EUROCKEENNES DE BELFORT 2012
Belfort le 29, 30 juin et 1er juillet 2012
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Je hais les prévisions météorologiques ! D'une part, parce que les gens s'y fient dur comme fer et d'autre part, parce que quand elles s'avèrent pessimistes, cela se fait ressentir sur le moral de la population. Et évidemment, prévisions pour les Eurockéennes 2012 : un week-end fort incertain débouchant sur un dimanche médiocre. Cela ne va pas arranger la maussade programmation de cette année.

C'est l'heure du départ, les bagnoles sont pleines à craquer ! Peu de temps après, nous sommes aux abords du camping, route quasi déserte, arrivant parmi les 10 premiers convois alors qu'il est aux alentours de 15h. Hormis une signalisation moins efficace que les années précédentes (moins de panonceaux), on constate déjà qu'un soucis ergonomique de taille a été réfléchi de pour l'accueil optimal du guerrier armé de sa tante : le passage de l'entrée sur le camping. Alors que les anciennes éditions laissaient patienter les futurs campeurs aux portes du camping à l'aide d'une interminable queue en zig-zag, 2012 est l'année où le compte-goutte n'a plus lieu : le ticket est donné à un endroit, le bracelet est donné à un autre, directement par la personne qui nous fait entrer, pas de compte-goutte, aucun temps mort. Ceci à peine derrière nous, une autre nouveauté est à découvrir : le festival a prévu des sacs poubelles à profusion pour le tri des déchets. Ils sont donnés gratuitement aux festivaliers qui, durant ces quelques nuits de débauche, leurs trouveront diverses utilités (k-way, boîte à vomi, etc...). Certains iront même jusqu'à mettre leurs déchets dedans ! L'action s'est avéré être une chouette réussite... bon après, pour le tri faut pas pousser, on n'est pas à un festival hippie non plus. Mais le sol restera largement plus propre que les années précédentes.
Bref, nous sommes jeudi soir, les gens sont étrangement calmes, le camping est un peu festif mais pas trop, beaucoup sont saouls mais aucun " warm up " n'est à l'horizon. Beaucoup de puristes des Eurockéennes iront regretter cette scène de concert au milieu du camping mais en contrepartie, nous avons droit à un stade de beach soccer balançant sans cesse une quinzaine de morceaux tantôt Rock, tantôt beaufs (esprit foot).

Côté camping :
Sans surprise, les " il fait tout noir ", " apéro " et " libérez Bob L'Éponge " sont encore et toujours présents en abondance sur l'aérodrome aménagé. L'ambiance n'est pas exceptionnelle, et bien que bon enfant, la motivation avait de la peine à se faire ressentir, la faute à un temps qui va motiver les gens à ne pas trop bouger de leur propre campement.
Pour les habitués : c'est encore, mais à peine, plus calme que les années précédentes, les points positifs étant la possibilité de dormir lorsqu'on est fatigué et la possibilité de discuter sans gueuler ou sans qu'un ivrogne ne fasse l'étalage de ses attributs colossaux à des moments impromptus, (lorsqu'on coupe le sauciflard par exemple).
Pour ceux qui n'ont jamais participé à ce petit moment rituel faisant des Eurockéennes ce festival magique : et bien c'est un camping où des milliers de gens se mettent gentiment une mine mais restent joviaux et corrects en règle générale. Donc même si ce n'était plus le camping d'il y a 3-4 ans au niveau de l'ambiance, la bonne tenue des gens semble s'améliorer grandement. Après, concernant les toilettes et les douches, faut pas se leurrer, même si elles sont toujours aussi nombreuses et rigoureusement nettoyées, chacune est dégueulassée / détruite / impraticable à un moment ou à un autre.
En général surtout au moment où l'on a envie de se laver...



Côté concerts :
Mon parti pris durant cette édition aura été de me fixer un ou deux noms par jour à ne surtout pas manquer, le reste étant laissé au hasard, la découverte se faisant alors là où mes jambes me porteront. Plutôt que de vous raconter froidement tous les concerts aperçus partiellement ou complètement, je vais plutôt mettre en valeur les live qui m'ont marqué (positivement comme négativement).

