MADAME ROBERT + JC & THE JUDAS + FANEL
Saint Emilion le 27/07/19
(Le Club Ephémère)


Ola l'ami ! Alors, une fois n'est pas coutume, cette chronique sera un peu différente. En effet, ce soir il y avait bien concert mais j'étais parti comme simple spectateur, à la cool, avec famille et amis, sans objectif de chronique mais, la soirée avançant, je me suis dit que l'évènement méritait largement quelques mots. Outre l'excellent concert, il faut que je te cause d'un lieu, une initiative, un projet : Le Club Ephémère.
Projet initié il y a désormais 4 ans par un couple un peu fou (Marc, viticulteur et musicien, et Nathalie, spécialiste du territoire local et de son histoire), passionné de son terroir, comme on dit dans le coin, et de musique. Un jour, leur a pris l'envie de faire cohabiter tout ça : bon boire, bon manger et bonne musique. L'envie de créer un lieu où les jeunes et moins jeunes du coin pourraient profiter d'un évènement culturel au vert, chez eux, au milieu de leurs vignes, dans leur jardin, dans leur chai. Comme ça, simplement, à la bonne franquette, authentique et sincère. Juste le goût du plaisir partagé.
Depuis maintenant 4 saisons, le Club Ephémère propose 3 à 5 dates, de mai à fin juillet, où les amateurs peuvent déguster des produits triés sur le volet (locaux pour la plupart), solides ou liquides, tout en profitant gratuitement des prestations scéniques de groupes tout aussi méticuleusement sélectionnés. Lors du " grand soir ", soirée de clôture de la saison, on y retrouve également une compagnie de théatre en fin d'après-midi et des jeux en bois pour les gamins, et différents stands (disques, produits artisanaux...). L'ambiance y est toujours décontractée et chaleureuse.
Au début, l'endroit était assez confidentiel, réservé à ceux qui savent. Puis doucement, le bouche à oreille opérant, le travail acharné du couple a fait son nid et n'a cessé de croître au fil des 4 saisons. Ils ont rapidement été rejoints par les amis, l'entourage, séduits et pris au jeu d'une volonté d'offrir un bon moment de musique et de bons produits dans un endroit parfois (trop) endormi. Un truc différent, autre que l'attrait touristique dont profite déjà la cité médiévale mondialement célèbre et reconnue pour la qualité de ses vins. Les groupes et le public ont suivi et le succès monte crescendo.
Après avoir vu passer au fil des années les DIE CABINE, SOFIAN MUSTANG, DÏE MORG, PETIT VODO, RUFUS BELLEFLEUR et d'autres encore, ce soir Le Club Ephémère offrait, une fois de plus à son public une belle affiche réunissant FANEL, JC & THE JUDAS et MADAME ROBERT pour ce " Grand soir " 2019.

Pour ce qui est du son, le coup d'envoi est donné, comme prévu, à 19h. Le ciel est avec nous puisque la pluie qui est tombée toute la journée et qui menaçait un peu l'évènement a décidé de prendre congés il y a quelques minutes. C'est FANEL qui a pour tâche d'ouvrir la soirée et de chasser la grisaille et les orages encore menaçants. Le groupe s'en acquitte brillament avec une musique soignée, délicate et élégante. Une sorte de pop électro teintée de world musique au fort accent du soleil levant. FANEL mixe les influences et les cultures anglo-saxonne et japonaise pour offrir à l'auditeur une musique lumineuse à la fois puissante et fragile. Le tout est exécuté de façon remarquable par des musiciens talentueux et porté par la voix douce et envoutante de Béra, également entendue au sein de RUFUS BELLEFLEUR. Un beau moment et une belle façon d'ouvrir cette soirée.


