DOUR FESTIVAL 2017
Dour le 12, 13, 14, 15 et 16/07/17
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Chaque année, le Festival de Dour s’impose comme l’un des plus prestigieux festival d’Europe : programmation aussi éclectique qu’hallucinante, ambiance aussi rock’n’roll que bon enfant, prix attractifs pour une quasi semaine de festivités et organisation optimale. Si certains hésitent avant de passer le cap de la première fois, tous ceux y étant déjà allés le savent, le goût de reviens-y se fait sentir à peine sur la route du retour. Puis on compte les mois, les semaines, et enfin les jours, et on y retourne. Si vous ne connaissez pas cette sensation, je vais tenter de vous expliquer pourquoi le Dour Festival fait cet effet.

LES 5 BONNES RAISONS D’ALLER AU FESTIVAL DE DOUR :

1. La programmation :
En Europe, et plus particulièrement en France, lorsque vous avez la possibilité de vous entretenir avec des programmateurs de SMAC ou de festivals, le refrain est toujours le même : " on a de moins-en-moins d’aides, de subventions, donc on doit prendre les artistes en pleine tournée, lorsqu’ils sont disponibles et peuvent réduire leurs cachets. Et c’est surtout en période de festival ". Du coup, on comprend pourquoi des groupes prestigieux comme CYPRESS HILL, PHŒNIX ou CHINESE MAN se retrouvent sans cesse en têtes d’affiches d’une bonne douzaine de festivals par an. Le Festival de Dour ne passe pas à travers certains noms cultes, en témoignent VALD, WAX TAILOR, DIE ANTWORD ou JUSTICE.
En fait, c’est inévitable lorsqu’il s’agit d’une programmation comprenant plus de 240 noms ! Mais à côté de ça, on va trouver l’une des rares prestation de l’extraordinaire LOYLE CARNER en Europe, un moment si touchant qui a ouvert cette édition 2017, avec tellement de classe qu’il aura été difficile d’égaler cette prestation Hip-Hop par la suite. Bon, j’abuse un peu, il y avait NAS qui nous a honoré de sa présence la journée suivante et qui a été particulièrement bon, ou DE LA SOUL qui, lui, n’a pas forcément été très probant.
Côté Rock / Metal, on n’a pas été en reste non plus, puisque le phœnix NOSTROMO était de la partie. Un live efficace mais pas particulièrement marquant où " Ecce Lex " semble avoir été oublié… Et leur show ressemblait plus à un simple concert de Hardcore qu’à un moment d’anthologie orchestré par l’une des légende du Grind… Peu importe, puisque l’incroyable set d’IGORRR nous fait oublier le reste. Cet homme à l’accoutrement tout droit issu du folklore Black Pagan, pourrait faire croire que ses borborygmes sont lâchés au hasard, mais il fait preuve d’une telle maitrise vocale qu’on ne peut que rester bouche-bée devant son charisme. De son côté, Laure Le Prunenec, la splendide chanteuse lyrique, ne fera aucune fausse note et rendra mystique les morceaux pourtant brutaux d’IGORRR. Ce Yin et ce Yang réunis sur scène est aussi improbable que compatible. La Belle et la Bête nous gratifient donc d’un live sensuel et violent, où le beatmaker va balancer un morceau Glitch en solitaire, particulièrement bien senti. Ce set baroque représente l’un des plus gros moment du Dour 2017.
Aussi, comment ne pas parler de la prestation d’AMENRA avec ses lourds morceaux de Sludge Doom instrumentaux. L’ambiance est sombre mais énergique et les projections contemplatives sur l’énorme écran d’arrière scène achèvent de fixer une atmosphère hypnotique à un autre live très marquant. On peut également mentionner comme exceptionnelles les prestations de CARPENTER BRUT, avec son Metal Dark Synthwave particulièrement catchy, ou PERTURBATOR intervenant juste après, qui innonde la scène de " LA CAVERNE " avec une violence musicale jouissive. Sans oublier le set si frais de NINA KRAVITZ à la scène " DE RED BULL ELEKTROPEDIA BALZAAL ", le possédé THE GASLAMP KILLER qui n’en finit pas de malmener son public avec un Dubstep très complexe mais extrêmement entrainant, ou le culte TRENTEMOLLER.
En gros, que ce soit dans le Metal, l’Électro, la Deep House, la Techno, le Hip-Hop, le Rap, etc… tous les incontournables se retrouvent dans la programmation du Dour et s’entremêlent à des noms encore méconnus mais irrésistibles. Et très franchement, pour 155€ les 5 jours de festivités, pourquoi se priver ?