Vendredi 29 juin :
ART DISTRICT (Loggia - 18h - France) :
Les mecs s'amènent sur scène avec une attitude carrément new yorkaise, très détendus et à l'aise avec le public malgré le fait que ce soit un groupe sélectionné aux "repérages". Belle petite surprise pour commencer, sans prétention, le son est bon et le mélange Jazz / Hip-Hop old school me séduit totalement surtout que l'accent anglophone des deux chanteurs est parfait et que l'un d'eux est une human beatbox très impressionnante.
À découvrir donc !

GENTLEMAN (Grande Scène - 19h - Allemagne) :
Ancien amateur de groupes comme RASPIGAOUS ou PERCUBABA, le Reggae roots ne m'attire pas et je m'étais laissé dire que Gentleman était l'un des plus éminent représentant Reggae pour stonard qui soit. La troupe de potes fans y allant, pas d'autre choix que d'y jeter un oeil. Et c'est sur le cul que je savoure une bonne brochette de titres très entraînants, un Reggae actuel qui pète, qui est festif et dont le positivisme est largement transmis au public qui sait apprécier cette première du style de l'année 2012.

THE KOOKS (Esplanade Green Room - 22h15 - Angleterre) :
Il fait nuit désormais, il fait bon, je ne sais pas en face de quoi je suis mais ça commence. Les lights s'éteignent et un groupe un peu jeunot arrive. Du Rock aux courbes anglaises, un peu facile mais ingénieux sur les bords. Tantôt super efficace, tantôt un peu trop mignon.
C'est vers les 3/4 du set que les morceaux chiants arrivent, dont une certaine balade qui casse le rythme. Mais mine de rien, les KOOKS m'ont captivé jusqu'à la fin sans trop me perdre en cours de route alors que leurs enregistrements ne m'intéressent pas. Bonne patate, bons titres, son passable, public réceptif : presque putain de live !

THE MARS VOLTA (La Plage - 23h15 - USA) :
Je suis tranquillement en train de manger, croisant des potes qui me disent "à la plage, y'a un groupe avec un nom imprononçable genre planète en trois mots". Tilt !
THE MARS VOLTA, l'un des noms point d'interrogation que je voulais absolument voir ! Il est 0h25, j'arrive, le set se termine.
Les trois dernières minutes étaient quand même remarquables... merde.

C2C (Esplanade Green Room - 0h30 - France) :
La relève de BIRDY NAM NAM. J'avoue avoir écouté ce que mon coeur m'a dicté d'écouter cette ces derniers temps et malgré les harcèlement pour que je m'y mette, le phénomène C2C n'a pas trouvé de place dans mon emploi du temps musical. Et n'importe qui sait qu'il est largement plus simple d'apprécier de bons morceaux que l'on connait bien que de découvrir de bons morceaux. J'y vais donc en total néophyte. Et là, autant dire que la comparaison à BIRDY NAM NAM est carrément rédhibitoire.
Complètement déçu par ces derniers deux fois de suite (dont un passage aux Eurockéennes) alors que grand amateur des deux premiers albums, l'effet inverse se produit maintenant. Les écrans géants crachant de la vidéo au kilomètre, les DJ's envoient de la musique lourde, complète, riche, percutante. Je n'en reviens pas, le son et la vidéo vont vraiment bien ensemble, je suis gâté par ce qu'il m'est donné de voir ce soir ! C'est la meilleure surprise du vendredi pour moi.

SHAKA PONK (Grande Scène - 1h45 - France) :
Encore émerveillé par la troupe de scratcheurs, je me dirige vers la plus grande scène, m'attendant à clôturer la soirée avec panache. Finalement non, l'euphorie retombe, SHAKA PONK débite un set qui varie entre hits potables des premiers albums et niaiseries du dernier.
Bonne énergie mais ce singe batteur en images de synthèse fait vraiment tâche. On se croirait de retour au milieu 90's. Je m'ennuie, c'est sans surprise, je rentre au camping grâce aux nombreuses navettes et presque aucune attente puisque les concerts ne sont pas terminés.

