LA GUERRE DU SON 2019
Landresse le 19 et 20/07/19
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La Guerre du Son

En France, on peut aisément estimer le nombre de festival à plusieurs centaines, rien que durant la période estivale. Avec des programmations toujours plus proches les unes des autres, les noms ont parfois moins d’importance que la localisation géographique de ces moments de festivité. Alors comment les dissocier ? Pour les plus importants, ce n’est pas forcément évident, mais d’autres tiennent à respecter un concept, une ligne directrice, une spécificité. Et parmi eux, il y en a un vraiment à part, une peuplade d’irréductibles Gaulois qui ne font pas pareils que les autres. Des fans de Rock et de Metal en campagne, c’est la famille Guerre du Son ! Donc pour cette 16ème édition, le principe est simple et inchangé : une commune rurale de moins de 250 habitants dans les tréfonds du Doubs, une passion pour le Rock et le Metal, et un champ bien tondu sur lequel se trouve une stage sous un chalet préau ainsi qu’une seconde scène. On touille, et ça fait un festival !

L’initiative existe depuis 2002, ça fait loin ! Tellement loin que WORMACHINE existait encore ! Et malgré certaines éditions qui n’ont pu voir le jour, l’essence du festival n’a pas changé d’un poil : prendre 2 jours pour réunir des amoureux de musique distordue via une prog 100% Rock Metal, en faisant venir une bonne partie de prestigieux artistes souvent non programmés autre part dans l’hexagone. Et cette année, excusez-moi du peu, mais sont venus dans cette petite commune ou la guitare électrique est presque taboo, des pointures telles que SOULFLY et OOMPH!.

Un festival à taille humaine pour une ambiance familiale :
À quel autre festival peux-tu être accueilli par des seniors locaux qui mettent la main à la patte pour t’indiquer le chemin du parking, te poser le bracelet, ou tout autre incontournable au bon déroulement d’un tel événement ? Je n’en connais pas. C’est également un festival où le camping se situe à moins de 100 pas de la scène, pour peut-être 300 - 400 campeurs. Autant dire que retrouver quelqu’un pour un apéro est facile. L’idée est simple : se retrouver dans une ambiance de festivité musicale entre amateurs de Rock et de Metal sur un festival à taille humaine, si bien qu’il est impossible de s’y perdre puisque la totalité des stands et scènes se trouve sur un périmètre dont les limites sont visibles peu importe où l’on se trouve. Le tout, accompagné de bières, bien sûr.

Festival bon enfant, organisation de fer :
Lorsqu’on parvient enfin sur le site du festival, à condition d’avoir un bon GPS, juniors et seniors nous guident sur un parking largement assez grand pour tous nous accueillir. À quelques pas du parking, le camping parsemé de tentes Quechua sur lequel il y a tout de même largement assez d’espace pour ne pas se marcher dessus. Encore à quelques pas, les scènes accessibles très rapidement puisque les queues d’attentes pour entrer sont séparées entre hommes et femmes pour faciliter les fouilles. Même en heure de grande affluence, il ne faudra guère plus de 5 minutes pour pénétrer les lieux. Et nous y voici ! Face à nous : quelques stands de sensibilisation, de merchandising, et de victuailles. À notre gauche, la grande scène, sous cet espèce d’immense chalet de bois ouvert sur 3 côtés, et à sa droite, le petite scène en contrebas, plus classique et en plein air.
Ici, pas de cashless, on échange son argent contre des jetons, eux-mêmes échangeables contre de quoi se nourrir. Je regrette un peu l’attente pour obtenir un burger et le manque de choix concernant la bière qui n’est pas exceptionnelle du tout et mentionnée comme « bière blonde » ou « bière blanche », probablement de la Heineken puisqu’ils sont partenaires officiels du festival. Nous ne savons donc pas vraiment ce que nous buvons, mais ce qui est certain, c’est que ce n’est pas du brassé local mais une bière classique qui ne va pas forcément ravir les papilles. Peu importe… Tant que ça mousse, c’est que ça passe !

Les hostilités :
Vendredi 19 juillet 2019 : entre groupes prometteurs et légende brésilienne.


