FESTIVAL DE DOUR 2015
Dour le 13, 14, 15, 16 et 17 Juillet 2016
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On a tous nos petits rituels. Que ce soit l’index dans la narine lorsqu’on est au volant, la tartine de rillettes trempée dans le café au petit dèj’, la margarine sur l’oiseau pour passer par derrière… On a chacun ces lubies qui nous définissent. Petits actes du quotidien ou engagements plus solennels devenant presque une étape de vie incontournable, telle une promesse faite entre potes par exemple, un serment envers soi-même (" la viande dans mon kebab n’a pas été respectée avant sa mort, je vais devenir vegan ! "), ou tout simplement une expérience qu’on a trop kiffé pour ne pas la renouveler, on retrouve tous ces cas de figure au festival de Dour.

Pour ma part, ayant abandonné une grande partie des festivals, aimant les artistes intéressants qui n’interviennent pas chaque année dans TOUS les festivals, quel qu’ils soient et sans exception, je préfère faire quelques heures de route en plus pour être certain que chaque jour de fête sera une sorte de quintessence scénique tant un ratio extraordinaire de noms résonne comme un eldorado musical et / ou artistique. Donc nikoumouk, ayant vécu un incroyable dépucelage en 2015, affrontant les rares inconforts de la première fois, ce rendez-vous me semble désormais immanquable, se plaçant ainsi à un degré d’importance supérieur à la naissance de mes enfants. Peut-être parce qu’ils sont roux, peu importe. Je suis donc dans le cas du serment envers moi-même puisque l’une de mes très rare résolution est devenue, depuis l’année dernière, de participer au festival de Dour tant que mon corps me le permettra. Parce que l’année dernière, j’ai ressentis la même chose qu’il y a 10 ans, lorsque j’étais dans la fleur de l’adolescence et que j’avais des frissons lorsque je vivais un festival. Et finalement, ceux-ci se sont peu à peu dissipés pour ne laisser place qu’à d’agréables moments se transformant en d’agréables souvenirs. À ce moment là, autant aller au festival de la lentille dans son village, c’est plus proche, et c’est presque pareil. Mais en période estivale, après bien des tentatives juste probantes, une contrée m’a redonné foi en la définition " festive " d’un festival, en le savoir faire la fête comme il se doit. Cette réponse tient en une éructation : DOUREUHHH !

Qui aurait pu croire que dans cette petite ville de 17000 habitants de la Belgique wallone, pourrait se trouver le plus grand festival de musiques alternatives belge ? Cette petite ville dont les habitations de briques rouges abritent des villageois qui doivent composer une fois par an, avec l’incessant flot de voitures, vans, et véhicules plus insolites, qui viennent se répandre en file indienne sur la route principale de la bourgade avant de s’immobiliser sur les 2 parkings improvisés pour l’occasion en zones champêtres. Qui aurait pu croire que ce festival, né en 1989, et qui n’accueillait " que " 5 artistes sur une seule scène, allait perdurer pour se renforcer au point de proposer, 27 ans après, sur 5 jours de festivités et 9 scènes, pas moins de 240 prestigieux noms, pour 230 000 festivaliers et plus de 50 000 campeurs avides de musique et de liberté.

Ma première fois en cette terre paradisiaque ayant été l’année dernière, il n’y a pas grand chose qui motive plus mes vacances que ce rendez-vous ! Et cette édition, je pars mieux préparé que l’année passée, ce qui implique une incroyable quantité de paramètres : du timing d’arrivé à l’emplacement d’arrivé, en passant par la charge à transporter du véhicule au camping - " putain, j’ai zappé ma lampe Berger ! " - et tout un tas d’autres choses que vous pouvez aisément vous imaginer lorsqu’il faut prévoir 5 jours de camping métissés de concerts intensifs. Parmi ces choses à gérer, l’une des plus importante : l’alcool ! Parce qu’à moins d’avoir le portefeuille de Cahuzac, il semble primordial de passer au Colruyt du coin, sorte de discounter de luxe qui se prépare au mieux à l’accueil des festivaliers. Et comme à chaque jour ses problématiques, malgré l’expérience des lieux, j’espère que vous trouverez dans ces prochaines lignes de quoi améliorer votre futur séjour en terre belge.

