Anniversaire Midnight Special Records :
Michelle Blades + Kumisolo + Laure Briard

Paris le 18/10/17
(La Maroquinerie)


Tous ceux qui aiment la pop francaise au sens large connaissent sans aucun doute ce label indé qui a dans son catalogue de nombreux noms d’artistes montants (Cléa Vincent, Michelle Blades, Laure Briard, etc.) ou des plus anciens qui ont déjà roulé leurs vinyles depuis plusieurs années (notamment Kim, et ne nous trompons pas, s’il est chez ce label c’est bel et bien que le côté Indie est bien présent). Le label fête ses 6 ans - ce qui, soit dit en passant, pour une structure associative culturelle est déjà un bel exploit – et a choisi la maroquinerie et sa salle par pallier pour souffler ses bougies.



La première artiste à monter sur scène est Laure Briard, passée par TRICATEL. Son second LP sort sur Midnight SPecial records et le label a participé au processus d’enregistrement. C’est ainsi sans surprise que nous retrouve un " all star band " derrière Laure. Cléa Vincent aux claviers, Rapahael Léger à la batterie, Marius à la guitare et Victor à la basse.

Laure commence par " Droit dans les Yeux " qui tout comme sur son LP est une sorte d’intro à " Que reste-t-il ? " et nous entrons dans une sorte de pop yéyé mélangée à de la pop psyché comme si Francoise Hardy avait mis les doigts dans la prise. Laure enchaine ensuite sur le titre éponyme de son LP. Les claviers portent la voix sur l’intro mais la basse et la guitare les rejoignent sur une partie plus spoken word et moins chantée, comme si " sur la piste de danse ", l’alcool faisait plus chalouper la chanteuse que le rythme de la chanson. Les claviers reviennent, isolés magré le tourbillon sonore, comme pour finir cette danse qui aurait mal tourné.
Le groupe enchaine avec " Le roi du rock and roll " très 60ies. Le groupe fait penser ici à " Vanessa & the O’s " et son titre " Bagatelle " en remettant au goût du jour un genre populaire. Vient " Dalida " pour une chanson tout en paillettes mais uniquement de façade car le backing band se fait plus rock, la voix de Laure ne dépaillerait pas sur une compil’ de " Gainsbourg fait chanter les femmes ". Cette Dalida là est dévoyée, mal menée par la batterie qui tape et les riffs de guitare, comme prise dans un tourbillon qui la dépasse. La version live est beaucoup plus rock que la version synthétique du LP et le public ne s’y trompe pas.
Le groupe décide ensuite de jouer à " Chat " toujours en accords de piano chaloupés. Ce jeu du chat et de la souris nous permet un intermède ludique avant la chanson " je vole " également chaloupée, allant chercher de la samba brésilienne, vestige de la mini tournée en amérique du sud que la chanteuse a réalisée avec Cléa Vincent. La musique pop cache néanmoins des textes sombres " j’ai peur de vieillir ", " sans toi rien n’est pareil "… Cette chanson a beau transformer la chanteuse en oiseau, le poids de la rupture alourdit ses battements d’ailes. La chanson " Dreams " revient plus rock yéyé, ce titre ouvre son EP " Sorcellerie " et l’analogie avec Vanessa & the O’s est encore présente. L’artiste nous livre un titre rock psyché aux influences 70ies. On retrouve un peu la naiveté de la voix de Francoise Hardy avec un rock sentant le Jack Dan influencés par les WHITE STRIPES.
A ce moment là, le public se dit que c’est l’anniversaire de Midnight Special Records mais que les cadeaux sont pour nous et nous en profitons. " Les pins des Landes " nous ramnènent en France avec une basse ronflante. Ce titre issu également de l’EP " Sorcellerie " est lui aussi emprunt de nostalgie et de tristesse douce, " je suis bien quand je ne réfléchis à rien ", un laisser aller que le public s’accorde également sur ce titre plus lent. Laure revient sur son aventure dans le label indé do it yourself et remercie Michelle, Benoit, Marius et Victor. Elle enchaine tout de même sur " Egoiste " sortie en 2015 sur Burger Records et nous avons du mal à la croire égoiste après les remerciements qu’elle a fait à son équipe et ses musiciens. " Révélations " vient clôturer le set de manière rock avec un rythme plus enlevé moins yéyé. Le groupe se lache sur un jam psyché.
Je suis assez content d’avoir été invité à cet anniversaire car je découvre des artistes mais surtout une famille autour de ce label.
Laure Briard laisse alors la scène pour une artiste proche du label mais qui est elle-même signée sur Alter K.