Scène A - la grande scène du chalet :

FALLEN LILLIES - 19H00 à 19H45 :
L’honneur d’introniser le festival est confié à un groupe de Rock 100% féminin : les FALLEN LILLIES. Formation quatuor classique pour Rock vintage classique teinté de Punk, les filles semblent à l’aise devant un public encore largement disséminé. Les compositions ne sont pas très originales mais c’est bien joué. Il n’y a pas de temps mort, mais ça ne révolutionne rien, ni dans la musique, ni dans l’attitude.

BANANE METALIK - 20H15 à 21H15 :
J’étais pas prêt. Je ne pensais pas que la BANANE METALIK, c’était des zombies punks, mais plutôt un groupe satirique à la ULTRA VOMIT ! Leur univers est travaillé jusqu’au bout des ongles puisque les amplis sont encastrés dans des cercueils, les micros sont portés par des bras arrachés, un backdrop et des totems aussi cartoonesques que morbides vont également les accompagner. Grimés en zombie, le groupe de Punk envoie des compos vrombissantes allant droit au but, assumant des textes dans leur thématique et en français ainsi que l’intégration de contrebasse dans leur univers. C’est baroque, déjanté, décalé, le chanteur s’adresse au public sans jouer de rôle sombre mais avec une bonhommie qui force la fête, au contraire. Très bonne découverte, et Dieu que le son est bon !

Banane Metalik

NO ONE IS INNOCENT - 21H45 à 23H00 :
En véritables abonnés à la Guerre du Son, les voici qui foulent à nouveau les planches de la grande scène. Et ça tombe bien, je n’avais jamais pu les voir. Du haut de ses 25 ans, on constate directement que le groupe n'a pas pris une ride, autant dans son énergie que concernant sa musique. Leur Metal frappe fort, la foule est hystérique et leurs textes sont repris par une horde de fans qui rendent la fosse compacte et vraiment virulente. Ne connaissant pas du tout leurs morceaux, je m’étonne de rentrer dedans instantanément, à plus forte raison lorsque la reprise de RAGE AGAINST THE MACHINE pointe le bout de son nez. Leur prestations fait partie des temps forts de cette édition !

No One is Innoncent

SOULFLY - 23H30 à 00H45 :
Bon, on ne va pas se mentir, on est tous venus pour se prendre la chaleur du Brésil en pleine tronche ! Quel miracle que Max Cavalera et sa mythique troupe aient accepté l’invitation ! SOULFLY dans un cadre aussi champêtre, pourquoi pas SLIPKNOT à Avoriaz ? Impossible de louper ça. Et les voilà, en vrai !
Quand on voit les bouilles du père et du fils Cavalera, on ne peut qu’être étonné par l’aura empathique qu’ils dégagent et Max, avec sa petite démarche pataude, semble avoir pris un coup de vieux. Mais nous sommes rassurés lorsque " The Summoning " démarre puisqu’on se rend compte que derrière des traits un peu fatigués se trouve cette éternelle figure légendaire du Nü Metal. SOULFLY fait partie des groupes qui va le plus interagir avec le public, nous demandant d’invoquer à coup de " SOULFLY ! " le groupe pour qu’il continue son live, idem pour le " PORRADAAAAA ", ou nous fera nous asseoir avant de lancer " Jumpdafuckup ". Certains morceaux vieillissent moins bien que d’autres avec certains riffs un peu simples comme sur " No Hope = No Fear ", mais lorsque le sample de " Prophecy " est lancé, l’hystérie est justifiée.
Peu importe l’âge des morceaux, en fait, SOULFLY tient en haleine sa tribu du début à la fin et nous avons même droit à un " Back To The Primitive " qui va évoquer le golden âge du Métal des 90’s à quasiment tout le monde. D’autres surprises viennent étayer un live qui fait déjà l’effet d’un gros bombec, comme la démonstration de Berimbau par Max, cet instrument monocorde brésilien que l’on percute avec une baguette de bois. C’est également assez amusant de constater la carrure plutôt fluette de Zyon Cavalera, le fils de Max qui officie à la batterie, instrument démesuré par rapport à lui, mais qu’il vient frapper avec une sauvagerie déconcertante. Nous arrivons déjà à la fin, et on ne peut qu’apprécier que le groupe nous ait gratifié d’une telle proximité. Et veinard(e) est celui ou celle qui a récupéré la bouteille lancée par le guitariste ! Ce groupe n’a plus rien à prouver, si ce n’est continuer à faire des lives partout où ils n’en ont pas faits, c’est-à-dire sur des petites scènes intimistes telles que celle-ci.