JOUR 1 - MERCREDI 13 JUILLET 2016 : Colruyt, camping, warm up, bright smile & ultra violence :
I. Organisation et camping :
Première étape incontournable du périple, et ce, avant même d’avoir garé la voiture : le ravitaillement en picole au temple Colruyt. Les consignes sont simples : sur le camping, ok pour n’importe quel breuvage si ce n’est pas dans un conditionnement en verre ou plus de 12 x 33cl en canettes métalliques, et concernant l’accès aux scènes, c’est pas d’alcool ni même de liquide, raison pour laquelle l’un de mes comparse s’est fait jeter la poche à liquide de son camelbak. C’est pas très permissif cette année !
Au magasin, il fallait donc veiller à acheter de quoi ne pas se ruiner sur le festival, ce qui implique qu’il faut boire pas mal avant d’aller aux scènes, ou être aussi malicieux que la moitié des festivaliers qui ont fait croire qu’ils avaient le bide du Père Noël pour faire passer des dizaines de litres de gnôle qui castagne. À toi de voir si tu as envie de jouer à ça, parce que tu perds tout en un coup si tu gères mal la mission. Reste que pour le moment, t’es dans ce supermarché noir de monde, où le personnel est préparé à te recevoir et demeure super détendu malgré l’imposante masse de furieux déjà éméchés qui viennent compléter leur collection de bières pour le camping. Le choix étant inespéré, c’est le moment de goûter ce qui se fait en Belgique, de se péter quelques Duvel si tu aimes les bières de caractère au goût accessible mais qui tapent à 8,5% ou alors, si t’as pas trop d’argent, la Jupiler qui passe lorsque fraiche mais moins bien que la bière discount Carapils dans d’autres conditions. Cette dernière s’avère le parfait compromis pour un achat en masse, parce que moins écœurante que la JUP !


Carapils, la bière la plus cheap, mais pas si immonde que ça…

Et s’il est important de se ravitailler là-bas, c’est également le lieu, sans abuser évidemment, où il te sera possible de remplir tes impératifs fécaux dans des conditions proches de l’optimal : papier toilette doux et résistant, propreté des toilettes, intimité, tout y est pour un instant plaisir qui n’aura pour seul effet que de booster ton séjour ! Malheureusement, il y a certains moments où des vigiles protègent l’entrée, donc à toi de voir si tu es patient ou non. Il n’empêche que même lorsque quelque chose nous est refusé dans cet établissement, c’est avec courtoisie, voir même avec humour. Un bon point donc pour l’amorce du séjour qui ne fait que témoigner du bon tempérament des Belges, même lorsqu’ils sont commerçants dans des conditions assez ardues et face à des Français quelques fois peu civilisés.
Ceci étant fait, je préconise de tout mettre dans le véhicule et d’aller jusqu’aux parkings du festival avec la cargaison dans le coffre, puisque dans le cas contraire, il faudra rajouter presque le double du chemin pour parvenir à son emplacement de camping. Après avoir été guidé sur le parking à la place restante la plus proche (à 20 minutes de l’entrée du festival) ce qui est une obligation si tu n’arrives pas le matin, avant ou lors de l’ouverture des portes, vient le moment de souffrance qui va durer jusqu’au premier checkpoint : l’entrée où te sont fournis les bracelets. Une fois passé ce sas, un double escalier passerelle plutôt violent t’amènes au point névralgique du festival puisqu’à gauche se trouve l’entrée des campings, à peine plus loin devant, l’entrée aux scènes du festival, et à droite, des policiers qui vont surveiller les festivaliers de manière drastique tout en effectuant fréquemment des fouilles approfondies pour tenter de modérer l’impact des drogues sur le festival.