Samedi 30 juin :
HATHORS (Club Loggia - 19h15 - Suisse) :
Gagnant suisse des repérages, ces mecs font une sorte de crossover Metal - Rock à la fois Punk Grunge garage en poussant chacune des facettes à leur dernier retranchement. Ils bougent à fond, sont super motivés et boostés par le public. C'est sans prétention qu'ils envoient avec une grande maîtrise un set ravageur, bien violent tout en conservant un grand côté mélodique. Un groupe à retenir !

DROPKICK MURPHYS (Grande Scène - 20h15 - USA) :
Leur intro loupée à cause d'une molesse de composition (et non du son), je me dis que cela ne reflètera pas la suite de leur prestation. Pourtant, ce n'est qu'un titre de plus que je reste, préférant ne pas m'ennuyer plus par un morceau trop épuré à mon goût et quoi qu'il en soit trop mou. Largement déçu par le mythe qui dirait que " DROPKICK MURPHYS ? Y'a rien de plus énergique en live ".

KAVINSKY (La Plage - 20h50 - France) :
L'homme le plus controversé du Headbanger joue sur " la plage à Pedro ". La prestation me déçoit très nettement, l'homme étant comme une fourmi au milieu d'un hangar, balançant tant bien que mal ses morceaux. Je sais maintenant pourquoi je n'aime pas les DJ set ! Parce qu'il ne se passe rien, surtout quand aucun effort visuel n'est fait (lights, écrans, rien du tout !) et que l'homme a été présenté par une nana venant chauffer le public, comme le héros de la soirée, la légende Electro blabla... Aucune valeur ajoutée pour le coup. Alors bon, s'asseoir sur sa réputation, surtout après avoir participé à la bande originale de Drive, c'est un peu facile. Seuls les hardcore fans semblent et le public facile semblent conquis. (Mal)heureusement, la pluie s'incruste alors même que les premiers instants de " Nightcall " se laissent entendre. Il doit s'arrêter. Tant mieux, mais dommage pour le reste des groupes prévus à la plage qui doivent être annulés.

MURKAGE (Club Loggia - 21h30 - Angleterre) :
À cheval entre Dubstep, Electro et Hip-Hop très lourd, MURKAGE c'est 5 mecs venus de Manchester qui commencent à percer en Europe. Leur set me fait penser à l'énergie dégagée par FOREIGN BEGGARS ou, dans une moindre mesure, DOPE D.O.D.
Vraiment surexcités sur scène, les mecs font comme un rempart, une muraille survoltée qui sauterait dans tous les sens et qui exploserait à chaque refrain. L'un des concerts les plus jouissifs, les plus dynamiques et violent de la soirée mais surtout l'une des rares prestations où le son est optimal. Un des groupe à voir ce samedi !
Et pendant ce temps, la météo ne s'améliorera pas.

DIE ANTWOORD (Esplanade Green Room -  23h15 - Afrique du Sud) :
Après avoir esquivé au mieux les torrents de pluie, mais surtout après avoir constaté avec embarras à quel point les membres de THE CURE avaient vieilli, je me rends au hasard devant la Green Room où s'entasse un public extrêmement dense. Je reste... mais à qui vais-je avoir l'honneur ? Peu après, un gigantesque symbole lumineux pouvant s'apparenter à une marque de fringue type Volcom s'allume au centre de la scène. Deux personnages revêtis de survêtements à capuche baissent la tête et attendent la détonation qui mettra le feu aux poudres. Les lights jaillissent, la musique part, l'ambiance est instantanément propulsée au plus chaud de la soirée.
C'est DIE ANTWOORD, je reconnais l'espèce de cyborg minuscule et le mec à l'allure impossible. Puis ça en devient tout simplement le meilleur moment de cette édition tandis que je trouve ça insupportable sur disque où à écouter chez soi. Cette voix de fillette et ce mec visuellement si dégueulasse, cette prétention programmée que l'on peut sentir dans les clips et enregistrements, tout cela s'évapore sur scène pour un Hip-Hop pas si minimaliste que ça et qui va être un excellent moment de fête. La nana chante peut-être en playback étant donné les effets et les prouesses plus qu'improbables qu'elle arrive à effectuer mais on s'en fou, c'est bel et bien la fiesta. La pluie on s'en fou et on se laisse tous emporter par le duo hors du commun.
Une vrai réussite et une rareté pour les Eurockéennes, cette prise de risque a été une brillante initiative.