IPHAZE - 1H15 à 2H30 :
Mission périlleuse que de clôturer la première soirée d’hostilités. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le nom du festival est adéquat à IPHAZE. Le duo Dubstep ultra incisif et testostéroné va, en quelques instants seulement, retourner la foule ! La recette consiste en un batteur d’élite disposé face à un pousseur de bouton qui va utiliser pads et machines à potards pour nous écraser les entrailles de basses à forte teneur en énergie. On n’en boude pas la mélodie pour autant, le mélange entre violence et attractivité musicale est parfaite et permet de danser, de se perdre dans les sonorités durant tout le set. Ils nous chauffent à blanc avec des phrases galvanisantes balancées entre des drops de la lourdeur d’une planète. Le show lumineux est dantesque, s’adaptant au rythme de la musique violente et rapide, l’écran géant situé derrière eux vient achever ce spectacle ultime avec de la vidéo hypnotico-énigmatique, tantôt abstraite, tantôt inquiétante, tantôt énigmatique ou agressive.
Une pure tuerie qui a transformé plus d’une heure de show en quelques secondes ! Un nom largement sous-côté qui va s’avérer la meilleure surprise de cette année et qui ne devrait pas tarder à beaucoup faire parler d’elle.

Scène B - la petite scène des demi-heures :

DEMON VENDETTA - 19H45 à 20H15 :
Encore un groupe à l’imagerie comics morbide. Ils ne poussent pas aussi loin que BANANE METALIK puisqu’ils ne se déguisent pas, mais musicalement, on n’en est pas si loin. Leur Rock ressemble aux morceaux les plus énervés de la BO de Pulp Fiction, et s’ils ont une pêche certaine, on regrettera que ce live soit aussi épuré.

MEMBRANE - 21H15 à 21H45 :
Ayant oublié qu’ils devaient se produire cette année, la claque fut immense : " houah ! mais c’est quoi ce mastodonte ? ". On change complètement d’ambiance puisque FALLEN LILLIES et DEMON VENDETTA passés juste avant paraissent être des artistes locaux en comparaison. La nuit tombe sur le trio vésulien qui se veut aller droit en but en prodiguant son crossover Rock / Metal Noise Hardcore sans faire de comm’, c’est-à-dire en ayant juste quelques mots bienveillants pour le public entre les morceaux et en laissant leur gros son faire le boulot. Ça joue fort, les morceaux sont imparables, et si jusqu’à BANANE METALIK, il y avait encore une atmosphère de démarrage de festival, une odeur de détente, MEMBRANE signe le passage aux choses sérieuses. La tempête métallique se termine, ce sera le premier concert de la journée à être marquant tandis que leur scénographie est inexistante.
Une question me taraude : je ne comprends pas trop pourquoi ils ont été disposés sur la petite scène tant ils font partie des grands !

ASSIGNED FATE - 23H00 à 23H30 :
Consommez local, qu’ils disent tous… C’est chose faite avec le Death d’ASSIGNED FATE de Pontarlier. Encore un groupe qui laisse parler les grattes, leur frénétique batteur et surtout leur deux chanteurs. L’un pour growler, l’autre dans un registre de chant plus classique. La tension descend d’un cran après MEMBRANE et NO ONE IS INNOCENT qui ont retourné Landresse. Si la prestation est bonne et que le groupe sait comment mener un show, nous sommes à nouveau face à un concert de Metal très sobre sans plus-value qui va plus faire office d’interlude que de concert marquant le coup. Il en demeure un groupe à expérience certaine qui n’a plus à faire ses preuves, mais qui a été intégré dans la programmation à un horaire trop tardif.


LE MASSACRE - 0H45 à 1H15 :
Comme son nom l’indique, ce groupe ne se veut pas tendre et ce soir, c’était leur tout premier concert. Leur concept ? Poser une caméra face au public qui peut se voir en direct sur un écran d’ordinateur entre quelques messages chocs. C’est autant une performance qu’un concert. Leur Rock Électro est sombre, des fois presque malsain, des instruments jusqu’à la voix. Le rendu est très organique et déstabilisant, l’expérience LE MASSACRE est patibulaire, extra-musicale et nous permet de vivre un moment qui dépasse le simple concert. La Guerre du Son a eu un petit coup de génie en leur faisant confiance.