Set-list :
1. Droit dans les yeux
2. Que reste-t-il
3. Sur la piste de danse
4. Le roi du rock&roll
5. Dalida
6. Chat
7. Je vole
8. Dreams
9. Les pins des landes
10. Egoiste
11. Révélation


J’avais manqué KUMISOLO au Festival Les femmes s’en mêlent et cet anniversaire est l’occasion de rattraper le coup. La Japonaise, francaise d’adoption est souvent appelée la Francoise Hardy japonaise. Ce deuxième set sera donc dans la lignée pop 60ies de celui de Laure Briard.
La " tête ailleurs " nous invite à " voyager sans bouger ", et nous suivons l’artiste franco-japonaise dans ce tri pop. Raphaêl Léger est resté derrière les futs et le groupe est complété par Nico Lockhart (basse), et Romain Dejoie (guitare) pour former les Kungs fu boys. Kumi continue avec " Pop Girl " qui annonce la vouleur. Pas de tromperie sur la marchandise le public a donc à faire à une vrai pop song. Le mince accent japonais donne une saveur fraîche aux chansons de Kumi. La chanson " Ping Pong Machine " porte elle aussi bien son nom, le rythme est plus soutenu. L’esprit de famille est là. Nico est également dans l’équipe de Fishbach et on se rend compte que toute le rock indé francais n’est en fait qu’une grande famille, réunie à la maroquinerie ce soir. " Danse music " délaisse son francais d’adoption pour revenir dans sa langue natale, le titre issu de l’abum " My love for you is a cheap pop song " réchauffe encore l’atmosphère.
La chanson " Transport en commun " tirée de son EP " la Femme japonaise " décrit avec beaucoup de malice les désagréments des transports français ou comment faire d’une contrainte une chanson pop. Le titre " Chapardeuse " issu du même EP et initialement chanté avec Rcky Hollywood signé sur le même Label que Kumisolo. Nico Lockhart remplace alors Ricky pour relater la kleptomanie de la chanteuse dans le micro que Kumi lui tend. La chanson " Tous les jours " est dédiée à tous ceux qui ont des enfants, a priori seule la chanteuse et moi… très belle chansons sur le quotidien et la maternité et la paternité. ce titre présent sur son LP " Kabuki Femme fatale " démontre la maternité ou la paternité peuvent épanouir les artistes. Grand étonnement, Kumi sort sur " Voyage " une flûte traversière. Ce titre issu également de son dernier LP se fait japanisant dans les vocalises. Elle enchaine avec « Ce soir » après s’etre assurée que le public avait assez de place pour danser le twist. Effectivement, la chanson a le mérite de nous entrainer à nous déhancher. Vient ensuite le tant attendu " Kabuki femme fatale ", lui aussi très dansant et titre éponyme de son dernier LP, suivi ensuite " automne joli " composé par Cléa Vincent et Raphaël Léger ; on vous parlait d’une famille rock indé francaise, elle existe et cet échangisme entre chanteurs et musiciens permet de fructueuses collaborations.
La chanteuse franco-japonaise nous surprend aussi avec une recette de " fondant au chocolat " chantée issue de son livre de cuisine accompagné d’un CD. Occasion de faire souffler à Victor la bougie des 6 ans du label sur ce qui est malheureusement un… muffin. Le set se termine sur un " Kung fun boy " qui ressemble à un " Eye of the tiger " avec des prises de karaté sur le refrain et des " Ouh Ah " comme si elles étaient réellement exécutées. La flûte traversière est aussi présente sur ce morceau malgré son côté très rock.
Kumisolo est partout où on ne l’attend pas mais on comprend tout à fait qu’elle soit à l’affiche de cette soirée qui est finalement un mini festival.