La sommaire fouille pour accéder au camping étant faite, une évidence s’impose dès lors : venir à H+5 après l’ouverture des portes veut directement dire qu’il faut aller à la zone C du camping qui se divise en trois zones, chacune ayant ses forces et faiblesses :
• La zone A est la plus proche des scènes, idéale quand on n’a pas envie de marcher des plombes lorsqu’on est trop saoul (ou autre), mais c’est également l’emplacement où les tentes sont fouillées en premier par des visiteurs indésirés. Il est le plus difficile de s’y reposer lorsque nécessaire, l’incessant flux de festivaliers ayant pour étape obligée une fraction de la zone A pour se rendre à son emplacement. Par contre, c’est une zone bien desservie en stands de bouffe et autres petits plus qui contribuent à l’ambiance sur le camping.
• La zone B, un peu plus loin, et un peu plus en retrait, bénéficie de plus de tranquillité, ne demande pas forcément beaucoup de temps de marche, mais n’est pas aussi bien approvisionné niveau stands et attractions.
• Enfin, la zone C, anciennement zone D, est la plus immense des parcelle, mais la plus lointaine. Selon où on s’y trouve, on peut être exposé aux yeux de tous comme dans un zoo, et le risque d’être pris en photo lors d’une perche trop sévère est élevé, tandis qu’en se mettant un peu plus loin, dans une allée par exemple, ce sera le meilleur compromis entre ambiance et tranquillité. Et de toute façon, ce sera le choix de dépit de ceux arrivant quelques heures après l’ouverture du festival.


Le camping, à la zone C, sous le généreux soleil des 5 jours de festivités. Et justement, le camping, parlons-en ! En dehors de quelques Parisiens un peu trop débiles qui vont réserver des étendues de camping pour des hypothétiques potes qui " devraient " venir " d’un moment à l’autre ", il n’y a humainement rien à redire. Chacun est ici pour se la coller, partager, et s’amuser. Ainsi, en 5 jours, à part des mecs qui lançaient des œufs crus sur les gens, d’autres trop bourrés qui s’échouent dans ta tente et des Tchèques qui ont préféré éventrer des dizaines de boites de conserve et autres paquets de bouffes encore fermés parce que s’ils ne les mangeaient pas, personne d’autre ne le ferait, rien n’est à déplorer sinon des esprits détendus et ouverts. Au rayon des subtilités, on a pu voir que cette année, la mode était aux vagins de couchage à remplir d’air en courant l’y faire pénétrer. Demandant un certain coup de main, il y a fort à parier que cet objet, partant d’une superbe idée, soit oublié dès l’année prochaine tant ses acquéreurs capitulaient avant de parvenir à leurs fins. Concernant les solutions pour tenter d’être un minimum propre, il n’y en a pas mille : soit tu emportes ta douche solaire, à quantité d’eau limitée et précieuse sachant qu’il faut toujours faire un quart d’heure de queue pour accéder aux robinets mis à libre disposition, ou alors, tu te douches dans l’une des propre douche payante où la pression et la température sont constantes. Et pour ce qui est des toilettes… t’es en festival, pas à l’hôtel, donc faut accepter de pas pouvoir s’asseoir quand t’as une puissante envie, et quoi qu’il arrive, accepter de partager olfactivement les souvenirs des autres. Le PQ est par contre fourni par le festival qui ne sous-estime pas tes envies de torchage : le papier hygiénique y règne en abondance.

Le dernier point qui mérite d’être abordé à propos du camping réside en les infrastructures qui vont générer du confort et de l’ambiance, véritables boosters du séjour. Que ce soient les prises de courant en libre accès, les stands de sandwiches saucisse et cornets de frites aussi bons que chers, les ateliers de prévention sida où tu peux repartir avec un badge que t’as customisé toi-même, les bars dancefloor, les mini-boulangeries ou les ateliers de fitness ou de zumba, on y retrouve tout un paquet d’attractions pour ceux qui auraient peur de s’ennuyer.