Dour Festival 2017


2. L’ambiance :
Depuis le parking du festival jusqu’aux scènes, on comprend que tout le monde est là pour chiller et se faire des potes, peu importe qui tu es. Le DOUREUUHH, c’est un peu une grande famille, finalement. On entend souvent cette histoire de clivage entre Français et Belges, or ici, on a la confirmation que la musique rassemble et que le reste importe peu. Tout prétexte est bon pour un apéro entre voisins, chaque moment d’attente devant les portiques de sécurité devient une excuse pour se marrer avec des inconnus, tout cri de ralliement sonne comme un aka à l’échelle d’un camping entier. L’entraide est omniprésente, que ce soit pour faire monter les gens trop petits sur ses épaules pour matter du live, ou pour se faire payer une Jupiler par quelqu’un qui aura quelques tickets " food " en trop, etc… Dour devient l’épicentre de l’échange et des rencontres.
Aussi, il n’y a aucune limite vestimentaire, on pourra donc voir une clique de Power Rangers prendre la pose, des bananes rentrer dans des gens, des hommes vêtus uniquement de quelques plaques de carton, des gens déguisés en Crayola, etc… Chacun vit à son rythme, selon ses propres codes, sans prendre en compte le temps qui passe, en dehors des impératifs scéniques.
L’unique problématique avec cet état de siège festif, c’est " quand est-ce qu’on dort ? ". Alors, petit conseil, puisque les campings sont blindés, mieux vaut emporter des bouchons d’oreille pour dormir tranquillement !

3. Les extra :
Ce n’est pas parce que l’ambiance est déjà exceptionnelle entre festivaliers et que les 7 scènes plus prestigieuses les unes que les autres suffisent à régaler, que le Festival de Dour n’a pas prévu de quoi se faire plaisir à côté. Que ce soit sur le site du festival, ou sur le camping, des stands et attractions vont enjailler les festivaliers pendant toute la durée du séjour.


Sur le camping et sur le site :
- On n’est pas obligé d’avoir envie des solutions alimentaires des supérettes du coin, raison pour laquelle le festival de Dour est jonché de stands de fricadelles, de falafels pour les végétariens, de frites maisons, etc… On peut s’offrir tout cela à une condition : avoir obtenu des tickets " food " auparavant, qu’il faudra acheter à un stand spécialement prévu à cet effet. La nourriture n’étant pas spécialement bon marché sur le festival (comptez au minimum 6€ euros pour un sandwich chaud), les tickets " food " sont un peu le bémol du festival car ce sont des simples liasses de cartons imprimées. Du coup, ils sont simples à perdre, même dans sa poche, et sont simples à détruire en cas de transpiration intense. Il en va de même pour les tickets " boisson ".
En revanche, les bières disponibles sur le festival ne sont pas les immondes breuvages disponibles sur les festivals français. Ici, il s’agit de Jupiler et de Hœgaarden, entre autre. Mais ne boudons pas les mets aussi gras que délicieux proposés par dizaine sur le festival !
- Mais si t’es un peu fauché, tu peux récupérer des déchets, et les échanger contre du Coca au stand Coca-Cola, ou contre des bières à un stand de boisson classique. Il te suffira de regrouper des déchets plastiques dans un sac poubelle ou des piles de gobelets pour effectuer la transaction. Alors ne l’oublie pas, le tri, c’est la vie !