Set-list Kumisolo :
1. La tête ailleurs
2. Pop Girl
3. Ping Pong Machine
4. Danse Music
5. Transports en commun
6. Chapardeuse
7. Tous les jours
8. Voyage
9. Ce soir
10. Kabuki femme fatale
11. Automne Joli
12. Fondant au chocolat
13. Kung fun boy


Je ne vous cache pas que ce qui m’a poussé également à venir faire un live report de cette soirée est Michelle Blades. Cette artiste touche à tout (et toujours avec réussite), et outre le fait d’enrestrer des disques sous son nom, elle est également photographe, graphiste et accessoirement la bassiste de Flora Fishbach. Michelle sera ce soir à la guitare et entame son set par Politic. Elle nous projette dans un rock qui a oscille entre la britpop musclé des Kinks ou le psyché des Doors. Son backing band n'est pas non plus inconnu puisqu'il est constitué de Pilou, Victor, Marius et Alexandre Bourit à la guitare. Bref l'américano panaméenne a constitué une équipe de choc pour travailler son set et Fishbach a embarqué cette dream Team sur sa tournée.
Le premier titre est enchainé avec " Behind the black " sorte de jam rock dont chacun des musiciens connaitrait à la micro note sa partition. Une seconde de répit et Michelle annonce " I Went to your party " et le rock se fait plus lent mais pas moins intense. Nous avons désormais complètement quitté le yéyé pour le rock 70ies, à la lisière du punk. Michelle se fait chef d’orchestre donnant le tempo, les musiciens quasi en improvisation derrière les riffs de Michelle. La voix de Michelle se fait urgente. Michelle annonce " Dr Psych sur la plage " alors que la " party " précédente n’est pas encore terminée. Les riffs sont toujours incisifs, la batterie et la basse lourdes accompagnant la guitariste. Les riffs s’étendent, le temps ne compte plus ; la distorsion est le nouveau maitre étalon du temps. Le temps comme les riffs se distord.
Michelle annonce une chanson " écrite pendant les balances " et cela confirme toute l’urgence de ses chansons. Les musiciens la suivent comme s’ils l’avaient déjà jouée 100 fois. Michelle prend des risques car aucune des chansons jouée ce soir n’est encore sur CD ou vinyle mais le public est emporté par cette vague de riffs et cette voix. C’est en Pistolero que Michelle nous entraine dans son monde, c’est un braquage en bonne et due forme, tout le monde est captif de ses riffs. Le titre " Kiss me on the mouth " ne semble pas tolérer un refus et dire qu’il n’a été écrit que quelques heures avant… Suit le titre " Acid on the hillside ", après le baiser de la chanson précédente, il est normal de se faire un peu d’acid. Marius et Alex sont autorisés à se faire une sieste pour que seule la section rythmique soit sous les effets de l’acid. " Ring " nous sort de la torpeur des mondes parallèles pour un retour au rock plus brut et moins atmosphérique. Michelle emprunte aussi au folk type americana. Les Ring Ring comme un téléphone entêtant dont personne ne prend la peine de répondre est ensuite couvert pas de superbes riffs de guitare. Le " Dr Psych " qui suit est en fait Marius qui derrière les claviers a mis une blouse de savant fou. Et c’est ce qui nous attend sur ce road movie Psychédélique. Les claviers sont empruntés aux maisons hantées et servent la voix perchée de Michelle. Il est évident que personne n’aimerait tomber entre les mains de ce Dr Psych…
Il est temps d’un " Quick Fuck " langoureux, moins abrasif qui annonce le dernier morceau " Time and water " et nous aimerions dans le public que le temps s’arrête pour nous permettre de continuer le concert de Michelle. La chanson semble assener un refrain " summertime solitude " mais il est certain qu’avec autant de talent et la famille Midnight Special records qui l’a accueillie alors qu’elle était étudiante, Michelle n’a aucune raison de ce sentir seule.



Set-list Michelle Blades :
1. Politic
2. Behind the black
3. I went to your party
4. Dr Psych sur la plage
5. Piripiri
6. Kiss me on the mouth
7. Acid on the hillside
8. Ring
9. Dr Psych
10. Quick Fuck
11. Time and water


La salle de la Maroquinerie se vide peu à peu pour que nous puissions investir le bar où Cléa et Kim ont déjà mis l’ambiance à coup de Gotainer ou autre chanson vintage des années 80 ou 90. La légende veut qu’il y aurait même eu une chenille…
Belle façon de finir cette belle soirée d’anniversaire.



Merci à Midnight Special Records (Victor, Marius, Benoit, Michelle) à Alter K (Pascaline) pour leur confiance.
Merci aux artistes : Cléa, Michelle, Raphael, Laure et Kumisolo.
Merci à la Maroquinerie.


(Review et Photos réalisées par Djaycee)

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