© Photos par Le Club Ephémère

C'est ensuite au tour de JC & THE JUDAS de prendre possession de la scène et de poursuivre la montée en température de la soirée. Le combo bordelais s'exécute et délivre un rock-folk psychédélique empreint des 70's plein d'énergie. Le public, bien que déjà assez nombreux, est encore un peu timide, c'est l'heure de l'apéro et du repas, et certains prêtent davantage attention au mets et vins proposés qu'au son distillé, mais ça fonctionne malgré tout. L'ambiance " bouge ton boule " est chaleureuse et bon enfant. Les morceaux s'enchaînent au rythme des guitares crunchies, des basses/batteries groovies et du chant déchainé. Ca fonctionne, ça le fait.


© Photos par Le Club Ephémère

La mayonaise prend doucement mais sûrement et c'est désormais au tour de MADAME ROBERT de faire son apparition sur la scène du Club Ephémère. Si le groupe est un nouveau venu sur la scène hexagonale, ses membres sont, eux, issus de millésimes plus anciens. On y retrouve, entre autres, Reuno, l'inimitable vocaliste au charisme électrique de LOFO, ou la section rythmique des mythiques PARABELLUM. Ca promet !
MADAME ROBERT tire son blase d'une chanson de Nino Ferrer, une des références du groupe, aux côtés de Dutronc et Mitchell pour la gouaille et les textes, alors que pour la musique, les influences sont davantage du côté de la soul et du légendaire label Stax, ou de Wilson Pickett (à ne pas confondre avec Nelson Piquet (ou Piket)). C'est un excellent mix de tout cela que déploie le groupe avec une énergie communicative. De la soul, du rythm & blues et du rock'n'roll, voilà le programme de MADAME ROBERT. Le groupe débute le set avec " Comme De Niro ", morceau qui ouvre également l'album de la dame et plante le décor. Le combo, malgré une journée dans le tour bus pour traverser la France des Vosges au Sud-Ouest, envoie direct. C'est énergique, généreux, pas de préliminaire : Groovy baby ! Section rythmique impeccable, guitare incandescente chauffée à blanc à la sauce lampes, le son du Rhodes et la voix rocailleuse du Charisman pour chopper le public au vol. Ambiance shake ton boule et fais chauffer le futal, ça va guincher ma caille !
Les morceaux de l'album défilent à un rythme endiablé. " Salaud ", " Captain " avec la participation du public, " Schultzy blues " (bel hommage à Schultz, chanteur de PARABELLUM, décédé en septembre 2014), ou encore " La reine de la jungle " pour finir. C'est implaccable ma gueule ! Et si le talent de showman de Reuno et son don pour l'écriture font l'unanimité et n'ont, à mon goût, que peu d'équivalents en France, la musique est au diapason et porte un nouveau regard sur le gazier. Passée la surprise de voir le frontman de LOFO et MUDWEISER se déhancher sur de la musique soul, force est de constater que ce nouveau rôle lui sied également comme un gant. Le mec se casse la gueule dans l'échelle " décibels, cri primal, sueur et testostérone " depuis qu'il enregistre des albums acoustiques, se sappe en chemise satin violette, cravate et porte des godasses à plateau mais il fait également une entrée fracassante au classement " relief, crooner, et attrape-gonzesse ". Bref, t'as compris, si l'orchestre passe pas loin de chez toi, que tu veux aller te dépenser en guinchant sur des rythmes soul, fonce !



Pour clôturer cette belle soirée, et cette belle saison 2019 du Club Ephémère, le duo de Djs Ricochet Sonore prend en main la fin de soirée pour le plaisir des couches-tard...mais là s'arrètent mes modestes compétences.

Tu l'as compris, cette chronique est un peu différente de mes précédents reports mais il me semble important, voir essentiel, de souligner et de saluer les initiatives comme Le Club Ephémère qui font vivre à la fois la musique (notre passion) et un tissu local. La bonne volonté et les efforts comme ceux-ci sont souvent peu encouragés, ou même parfois sappés, finissant, à la longue, par s'épuiser. Celui-ci propose depuis 4 ans maintenant, et de façon indépendante, des évènements gratuits, de qualité, ouverts à tous et où l'accueil n'est pas un vain mot.
Nul doute que la saison 2020 sera aussi riche et plaisante que celle qui s'achève.


(Review et Photos réalisées par Ciryl)

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