Samedi 20 juillet 2019 : du théâtral, encore du théâtral !

Scène A - la grande scène du chalet :


Des festivaliers devant la grande scène

KNUCKLE HEAD - 18H45 à 19H30 :
Les plus ricains des Français viennent distiller leur furieux Country Rock / Violent Bluegrass pour ouvrir la seconde journée ensoleillée du festival. Guitare fuzzée et batteur survolté sont la recette gagnante de ces dignes représentants des SONS OF ANARCHY. À eux deux, les morceaux semblent aussi complets que s’ils étaient un combo standard, impliqués dans leur live comme si c’était le dernier. Ils semblent vraiment être des rockstars de longue date, le chanteur à barbe grattant pendant qu’il chante dans son micro vintage affublé d’un squelette de tête de bouc, avec une aisance déconcertante pendant que le batteur tatoué de la tête aux pieds (et ce n’est pas pour l’expression), se défoule sur ses fûts comme un possédé. Leur musique rebondit, donne la patate et tranche avec tous les noms de la journée précédente. Superbe découverte, ils devraient rapidement devenir une référence nationale.

POGO CAR CRASH CONTROL - 20H00 à 21H00 :
Encore un nom que je ne connaissais pas. Totalement barré dans un turbo Punk qui peut faire penser à une version adolescente et française de THE BRONX, on est face au concert marathon de cette édition, mais de loin pas le plus inoubliable. Ça chante en français vénère et le groupe est incroyablement au point pour des mecs aussi jeunes, mais ce sera la première intervention où je verrais le temps passer…

BLACK BOMB A - 21H30 à 22H30 :
J’avoue avoir lâché le phénomène BBA depuis bien des années. C’est l’occasion de réviser ses à priori sur un poids lourd que j’ai perdu de vue lorsqu’eux même ont décidé de délaisser leur côté Punk. Première chose que l’on constate : le retour d’Arno au chant grave. Dès les premières notes, mes prières ont été entendues puisque " Double ", issu de l’excellent " Speech Of Freedom " ouvre le bal. Et ça fait l’effet d’une… bombe (désolé). Les frenchies sont bien en forme, nous gratifiant de morceaux dédiés aux fans, puisque " Human Bomb ", " Speech Of Freedom " et même le cultissime " Straight In The Vein " sont à l’honneur, avec l’incontournable " Born To Die " qui a grandement participé à bâtir leur réputation, " You Can’t Save Me ", " Police Stopped Da Way ", " Down ", " My Mind Is A Pussy " et " Mary ", fameux morceau dédié aux fumeurs de tonges, sur lequel on ne pourra jamais faire l’impasse…
Je suis assez étonné de voir un groupe certes pro, mais qu’on ne sent pas à fond, comme s’ils étaient fatigués par la tournée. Je m’attendais à beaucoup plus de jeu avec le public, beaucoup plus de désinvolture et de surprises, mais pour l’heure j’ai eu l’impression d’un groupe dont la maturité le pousse à être plus carré que l’esprit originel qui les a mené à réaliser leurs premiers disques. Il n’en reste que leur statut de pape du Hardcore français n’est pas démérité, et leur set passe d’une traite en shoot intraveineuse de pure puissance. Même les nouveaux morceaux que je n’avais jamais entendu passent vraiment bien, n’étant pas tombés dans du mélo ou à des facilités liées au fait qu’au bout de tant d’années, l’inspiration pourrait s’essouffler. C’était donc un bon moment, même s’il manquait un petit truc pour le rendre plus vivant et unique.