Sur le camping :
- Tu avais peur de ne pas pouvoir faire ton sport pendant la durée de cet événement pas forcément super sain pour ton corps d’athlète ? Eh bien, ce n’est pas grave ! Au beau milieu du camping, tu trouveras à 11h pétante, des animateurs profs de fitness qui te feront bouger ton boule. Totalement gratuit, qui le veut rentre dans la partie et peut s’octroyer un petit moment de bien-être.
- Le camion ambulant aux couleurs de Red Bull s’y trouve également, mais pas aux mêmes heures. Un DJ vient alors animer l’espace pendant quelque heures afin de chauffer le camping !
- Mais ce n’est pas la seule solution pour s’y déhancher, puisque le bar dancefloor permanent va diffuser de la musique une bonne partie de la soirée pour inciter à la fête !
- Cette année, un stand de nouilles en pot te permettait de jouer à des jeux pour gagner des nouilles et des capotes " en pot ". Aussi, tu pouvais aller faire cuire des aliments à ce stand. Très bonne idée !
- Et comme après avoir bien dansé avec une conquête du camping, tu lui a offert un pot de nouille déjà prêt, t’es le ou la boss, mais il faut te protéger. Rendez-vous au stand de prévention d’IST pour récupérer quelques gommes de protection pour passer une soirée parfaite !

Sur le site :
- Cette année, le festival de Dour a fait fort pour les amateurs de houblon. Un nouveau bar à bières spéciales propose un paquet de breuvage pour varier les plaisirs : les Leffe Blonde et Ruby, des IPA, des Goose, etc… Difficile de ne pas trouver chaussure à sa gorge. Ou bulle à son pied, peu importe…
- Et puisque picoler n’a jamais été plus dans adéquat qu’en festival, qui plus est en Belgique, le bar du Petit Bois ouvre ses portes pour la première fois cette année. Situé entre la grande scène LAST ARENA et la scène Metal LA CAVERNE, ce chill bar permet de se relaxer dans un hamac et d’être dans un cadre calme pour se reposer un peu tout en sifflant quelques mousseuses. Malheureusement, il faut faire la queue et attendre que de la place se fasse pour avoir droit de rester dans ce havre de paix.
- De son côté, la Boudin Room regroupait le samedi deux concepts simples comme bonjour : un DJ et un charcutier. C’était évident pourtant, de manger de la saucisse artisanale sur du gros son ! Pourquoi aucun autre festival n’y avait pensé plus tôt ?
- Le stand de téléphonie « Proximus » permettait, suite à un concours vidéo à plusieurs, de remporter des goodies du festival, comme des casquettes particulièrement utiles cette année !
- Le stand " Win For Life ", la loterie nationale belge, permettait de se faire découper les bouts inutiles de nos bracelets Dour en l’échange de jeux à gratter, ce qui permettait aux plus chanceux de gagner des cadeaux ou de quoi s’acheter victuailles et réjouissances !
- Et si tu avais envie d’avoir l’air thug, un stand de décalcomanies pouvait te faire accéder à l’expérience du tatouage, sans avoir à le garder à vie !



Bien entendu, il ne s’agit que d’une partie des attractions disponibles sur l’ensemble du festival, et chaque année, il y en a de plus en plus. C’est donc toujours un renouveau excitant qui rajoute une plus-value à l’expérience du Festival de Dour.


4. Le cadre :
Après l’effort, le réconfort. S’il est certain que de marcher 40 minutes de sa voiture à son emplacement de tente, c’est pas le pied, se retrouver en plein milieu de la nature dans un cadre inédit, ça se mérite !
Situé sur la " Plaine de la Machine à Feu ", le Festival de Dour est en fait installé sur une immense étendue verte, comprenant un stade et des champs. En tant que festivalier, tu verras à perte de vue des tentes, sinon des forêts et du gazon à l’horizon. Mais le mieux reste le site même. Les scènes sont assez éloignées les unes des autres pour que chacune soit dans un cadre précis. La LAST ARENA, par exemple, la scène ou jouent les têtes d’affiche, se trouve en contrebas d’une pente qui permet de ne pas perdre une miette des concerts des plus grands noms de chaque édition. La CAVERNE, dédiée aux musique expérimentales mais également au gros Rock et au Metal, porte bien son nom. Intimiste et sous un gros préau, le fait qu’il y fasse sombre rajoute de la crédibilité aux groupes généralement assez énergiques, sombres ou violents qui s’y produisent. Le LABO est un drôle de chapiteau de cirque géant très coloré, dans lequel tu trouveras bars et scènes. Ce sont les groupes de Rock planants, de Post-Rock, de musique du monde ou les groupes ovniesques qui s’y produisent. Mais la plus remarquable des scènes reste le RED BULL ELEKTROPEDIA, sponsorisée par la fameuse marque de boissons. Il s’agit d’un décor à la Mad Max, en pied de plaine où sont disposés des spots lumineux qui créent une atmosphère de teuf dès que la nuit tombe. Ses écrans géants vont permettre de voir les concerts de loin.
Les autres scènes que sont LA PETITE MAISON DANS LA PRAIRIE et LA BOOMBOX sont relativement similaires et plutôt classiques, ce sont des scènes couvertes à plancher boisé. Enfin, la petite dernière a changé d’endroit pour cette édition : le DUB CORNER se trouve entre les stands de merch’, en début de festival, et gagne en ampleur, faisant penser à certaines scènes extérieures des Boiler Room.



