inconnu du public qui le reprend en cœur, au grand plaisir du groupe qui semble oublier la panne de bus. Aaron de lancer un" Si je ne me trompe pas ‘wall of death’ se dit de la même manière en français ", en anglais dans le textes. C’est Victor qui fait le décompte et tel Moïse refermant l’espace qui séparait les deux côtés de la scène ; il est évident que la halle de la Villette s’en souviendra et sur quelle chanson !
" Unregistered " avec encore une fois un double chant percutant, Aaron qui assène les coups et Victor qui calme le jeu pour que Aaron puisse nous reprendre d’un uppercut violent. Cette dualité est également perceptible dans les textes. Aaron décrivant la situation de manière très noire et Victor sur une certaine vision utopique. Aaron : " Block out the sun, sweep the dirt under the rug / Throwing shadows burning bridges between us ". Victor : " There's a fire in the earth that we need to cross / But they're burning down the bridges between us / Lock your fingers with mine, let our hearts beat in time / Build bridges within u ". Victor se fait littéralement porter par la foule une fois le Wall of death refermé pour asséner le refrain. Je pense que le groupe a pu se défouler suite à leur journée pourrie et commence enfin à profiter.
Le set se termine par " The great disaster " et la dualité entre les deux chanteurs se poursuit l’ange et l’ange déchu. Aaron guttural, terre à terre, et Victor optimiste mais le nihilisme prend le dessus " I ve been so fucking blind ".
La première claque de la soirée se termine ici et je dois dire que je pensais shooter une dizaine de photos et rejoindre mes amis exposants mais je suis resté devant la scène pendant tout le set avec même un goût de trop peu. Il nous manque réellement un magazine musical comme Kerrang en France avec une ligne éditoriale claire et qui permet de belles découvertes comme celle-ci.
Un album live vient de sortir et je ne peux que vous conseiller de l’écouter pour vous rendre compte de la force du groupe en live.

Set-list :
- Introduction
- Lost for words
- Man Made disaster (Absente de la set list)
- Wide awake
- The resilient
- Unregistered
- The great desillusion



