JOSEPH D'ANVERS + STEPHANE PERGER
Paris le 05/12/18
(La Maison de la Poésie)


Se passait à la maison de la poésie un évènement " one night only " un concert dessiné autour de l’ouvrage sorti cette année, " les jours incandescents ". Un passionné des mots, un storyteller capable de transcender ses chansons pour en faire des nouvelles. C’est la commande qu’ont faite les éditions KENNES au Parisien JOSEPH D’ANVERS, occasion pour lui de retrouver son compagnon de toujours, STEPHANE PERGER avec qui JOSEPH a fait il y a longtemps ses premières armes musicales. Alors que le premier est devenu l’un des fers de lance de la scène rock indé française, le second est devenu dessinateur. L’occasion est trop belle, un roman graphique autour de 10 titres du chanteur, passés par à la moulinette de l’écriture, mais aussi du dessin. Le challenge est là, partir de 10 chansons pour en faire des histoires autonomes et à part entière, vivant leur vie au-delà de la musique. La MAISON DE LA POESIE offre ce soir aux deux artistes la possibilité de se retrouver entre lecture des textes et retours aux versions originales des chansons, le tout avec STEPHANE PERGER dont les dessins sont projetés sur l’écran à l’arrière de la scène.

Après une courte intro, le duo commence tout d’abord par les " âmes solitaires ", la lecture du texte rythmée par des samples et une boite à rythme. Le peintre se dresse à droite devant une toile sur laquelle il entame une peinture qui sera le fil conducteur de la soirée. JOSEPH descend ensuite de son estrade / pupitre pour jouer les premiers accords de guitare des " jours incandescents ". Sur le côté, le peintre sort ses pinceaux et son encre de chine, un visage se dévoile au fur à mesure des tracés, l’écran blanc se macule et se transforme en visage de feu, mélange de nuances de jaunes et de rouges. Le temps d’un sample le dessin se finalise, la ville brûle faisant écho à la nouvelle écrite sur ce thème. Une page blanche se tourne et remplace le brasier. Les accords originels de " Radio one " envahissent la Maison de la poésie. Le road trip constitué autour de ce titre nous dévoile, à l’arrière de la scène, une Cadillac noire, elle roule mais s’embrase tout au long de la chanson, un des acteurs du road trip incendiant de son zippo la voiture avec son acolyte enfermé à l’intérieur. Sur fond de voiture brûlée, JOSEPH D’ANVERS repart sur la lecture du texte éponyme.
STEPHANE reprend son pinceau bleu et continue la toile " fil rouge de la soirée. La lumière se fait elle-aussi incandescente quand JOSEPH revient ponctuer de riffs les derniers samples de cette séquence. Un nouveau diptyque les cicatrices s’initie, d’abord le texte lu, comme un slam rock n' roll, puis guitare au point, en chanson. STEPHANE à coup de drops de peinture sur un côté, puis pliés et donc dupliqués symétriquement - comme chez le psy - nous dévoilent une femme papillon, bleue comme un Matis, blues comme un spleen. Une nouvelle page blanche efface le papillon et un visage se transfigure sur la chanson " tremble " et dévoile le masque que nous retrouvons dans le roman graphique. Le texte est ensuite lu alors que STEPHANE a encadré sa page blanche de rouge sang, comme un rideau dressé sur une scène de théâtre, le théâtre de la vie. C’est également avec cette couleur qu’il continue la toile à droite de la scène, les visages sortent de la page blanche hésitant entre le bleu Majorelle et le pourpre incandescent.
Vient ensuite la chanson mon " Ange ", JOSEPH chante sur les samples sans guitare " je vole des heures à la nuit ", derrière lui un visage et les lettres " K.O. " se dévoilent comme cette histoire de boxeur qui n’a pas voulu se coucher, qui est dépeinte dans le livre. Des samples de film permettent de ne pas avoir de temps entre les " changements de décors ". Sur " surexposé ", STEPHANE nous dévoile un portrait en profil d’une femme qui prend vie au fur et à mesure que la chanson défile, la présence féminine n’est plus la voix qui ponctuait le refrain sur disque mais bien se visage qui, les yeux fermés, s’aventure " vers des lieux interdits " tout comme dans la chanson.
La soirée se termine sur les âmes solitaires, en fond le profil de cette femme sublimée par les jeux de lumière et STEPHANE qui termine sa toile, tous ces personnages entrelacés – entre eux lassés ? - autour d’une danseuse centrale qui rassemble et orchestre toutes ces histoires.

Une merveilleuse soirée, dans le parfait écrin qui nous permet de confirmer tout le bien que nous pensons sur cet artiste indé et intègre qu’est JOSEPH D’ANVERS. Elle nous permet également de découvrir le talent de STEPHANE " en live ". Une superbe création que nous a offerte celui qui a écrit pour BASHUNG qui de là-haut a dû apprécier les chansons colorisées au bleu pétrole, que son digne héritier nous a livrées ce soir.






(Review et Photos réalisées par Djaycee)

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