OOMPH! - 23H00 à 0H30 :
Très franchement, qui pensait qu’OOMPH! existait encore ? Et qui aurait pensé à eux pour venir à Landresse ? Encore un nom aussi insolite qu’inespéré qui représente toutes mes années MTV Pulse ! Les Allemands arrivent sur une scène sans trop d’artifices, alors que j’aurais pensé que tout un décorum aurait été déployé. Mais il n’en est rien. Le petit frère de RAMMSTEIN entame un set frais, Industriel mais plus émotionnel que violent. Exit le côté martial de la référence citée précédemment, nous sommes plutôt sur quelque chose de mélodique, avec des sonorités un peu plus kitsch. Le côté théâtral du groupe, du chanteur en particulier, est assumé à 200% et correspond totalement à leurs costumes entre le gothique et le steampunk, à base de sangles, de parties métalliques, d’une foultitude de détails, le tout en noir.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a bel et bien des fans venus les voir tant les textes pourtant chantés en allemand sont repris par la foule ! Je ne m’attendais clairement pas à ça, ni à une telle réceptivité du public qui lorsque le chanteur s’adresse à nous en allemand, peu importe ce qu’il dit, valide chaque mot avec un entrain démesuré. Le groupe joue de son attitude, de réels comédiens, les riffs défilent pendant que le chanteur aux allures inquiétantes nous gère tel un champ de poupées voodoos. Leurs hits sont faciles d’accès, chaque morceau est assez basique et répétitif, l’idéal pour qu’ils s’impriment instinctivement dans nos boîtes crâniennes. Les gimmicks au chant sont également simples et efficaces, assez pour qu’un profane puisse chanter avec le reste de l’audience.
D’ailleurs, le groupe y incitera, en nous demandant de compléter certains passages, de faire des comptes à rebours, etc… Le frontman checkera le public, s’adressera à des personnes en particulier, jouera de la percussion pour nous amener à un show, tout ça accentuera le côté intimiste d’un live enflammé. OOMPH! a franchi la barrière du simple concert en nous invitant dans son univers, et pour quelque chose que j’aurais pensé juste folklorique, je suis très agréablement étonné qu’ils soient aussi bons en live et se donnent encore à fond avec presque 30 ans d’existence au compteur ! D’autant plus que je n’ai pas compté donc je ne sais pas combien de morceaux ont été joués ce soir mais on ne peut que saluer l’endurance d’artistes qui ont tout donné pendant plus d’1h30.

SHAÂRGHOT - 1H00 à 2H30 :
C’est lorsque le nom sur toutes les lèvres des festivaliers, tu ne le connais pas, que tu te sens vieux. Apparemment, SHAÂRGHOT, c’est la promesse d’un show à part, un truc de maboule qui a toutes les raisons d’être le grand final de cette 16ème édition. Voyons cela !
Ok, déjà les lights colorées s’allument dans une ambiance post-apocalyptique et sur scène se trouvent des éléments mécaniques métalliques, pour le coup totalement steampunks. Les portes-micros (également portes-bières) ont chacun un design unique, construits à partir de rouages, de tuyaux métalliques, compteurs de flux, quelque chose à placer entre un décor de Matrix, les passages cauchemardesques dans les parties indus de Freddy Krueger, et un environnement nucléaire. D’ailleurs, les jeux de lumières répondent à des peintures phosphorescentes.
Quand le groupe jaillit sur scène, on pense tout de suite à MUSHROOMHEAD, les parties visibles de leur corps étant grimées de noir, à l’exception du guitariste qui lui, rappelle largement celui de MUDVAYNE, avec son liquide nucléaire qui lui dégouline du visage et ses lentilles zombifiques. Les autres ont tous des lunettes occultés de films de science-fiction à la Pitch Black, des costumes à la Mad Max, et un haut de forme pour le chanteur qui est apparemment SHAÂRGOT. Le décor étant posé, musicalement, ça donne quoi ? On est pile entre PUNISH YOURSELF et RAMMSTEIN, ce côté très Punk Électronique mêlé au côté droit au but et martial du leader de l’Indus allemand. Ça joue quelque chose de très sauvage, et le chanteur, avec ses mimiques possédées et son corps serpentiforme totalement recouvert d’une huile grasse et noire, incarne un personnage fou et impulsif qui ne s’arrêtera jamais de gesticuler dans tous les sens, de courir, de vociférer ses lyrics avec une hargne déconcertante. Dans les moments les plus intenses, flammes et étincelles jaillissent, chose qui est probablement une première à Landresse. L’ambiance est unique, sombre mais ultra divertissante, marécageuse mais tellement ludique ! D’un bout à l’autre de la prestation, tous les membres du groupe, sans exception, resteront chacun dans leur personnage de représentant de la post-apocalypse. On consent largement à participer à une telle décadence contrôlée.
On se souviendra de PUNISH YOURSELF qui avait complètement retourné Landresse il y a quelques années. Avec SHAÂRGHOT, c’est la même : la notion de spectacle est complète, et faut bien avouer qu’on manque de ce genre d’univers fort et ambigüe qui ne donne pas dans le consensuel. Ce passage totalement hors norme était probablement le moment le plus intense et marquant de cette Guerre du Son… Les festivaliers avaient raisons, ça vaut le coup et marque parfaitement le final de ce banquet musical.