MASS HYSTERIA arrive :
" Salut les furieuses, salut les furieuses !
Salut les tatoueurs, salut les tatoué(e)s !
Salut les rockeurs, salut les rockeuses ! " lance Mouss avant de lancer le set par « Positif à bloc » qui est repris dès les premières mesures par la foule. Ma cure de jouvence commence maintenant destination mes 18 ans.
MASS HYSTERIA se caractérise par cette musique métal mais avec des paroles positives.
" World on fire " issu de l’album " Failles ", Mouss stigmatise en intro les trois derniers présidents avant le début de la chanson. Le refrain est toujours aussi efficace et presque 10 ans après le n’a pas pris une ride :
" Ne laissez pas la haine du système
Ne laissez pas la haine s’installer !
Ne laissez pas la haine du système
Ne laissez pas la haine s’exprimer ! ".
C’est l’alchimie furieuse de MASS HYSTERIA qui rend le public encore plus bouillant que pour BETRAYING THE MARTYRS. Ce qui est assez étonnant c’est qu’il y a de tout âge et pas uniquement des simples visiteurs du mondial, les t-shirt Mass Hysteria sont assez nombreux.
Mouss nous indique qu’il ne devait pas y avoir de concert avant le prochain album mais après avoir décliné deux fois ils n’ont pu refuser l’invitation de Tin-Tin. " Nous faisons juste de l’animation ", mais Mouss se trompe ils sont des incendiaires, ils mettent le feu à cette grande halle.
Les premières notes de " Vae Soli " inondent déjà la verrière de la Villette que le public saute déjà partout. Cette locution latine qui signifie " Malheur à l'homme seul ! ". Les paroles de Descartes sont ici inversées " je suis donc je pense, j’ai choisi la joie comme vengeance ".
" N'oublions jamais que nous faisons partie / De ceux qui bouffent la vie ! / VAE SOLI !! " et personne ne viendra contredire le sage poète du métal qu’est Mouss. " Notre complot " titre lui aussi tiré du dernier album ne laisse ni le groupe ni le public respirer. Et ce n’est pas les paroles de cette chanson qui viendraient me contredire : " Ce sont les cinq sens que l'on cible / Que des flèches autour de moi ! / À cela rien d'impossible / L'amitié est un carquois ! / Ce sont les cinq sens que l'on cible / Que des flèches autour de moi ! / À cela rien d'impossible / L'amitié est un carquois ! ". A l’heure où dans d’autres salles les photographes auraient été remerciés et priés de déguerpir du devant de la scène, un grand merci au groupe et à l’organisation qui nous laissent profiter de ce concert aux premières loges.
" Qu’est-ce qui fait une vie ? une somme de détails ! Quels sont les détails ? La musique, l’amitiés, l’amour, la coolitude, la littérature, les voyages, la famille. Nous sommes une somme de détails ". Je ne pensais pas que ce titre éponyme puisse encore avoir encore cette puissance sur scène. Retour sur le dernier album avec chien de la casse, titre épidermique à la suite des propos de Hollande sur les " sans dents ". Ce titre est joué en un seul souffle." Qu’est-ce qu’on est bien entre nous ! " crie Mouss à la fin de cette chanson. " On nous a dit qu’on n’avait pas le droit mais quand on nous dit cela, ça nous motive à faire l’inverse. On va faire le plus beau cercle pit du mondial ".
Accompagné de Jamie, Mouss traverse la foule pour aller se placer au milieu de la salle et initier le cercle pit. Fred et Yann ont la scène pour eux et en profitent pour la traverser avec des riffs de malades et c’est bien pour cela que la chanson s’appelle " P4 " pour les réformes du services militaires pour problèmes psychologiques sérieux. Tout le public devient dément et tourne autour du bassiste et du chanteur.
Le temps de remonter sur scène et voici déjà les premières boucles de " Contraddiction " résonnent dans la halle de verre. Ce titre me rappelle mes années de lycées et les tirages de bourré avec mon voisin à celui qui irait le premier toper cet album chez le disquaire car c’était L’ALBUM à posséder en 1999. " Quand on arrête les concerts depuis plusieurs mois on tire un peu la langue … " mais non ils en ont encore sous le pied.
Le groupe poursuit avec un autre type éponyme " Failles " qui fait autant d’effet sur la foule que le précédent. Ce titre n’est pas une Madelaine de Proust et je suis moins chaud que sur le précédent.
Dans le public on croise des tatoués, des non tatoués des jeunes des vieux des enfants. Les MASS savent rassembler tout type de personnes. " Tout doit disparaître " issu de l’armée des ombres entraînent des claps du public sur les samples sur le refrain " tout doit disparaître, préparez-vous ". Mouss remercie les BETRAYING THE MARTYRS d’être venus assurer la première partie malgré les galères.
Le public s’enflamme mais c’est sans compter " Plus que du métal " co composé avec Marc d’ANIMALSON, le groupe pose ses riffs acérés sur les samples et la foule ne peut répondre que présente lorsque ces paroles raisonnent : " L’unité dans l'ivresse, est-ce que vous êtes prêts / pour le wall of death ? / c'est plus que du métal ! ". Les personnes n’ayant pas pu prendre part au cercle pit se pressent pour ce wall of death.
Le groupe enchaine ensuite sur " l’enfer des dieux " et dès les premières notes, le public se lâche. " Ce morceau est dédiée à toutes les victimes du bataclan et du terrorisme ". Mouss entame la chanson par cette dédicace, sur un temps mort de la chanson, il va chercher son fils le prend dans ses bras " c’est ça ce qu’ils essaient de nous prendre ces fils de pute, ces ordures ", moment fort de la soirée.
Comme disait ma grand-mère : " profite de tout, n’abuse de rien, tout est poison ". Il n’en faut pas plus pour embraser le public qui ne semble pas fatigué. Du côté de la presse, nous avons de l’espace mais le public est compact et cela pousse, slamme. Petite nouveauté les slammers ont désormais des go pros pour filmer leur slam ; même les vigiles sont étonnés et sortent leur plus belle grimace pour la réception des slammers.
Vient le temps du rappel et c’est le Medhi, le boss de Verycords qui prend le micro pour annoncer que MASS HYSTERIA rentre dans le club très privé des groupes de métal à avoir vendu plus de 50 000 exemplaires d’un disque.
Et oui ! " Contraddiction " est disque d’or, les ventes boostées par la réédition en vinyle de cet album culte permettent à MASS HYSTERIA d’obtenir cette petite consécration, je sens les mecs émus même s’ils tentent de dédramatiser le moment " de toute façon c’est le seul que nous aurons ", " mais c’est trop grand pour mon chiotte " ; l’accolade entre les trois artistes encore dans l’aventure soit Yann, Raphaël et Mouss, nous dit le contraire tant elle est chaleureuse et pleine d’émotion. Mouss remercie le public car ce n’est ni grâce aux télés ni aux radios que le groupe a pu vendre autant de disque de cet opus.
Le temps de la photo souvenir pour immortaliser le moment, même si une première remise avait été faite avec l’immense Didier Varrod que je connais beaucoup plus pour son excellent gout de la variété au sens noble et de la pop que pour ses accointances avec le monde du métal – cela ne fait que confirmer tout le bien que je pense de cette personne. Didier Varrod a été à la tête du label Yelen et a signé de nombreux groupes dont les MASS HYSTERIA et TRYO.
Le groupe entame son rappel avec " donnez-vous la peine " morceau de 1995 issu du premier album. Malgré cela, le public connait les paroles par cœur. Quelques mesures d’une reprise de SLAYER pour permettre aux furieuses de venir danser sur scène, Mouss en avait convié 3 ou 4 mais c’est quasiment 40 danseuses qui sont sur scène, empêchant presque le groupe de jouer.
Les furieuses redescendent et c’est le moment de " Furia " morceau qui clôture depuis quelques années tous les live de MASS HYSTERIA. Le public n’en demandait pas tant…
Le set se termine au bout de quasi deux heures de set, ce qui pouvait paraitre être une simple animation est en réalité un vrai concert, les MASS se sont donnés à fond et le public aussi. Un seul regret, pas de nouveau morceau mais cela nous donnera l’occasion de les revoir à la sortie de l’album.

Set-list :
- Positif à bloc
- World on fire
- Vae soli
- Notre complot
- Une somme de détails
- Chiens de la casse
- P4
- Contraddiction
- Failles
- Tout doit disparaitre
- Plus que du métal
- L’enfer des dieux
- Tout est poison
Rappel :
- Donnez-vous la peine
- Respect to the dancefloor
- Furia



Un grand merci à Esther, Tin-Tin, ma bagnole, Alexia, aux BETRAYING et aux MASS HYSTERIA pendant et après ce mondial.
Merci à Fred et à Verycords.


(Review et Photos réalisées par Djaycee)

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