GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR + LIGHT CONDUCTOR
Biarritz le 16/11/19
(L'Atabal)


Il fallait avoir une bonne grosse dose de motivation pour sortir le museau de sa tannière en ce samedi de Novembre. Venteux, pluvieux, froid, un temps bien, bien, bien dégueulasse. Un truc à te laisser happer par ton canap' ou ton plumard. Mais la seringue de motiv', l'Atabal de Biarritz sait la dégainer avec des programmation bien alléchantes. L'Atabal, désormais incontournable, sait où piquer pour ressusciter une envie décédée. Ce soir, c'est GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR qui débarque en terres basques et prend possession de la salle biarrote. Le rare et culte collectif de Montréal déballe son barda pour une soirée inratable et qui s'annonce déja mémorable. Il sera, pour l'occasion, épaulé par un autre représentant du label Constellation Records, LIGHT CONDUCTOR, pour ouvrir la soirée.

LIGHT CONDUCTOR, c'est le projet né de l'envie mutuelle de deux amis de longue date, Jace Lasek (THE BESNARD LAKES) et Stephen Ramsay (YOUNG GALAXY), qui veulent mettrent en branle tout un tas de vieilles boîtes à sons analogiques collectées au fil des années pour produire une musique au croisement de l'ambiant, l'électro, le drone, le space rock et des expérimentations diverses. Ils viennent ce soir nous présenter, sous la forme d'un trio, leur premier album " Sequence One ". Je t'avoue que le son distillé par le combo ne fait pas partie de mes mets favoris et que j'ai du mal à rentrer dans ce genre de trip, trop ambiant, trop smoothie pour moi. En effet, je ne suis pas un grand consommateur de ce genre de came, encore moins en live, et là, je ne suis pas vraiment dans l'ambiance. Le son est propre, c'est bien dans le style, mais rien à faire, je n'accroche pas. Stone dans le canap' ou en train de faire mon yoga, peut être, mais là, non. Et ce n'est, malheureusement, pas le dernier morceau du set du trio, qui les voit empoigner deux grattes électriques et les micros, et que j'espère donc plus rock ou punchy, qui permettra de me raccrocher à quelque chose puisque l'opération tourne à la ballade accompagnée de coeurs mielleux. Le public est encore bien clairsemé mais semble, dans sa grande majorité, être plus réceptif que moi. Tant mieux.

Pas encore dans l'ambiance donc, c'est avec impatience que j'attends GY!BE, et c'est maintenant le moment ! Les 8 musiciens investissent la scène de l'Atabal et le projectionniste qui leur fait face au fond de la salle est prêt depuis un moment à en découdre derrière sa guirlande de boucles de péloche et ses 4 projecteurs. La cérémonie peut commencer.
Pour tout te dire, je n'ai encore jamais eu l'occasion de voir la troupe sur scène. Je connais un peu leurs albums mais c'est une première pour moi de les voir live. A l'affût depuis un moment quant aux allers et venues du groupe, j'ai sauté sur l'occasion offerte par l'Atabal. Il paraît que GODSPEED, ça se voit tout autant que ça s'écoute. Et si tu as déjà entendu, maintes fois martelé, le laïus sur la nécessité de voir un groupe sur scène, que " C'est quand même autre chose, ça prend toute son ampleur sur scène, toussa toussa... ", et bien c'est particulièrement vrai pour GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR.
En effet, 3 guitaristes, une basse, une contrebasse, une batterie, un percu, un violon et des projections, c'est bien visuel, ça claque, et c'est mieux en live. Pour ce qui est de la bande sonore du set, difficile à décrire tellement le band de Montréal est inclassable, en dehors de tout sentier battu. Le collectif s'est forgé une identité remarquable propre mais elle est mouvante, en perpétuelle oscillation. L'univers de GY!BE embarque l'auditeur pour un voyage qui amène à traverser bien des frontières. Celles du rock, bien entendu, par son côté électrique, du jazz pour ses structures, mais on y explorera également les sonorités des provinces irlandaises, des grands espaces visités par Ennio Morricone, des mélodies aux accents d'Asie, et bien d'autres contrées encore.
La musique de GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR embrasse tout cela avec une maestria à couper le souffle. Les influences et sonorités diverses sont parfaitement " mixées " pour une livrée personnelle et envoûtante, un voyage hypnotique appuyé par des images projetées qui le sont tout autant. La musique cinématique de GY!BE est une épopée ciselée, aux structures et sonorités douces amères, quelque chose d'indescriptible, à la fois infiniment dense et éthéré, un mouvement paradoxal qui embarque l'auditeur à coup sûr. Le set coule et berce le spectateur séduit que je suis sans que le temps n'agisse et ne se fasse sentir. La fin du set résonne comme sonne le glas, fin d'une parenthèse enchantée.
Les machines persistent, résistent, continuent à sonner alors que la scène est désormais vide, le temps de se remettre et de récupérer son souffle avant de devoir revenir à la réalité d'une soirée humide et glacée de Novembre.




(Review et Photos réalisées par Ciryl)

<<< Retour >>>