FISHBACH + ADRIENNE PAULY
Massy le 08/02/2018
(Espace Paul B)


Adrienne Pauly avait quitté la scène musicale de manière un peu abrupte comme tout ce qu’elle fait, un coté punk en quelque sorte. Depuis 2007 la chanteuse se faisait discrète, plus actrice que chanteuse. Cette année 2018 permet son retour.
Adrienne Pauly est un nom qui lui va mal tant elle semble avoir roulé sa bosse. Il serait plus judicieux de l’appeler Adrienne dépolie, comme ces morceaux de verre que les marcheurs retrouvent sur la plage. C’est en effet après une traversée que nous retrouvons Adrienne, non pas abimée mais enrichie d’une dizaine d’années supplémentaire, l’expérience ne rognant rien à la rugosité de sa musique. Le verre banal, mais, par les épreuves de la vie, devenant presque une pierre précieuse sans que la main de l’homme n’en soit à l’origine.
Cette première date de la tournée nous permet de retrouver Adrienne, en quasi résidence avec un public assez dense malgré la salle excentrée et la neige de la journée.
Le titre du nouvel album étant toujours enclin à l’ironie " A vos amours " dans la lignée de " j’veux un mec  ", comme si l’amour n’était pas fait pour elle. Ceci est confirmé par la première chanson du set " Tout le monde s’éclate " et il est facile de voir que Adrienne a pris du courage dans les loges par quelque paradis artificiel que ce soit, elle arrive, et nous ne voyons qu’elle. Le titre reprend sa solitude en société.  A la fin de " la conne ", elle indique au public " je précise que chacun sa connerie ! ".
Ce qui est assez intéressant, c’est ce quasi one woman show entre les chansons entre la possession et la harangue à la foule.  Sur l’intro d’" excuse moihiste ", " ne prenez pas vos cahiers c’est chiant, on a fait sa maline, on a fait la tire au flanc, il faut faire des choix dans la vie, sado ? maso ? l’ouvrir ? la boucler ? la peste ou le choléra moi ? j’ai fait un choix ! j’veux tout, j’veux rien "…  Au pied de la chanteuse, la set-list est tout comme son auteur, brouillonnée, griffonnée, les titres ne sont pas forcément les bons, des rayures, des ratures mais le concert a un charme fou, tel une esquisse que le public voit se dessiner.
Toujours une histoire d’homme.  Les cinq premiers titres de la soirée sont issus du premier album et ont un accueil plutôt chaleureux. Le style est beaucoup moins variet’ que je ne l’imaginais et il y a un véritable côté RITA dans ce set qui réchauffe l’ambiance.  C’est toujours se fait plus ballade, ritournelle .
" Ça va les PD, ça va les nibs ? ah merde t’es un mec ! non je ne veux pas celle-là " et elle lance un " Vas-y viens " quasi a capella, le titre du premier album est ici rockisé pour coller à la scène. Le titre est plus saturé et Adrienne colle parfaitement au personnage " sur mon tabouret bourrée… ".
Sur l’intro de " Chanson d’amour ", Adrienne lance un " je ne vous ferai pas l’affront des briquets ça craint " et son guitariste de rétorquer, " on fait cela avec les portables maintenant ! ". Adrienne lui répond alors, " je n’existe plus je ne suis plus une personne humaine "…
Après l’injustice du temps qui passe, l’injustice du monde du travail, la fille du prisunic, " Y a pas que des connes, y a aussi des cons " pour lancer " j’ai fait l’amour avec un con " et on pense aussi à MIOSSEC en début de carrière, comme une chroniqueuse de la vie amoureuse et de ses contemporains, acerbe, gouailleuse mais toujours juste.
Adrienne dépolie mais à l’acide de la vie, et malgré tout avec éclat. Le verbe polir lui convient parfaitement, rendre poli par frottement, et il est évident que la vie l’a frottée, œuvrée, pour la rendre telle quelle se présente à nous, meurtrie mais debout.
Adrienne Pauly a quitté la case Variet pour entrer de plein pied dans la cours musicale rock. Welcome back !