Justice (La Grande Scène - 1h45) :
Jamais vu auparavant, c'est l'un des noms qui m'a le plus motivé cette année, appréciant beaucoup leur premier album. On patiente, le temps se maintient à quelque chose de pas trop dégueulasse si l'on ignore le mètre de boue sous nos pieds. Tout le monde est bouillant, les gens scandent le nom du groupe à chaque fois qu'un ingé son bougera un peu un élément de la scène. Hystériques vous dis-je ! L'espace d'un instant, je vois les deux façades d'amplis Marschall amenés au devant de la scène clignoter sous forme de pixels. Soit la bière ingérée n'était pas de première qualité, soit la fatigue me monte vraiment à la tête. Pas bon signe.
Bref, enfin, comme une évidence, le concert commence avec " Genesis ", nos deux comparses de dos, attendant le bon moment pour se montrer. Tout le monde bande et brûle, l'intro est rallongée, la tension est extrême, on veut que ça commence. Et c'est partie, le ton est lancé, le son est bien trop fort et les basses écrasent toute audibilité. Les morceaux sont massacrés par cet excès de basse qui va rendre un show visuel frôlant la perfection peu supportable pour quelqu'un qui écoute en même temps qu'il s'amuse. Les amplis n'en sont pas réellement, s'illuminant en rythme sous forme de murs de pixels blancs et noirs. Tout est tellement parfait pour nos yeux que le crime auditif passe quand même un certain temps, d'autant plus que le set est largement axé sur le premier album.
Mais rien n'y fait, je m'en vais avant la fin, les kilos de son n'étant pas perceptibles correctement, je m'en vais conquis par le show, totalement déçu par le son typique de la hype dite " Electro " actuelle (GARRAUD, CLAMARAN, etc...) soit du BOUM BOUM à tout va au détriment des lignes plus subtiles. Petit tour en navette et festivités au camping.

Vous constaterez que je ne mentionne aucun concert du dimanche, pour la simple raison qu'il m'a été impossible d'y assister : le mauvais temps (boue proche du sable mouvant) ayant entraîné une friction extrême de mes tongues sur mes pieds, j'ai été contraint d'évacuer lorsque la plaie s'est infectée. Adieu, la promesse d'un dimanche qui allait être la meilleure journée des Eurockéennes. Avant de vous quitter, un petit conseil pratique tout de même : quelques jours après les festivités, une jolie lettre contenant une mignonne amende datée du 1er juillet se présente à ma porte. Effectivement, les 3 minutes où la voiture était garée devant le camping au lieu du parking prévu, afin d'avoir à éviter à marcher dans la boue sons une hécatombe de pluie et avec le pied infecté, leur a suffit à verbaliser toute la file de vaillants campeurs déçus par le temps et contraints de partir. Profiter du désarroi des gens pour leur soutirer de l'argent, si ça c'est pas sucer le phallus de l'état, je ne m'y connais pas. Donc, pour éviter les ennuis ne vous garez que là où c'est prévu, même 30 secondes pourraient vous valoir une amende apparemment. Mais passons, sans cet épisode fâcheux avec des flics toujours plus connards, cette édition était encore une fois un succès, sans hésitation.
Adieu les Eurockéennes et à l'année prochaine bien évidemment !


(Review réalisée par Ben
Crédit photos : Hugo Chevalier, Stéphanie Durbic, Stephane Spatafora, les Eurockéennes)

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