En bref, rien ne vient entacher la sensation de liberté conférée à la fois par une ambiance générale exclusivement potache et bon enfant, DOUREUH semblant d’ailleurs vouloir dire " prostitué " selon la légende, et par un cadre hors du commun qui fait ressemble le Festival de Dour à aucun autre en Europe ou sur le reste du globe.


5. L’organisation :
L’une des spécificité de ce cru 2017, c’est la déviation pour arriver au parking festivaliers. Le trajet est un peu plus laborieux en voiture et oblige à marcher bien plus longtemps avec tout son lot de bagages. Concernant la distance, on ne peut donc rien y changer, les festivaliers de Dour finiront avec des gambettes en béton, un point c’est tout.
Par contre, si on fait un peu attention à la disposition des choses, on se rend compte qu’en un an, l’équipe du festival a mûrement réfléchie à comment rendre fluide et le moins désagréable possible les passages " administratifs " obligatoires. Comprenez par là qu’en heure de pointe, arrivé à l’entrée principale du festival, lorsque vous avez à récupérer votre bracelet, à vous le faire poser, à entrer et arriver aux premières parcelles de campement, vous ne devrez guère compter plus de 15 minutes, ce qui est très appréciable par temps de canicule. Cette contrainte passée, on ne ressent que rarement le poids de « l’organisation », en dehors des contrôles anti-drogues et des portiques de sécurité disposés avant l’entrée sur le site du festival. À cette occasion, vous devez vous délester de tous vos objets métalliques, les mettre dans un bac plastique, comme à l’aéroport, et passer le sas susceptible de sonner si vous n’avez pas respecté les consignes. Ici sont retenus : tous les objets tranchants, les bouteilles, canettes, poches de camelback, parapluies, et une liste impressionnante d’artefacts loin d’être exhaustive qui va vous obliger à réfléchir méticuleusement à quoi emmener près des scènes. Cette mesure de sécurité rendant le festival vraiment tranquille évite la plupart des dérives des personnes bien cuites. On ne peut que saluer la fluidité à laquelle ces contrôles sont faits !
En revanche, l’un de mes voisins de fil s’étant improvisé Mr. Bibendum en mettant des canettes métalliques sous son pull et dans son pantalon, le portique ayant sonné et celui-ci ayant invoqué ses piercings, il a tout de même eu droit de rentrer. Une marge d’erreur est donc toujours possible…
Au final, cette remarquable fluidité se retrouve à chaque moment d’attente : aux stands de victuailles, de boissons, d’attractions, etc… L’astuce réside dans le fait qu’il faille déjà faire la queue un petit moment pour obtenir ses tickets de rationnement, pour ensuite à peine attendre et échanger ces tickets contre du matériel de calage d’estomac. Pas bête !


En conclusion, depuis 1989, le Festival de Dour ne cesse de s’imposer comme l’une des meilleures références de festival musical pour toutes les raisons possibles. Et concernant mes compatriotes français, cette impression est décuplée parce qu’il ne ressemble à aucun festival qui aurait lieu dans l’hexagone, tout en restant francophone ! En fait, à quelques pas de la frontière française, le Festival de Dour permet un dépaysement total, sans jetlag, sans barrière de la langue, sans avoir à se plier à d’autres conventions culinaires barbares, et avec de meilleures bières ! Le cadre est verdoyant et incroyable, l’ambiance y est détendue, la programmation est à couper le souffle, les bonus sur le camping et sur le site subliment nos souvenirs, et pour couronner le tout, en dehors de l’inévitable trajet à pied " voiture - camping ", il n’est à déplorer aucun bémol d’organisation.
Alors si le festivalier est reçu comme un roi, ses oreilles aussi…
Longue vie au festival de Dour !


(Review réalisée par Ben)

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