Set-list:
Tout l’monde s’éclate
La Conne
L’excuse-moihiste
J’veux tout, J’veux rien
Comme un Truc qui déconne
C’est toujours
Vas-y, Viens
La bête qui est en moi
Chanson d’amour
J’veux un mec
Les femmes ça fait PD (reprise de Régine
Juste un moment
La fille au Prisunic
L’amour avec un con
Chut

Photos :


Cette soirée nous permet une belle dualité, la jeune artiste qui finit sa tournée contre la chanteuse qui œuvre depuis 2006 et qui ouvre ici ce soir par la première date de sa tournée.
Après une longue intro, FISHBACH entame " Tu vas vibrer " et nous sommes tous convaincus dans la salle que nous allons vibrer. Seuls les Beats de Nico Lockhart accompagnent la voix de FISHBACH et Michelle et Alex se tiennent debout devant leur micro respectif. Sur " Béton Mouillé ", FISHBACH scande un " mais je ne voulais pas rentrer seule " et il est évident qu’elle n’est plus seule à la veille de sa prestation aux victoires de la musique.
FISHBACH déroule son set habituel et sur " On me dit tu ", je retrouve un peu de la fable du vieil homme et la mort " Le plus semblable aux morts meurt le plus à regret ". Flora personnalise la mort sur ce titre et se pare d’une froideur pour décrire la faucheuse. Sur " ma voie lactée ", les riffs de basse de Michele se renvoient la balle avec les accords de Nico et on voit que les artistes connaissent les titres sur le bout des doigts.  L’inédit " Boite en papier " qui est présent sur l’édition limité se fait tout en beats.  Le meilleur de la fête relance un peu la salle avec un peu plus d’énergie. Le set se poursuit et Flora lâche un " c’est une reprise " et le public crie " La Babouche ", la chanteuse leur demande de patienter un peu. Il s’agit de la reprise de BERNARD LAVILLIER " petit monstre ".
Le set se densifie et pour nous il n’y a aucun doute, la " révélation scène " est belle bien la chanteuse qui envoute la salle de Massy ce soir.  " Un beau langage " se fait plus calme mais les paroles sont superbes. Un des climax de la soirée sera " un autre que moi " qui est certainement une des meilleures chansons de cet album qui fêtait ce soir sa première année.
Le temps d’un petit rappel, le groupe revient avec la " Babouche " et la chanteuse semble émue en cette fin de tournée.  Dès les premiers accords de cette reprise, certainement issue d’un pari de fin de soirée alcoolisée, la salle remonte la pression d’un cran. Flora à la guitare est rejointe au fur et à mesure rejointe par le groupe qui réalise une petite chorale derrière elle.
Le dernier titre " c’est une chanson qui promet d’en avoir d’autres, elle s’appelle"« Y crois-tu ? ", moi j’y ai cru ". Les premiers accords se font presque religieux, le phrasé se fait lent, puis les beats arrivent. L’émotion de joie mêlée de fatigue de la tournée est palpable et cela ne fait que donner du relief à la prestation de ce soir. La chanson se dilue sur plus de 6 minutes comme pour retarder la fin du concert.
Le public sort de la salle mais ne semble pas rejoindre le froid et la neige extérieur, les émotions de ce soir étant encore trop vives pour tous.

Set-list :
Tu vas vibrer
Béton mouillé
Eternité
On me dit tu
Ma voie lactée
Boite en papier
Meilleur de la fête
Feu
Un beau langage
Château
Nightbird (petit monstre) cover Bernard Lavilliers
A ta merci
Invisible désintégration de l’univers
Mortel
Un autre que moi
Rappel :
La babouche
Y crois-tu ?

Photos :


Nous retrouvons Adrienne pour une dédicace sur la set-list et elle semble " euphorique " de son set mais finalement est la même sur scène qu’en vrai. Le temps de dire à l’équipe de Flora que nous croisons les doigts pour le lendemain et les victoires de la musique, nous reprenons notre chemin et le cours d’une vie normale et enneigée.

Merci à toute l’équipe FISHBACH pour leur disponibilité, merci Bruno pour les bières et un grand merci à Adrienne et à Chloé pour ce pass photo et l’invitation.


(Review et Photos réalisées par Djaycee)

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