Scène B - la petite scène des demi-heures :


La petite scène

SOUND OF DUST - 19H30 à 20H00 :
Restons dans la thématique du duo Blues Rock avec l’excellent Raw Stoner bluesy à bonne touche Psyché de SOUND OF DUST. Moins charismatiques que KNUCKLE HEAD dans leur apparence plus simple, ils vont compenser par un côté musical plus entraînant, rappelant volontiers THE BLACK KEYS, que ce soit concernant les lignes de guitare ou la voix. Il faut saluer le fait qu’ouvrir sur la petite scène la seconde journée, c’est se heurter à peu de public, et malgré ça, ils ont assuré comme s’il y avait une légion devant eux. Décidément, on n’a rien à envier à nos amis outre Atlantique tant nos talents émergeants s’avèrent convaincants ! Encore un nom à suivre.

LANDSLIDE - 21H00 à 21H30 :
Le quatuor bisontin vient enfoncer le clou là où SOUND OF DUST l’a laissé. De leur Rock Indie un poil old school, il en ressort des refrains vraiment catchy, des morceaux qui restent globalement en tête très facilement et des phases auxquelles on ne s’attend pas. Malheureusement, je trouve dommage que le groupe ait une attitude si " standardisée ", ne permettant pas forcément de les identifier de ce côté là.

THE MANIAX - 0H30 à 1H00 :
Puisque jamais 2 sans 3, encore une formation au Rock un peu freaky ! Et restons dans le local puisque cette troupe nous vient de Montbéliard pour se donner à fond devant un par-terre d’amateurs complètement embarqués dans le délire. À l’inverse de LANDSLIDE, je dirais que ce n’est pas leur Rock aussi classique que déjanté leur point fort mais bien leur attitude scénique qui leur permet de nous maintenir en haleine. Même dans les passages un peu calmes, le groupe compense en jouant la carte de la décontraction et de la fête. Plutôt cool, mais après OOMPH!, ça paraît un peu léger !


Différent en réalité que sur le papier, mais peut-être même mieux que prévu :
L’ambiance du camping, la taille du site du festival, la bienveillance du staff d’organisation, on n’y reviendra pas, tout ces éléments contribuent largement à un événement aussi festif que familial dans lequel on se sent chez soi, comme à la maison.
Mais concernant la prog, qui aurait pu penser qu’une part du Brésil serait venu festoyer à Landresse ? Qui aurait pu penser qu’OOMPH! scanderait ses hits dans un chalet plein air, ou qu’un show comme celui de SHAÂRGOT pourrait prendre vie au fond de ce si petit village ?
Plus subtilement, on constate que la prog a été pensée autour d’une thématique Punk mais également horror freak Metal ou Rock à accents US puisque d’un côté, on avait BANANE METALIK, DEMON VENDETTA, THE MANIAX, OOMPH! et SHAÂRGOT qui nous ont fait voyager dans des mondes remplis de zombies, de Rockabilly, d’images post-apocalyptiques, de flammes, d’ambiances peu rassurantes, et de l’autre, des noms plus axés Blues Country ou Rock vintage qui nous ont permis de Make Landresse Great Again avec FALLEN LILLIES, les excellents SOUNDS OF DUST mais surtout le nom le plus prometteur de cette édition qu’est KNUCKLE HEAD, duo imparable qui mérite une attention toute particulière. Aucune ombre sur cette prog, avec des découvertes incroyables tel que le Dubstep dantesque d’IPHAZE, l’expérience hors du commun LE MASSACRE et, pour ceux qui n’avaient pas eu la chance de déjà les voir, le Rock crossover Metal complexe et compact des somptueux MEMBRANE.
Quoi qu’il en soit, la prouesse d’une prog aussi belle, aussi spectaculaire à ce prix là, c’est inespéré. La Guerre du Son reste l’une des meilleures références de petit festival destiné aux amateurs de Rock et Metal, pourvu que ça dur !


(Review réalisée par Ben)

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