Bordeaux-Cenon le 31/10/24
(Le Rocher de Palmer)
En cette soirée du 31 Octobre, soirée d'Halloween, il fallait faire un choix. Il fallait choisir entre le plaisir de refiler des choux de Bruxelles emballés dans des papiers de Ferrero et des bonbons au piment aux mômes du quartier ou aller trainer mes vieux os du côté du Rocher de Palmer pour assister au concert des Angevins de HINT et des Bordelais de MARS RED SKY. Dans un élan d'incorrigible bienveillance, j'ai choisi de faire route pour Cenon afin de me jeter une rasade de bon son dans les cages à miel. Tu te doutes bien que le choix fut toutefois bien cornélien. Tant pis, les mômes attendront !
Arrivé sur place, je suis surpris par la foule qu'il y a ce soir. Jamais vu autant de monde ici, c'est blindé..., mais je vois alors que CHINESE MAN joue également ce soir, dans la grande salle du Rocher, alors que les amateurs de noise et de stoner sont invités à se diriger vers le Salon de musique, salle à la capacité plus restreinte. A l'évidence, l'électro hip-hop fera davantage recette ce soir que le rock'n'roll. Nous, on s'en fout, on aime les guitares saturées.
Contrairement à ce que pouvait laisser penser initialement l'affiche, c'est HINT qui ouvre la soirée, laissant ensuite aux locaux le soin de poursuivre et conclure la soirée.
Inutile d'y aller par quatre chemins : HINT, j'ai toutes leurs galettes, j'adore, et depuis un moment déjà. La dernière fois que j'avais eu l'occasion de voir le duo en live, c'était en 2017, sur la scène du Sans Réserve de Périgueux. J'avais pris une beigne. Depuis, pour la Gironde, les occasions de les chopper ont été très limitées. Le groupe sort peu, au gré des envies, des sollicitations et des dispos de ses membres. En effet, les compères ont d'autres occupations (LA PHAZE, entre autres, pour Arnaud). HINT, c'est le truc 100% plaisir, sans pression : se retrouver, partir de temps à autres sur la route pour revoir des tronches connues et faire braiser les lampes des amplis vintages pour envoyer du son sur scène. 30 piges que ça joue, 26 depuis la sortie de leur dernier album (" Wu-Wei "), tu sais ce que tu vas trouver, il n'y a pas vraiment de surprise, rien de neuf mais on s'en fout et on vient presque pour ça. HINT, c'est la petite madeleine de Proust. Tu viens réécouter en live les morceaux que tu adores... et tu kiffes.
Tous les " classiques " y sont : les envoûtants " Mr Investigator ", " 100% White Puzzle ", le punk " Flexible ", le Zorno-BUNGLE-ien " Unlocked ", les hypnotiques et/ou abrasifs " The Process " et " Limitless Space "..., la track-list est aux petits oignons et embarque l'auditoire des premières notes au dernier larsen. La musique du groupe est toujours aussi intense et profonde, envoûtante, berçant tantôt, chahutant parfois. Elle transporte, au gré des mélodies, des rythmes ou des images projetées qui défilent en fond, aussi hypnotiques que la musique. Et si les années passent laissant inexorablement quelques traces, ponctionnant quelques points de vie et pourcentage d'énergie pure, la magie opère toujours. Arnaud alterne avec aisance guitare, samples, sax et chant quand Hervé assure guitare, basse et chant.
Au final, HINT c'est ça. C'est une époque que le duo vient te rappeler, faire revivre en ré-animant ses morceaux sur scène, aux hurlements de Mrs Mustang-Jazzmaster & Co. Ils ne viennent pas te vendre de nouveauté, juste te refaire kiffer sur des morceaux que tu aimes ré-entendre, et ça fonctionne tellement bien.
Vient ensuite le tour des locaux de MARS RED SKY, qui se sont affirmés au fil des années comme un groupe incontournable de la scène heavy-rock-stoner, de prendre possession de la scène. Ce soir, le groupe joue à domicile, en terrain conquis, devant son public, devant nombre de potes. La foule est plus dense dans la salle, ils sont venus nombreux pour supporter le combo de stoner psychédélique.
Je ne vais pas te mentir, je ne suis pas un grand spécialiste de MRS. Je ne connais pas bien leur production discographique (5 albums + 6 EP’s) et je ne les ai jamais vu sur scène. Je découvre donc, en quelques sortes.
Petite intro douce, un son noyé dans la reverb’, comme venu de loin et " BIM ! ", gros son. C'est lourd, c'est lent, c'est fuzz. Ca avance au rythme d'un pachyderme, option rouleau compresseur..., c'est du gros stoner quoi. Pourtant, MARS RED SKY a cette particularité d'opter pour un chant clair, mélodique, éthéré, qui tranche au milieu de la production stoner actuelle où la « norme » est le chant gras, concentré de testostérone. Ici, que nenni l'ami, la voix de Julien Pras (guitare) contrebalance les rythmiques lourdes de la batterie et le son gras de la basse. Elle contraste et apporte à l'ensemble une teinte bien singulière qui emporte l'auditeur dans des espaces trop rares dans la scène stoner. Elle insuffle aux guitares sauce fuzz-octaver-pitch-phaser un complément d'âme et ajoute un contre-poids aérien appréciable. La musique de MARS RED SKY sonne comme la bande originale d'un voyage à travers des paysages énigmatiques, comme coincés entre l'espace et le temps. La finesse mélodique bataille à la lourdeur rythmique.
Le groupe déroule un set dense devant un public conquis et acquis durant une bonne heure et demi (rappel compris) avant de conclure une soirée fort réussie pour les amateurs de gros rock planant.
On rentre rassasié et ravi.
Merci à Jimmy, 3C Tour, HINT, MARS RED SKY et le Rocher de Palmer pour cette soirée au poil.
Review et photos réalisées par Ciryl