II. L’entrée sur le morDOUR !
Les présentations étant faites, les tentes étant montées, les canettes vidées et les sacs préparés, il est temps de se rendre sur la version 2016 du site de Dour. Et c’est là que les choses ont un peu changé cette année, du moins, en apparence. Pour se rendre aux scènes, il te faudra passer les habituels murs de vigiles, mais également des portiques de sécurité à détection de métaux à cause des malheureux événements récents. Ce renforcement étant logique, on ne peut que critiquer l’ample sélection d’objets interdits d’accès aux scènes :
- TOUT alcool et contenant à liquide (ce qui comprend les poches de camelbak), parce qu’on est tous blindés de maille et qu’il y a un énorme choix de bières sur place (environ 2) ;
- les boites métalliques ;
- les glacières, au cas où t’as pas assez souffert en allant du parking au camping ;
- les substances illicites, donc tu sais ce qu’il te reste à faire sur camping ;
- tout ce qui peut être utilisé comme arme blanche, parapluies à bouts pointus compris ;
- objets d’artificiers, parce qu’on rentre pas en concurrence avec le Dour pour fêter le 14 juillet ;
- les barbecues, des fois que t’aies la motivation de remplir ton sac de charbon et de saucisses ;
- le matériel de camping, si vraiment ta passion lors des festivals, c’est la sardine et pas la musique ;
- les sacs volumineux, mais ne vous en faites pas, c’est une interdiction aussi subjective que laxiste (la seule) ;
- tout ce qui enregistre du son et de la vidéo, hors smartphones et hors staff presse ;
- les pointeurs lasers, si jamais t’es bloqué en l’an 2000 ;
- les marqueurs et bombes d’aérosols, désolé si t’avais prévu de faire la grosse commission entre 2 concerts ;
- les outils de promotion papier, parce qu’un festivalier étant déjà un cochon, faut pas pousser sur les détritus non plus !


Le couloir principal, juste après les portiques d’entrée.
Comme beaucoup de festivaliers mal avisés, un pote pas préparé à ces drastiques conditions s’est fait jeter sa poche à liquide à la poubelle, sans possibilité de la récupérer. Le vigile semblait avoir joué sa vie pour lui faire jeter sa poche à liquide, valait mieux pas trop faire le malin. Et ce n’est qu’après s’être fait délester de ces précieux artefacts, lorsqu’on remplit cet important cahier des charges, qu’on peut rejoindre la terre promise où on est confrontés à de nombreux commerces et attractions, à une très pratique structure pleine de casiers où poser ses affaires contre consigne, et des stands de nourritures et boissons qui demeurent peu flexibles au niveau des prix : pour manger, compter 6 ou 7 euros pour un sandwich chaud qui va caler quelques heures seulement, contre 3 à 5 euros pour les boissons et bières (Jupiler ou Hoegaarden blanche ou rosée), selon la contenance.


On trouve des stands de n’importe quoi. Y compris des bars à oxygène…

III. Neuf scènes, dont une toute nouvelle !
Le site est incroyablement spacieux, et malgré les heures de pointe, il est impossible de subir de bouchon en dehors du couloir post-fouille. Il est donc idéal de s’y déplacer et facile de se rendre à chaque scènes, les deux les plus lointaines étant à 5 minutes de marche l’une de l’autre. On peut donc adopter plusieurs stratégies : profiter de chaque live qui nous intéresse à fond et se reposer dès qu’on constate un temps mort sur la timetable, ou goûter un peu de chaque prestation comme des échantillons, ou encore faire les choses au hasard lorsqu’on se rend compte qu’avec plus de 240 noms, on ne peut pas tout connaître.
Concernant les scènes, la nouveauté 2016 consiste en une neuvième scène, rien que ça ! Cette petite nouvelle s’intitule la " Cubanisto Dancing ", intégralement couverte. Elle ressemble à s’y méprendre au " Labo " en plus grand. Mais pour que vous compreniez un peu de quoi il en retourne dans la suite du récit, il vaut mieux une brève présentation de chaque scène, par ordre croissant de capacité d’accueil du public :
• Le Dub Corner : petite enclave dédiée à la musique Dub ;
• La Cubanisto Dancing : cette scène sous chapiteau sert de dancefloor géant où se produiront de nombreux DJ sets et des artistes servant à faire guincher la foule. Jouxté à cette scène, un bar dédié à la boisson Cubanisto, bien évidemment. Pour y entrer, il va obligatoirement falloir passer sous une arche tirant un voile de jet d’eau inévitable. Cette idée qui n’est pas forcément brillante est inévitable et sacrément chiante lorsque la température baisse en soirée.
• Le Labo : au même titre que la Cubanisto Dancing, tel un grand chapiteau de cirque en dur, avec son parquet de bois et ses deux issues, cet espace sombre demeure intimiste et sert aux artistes rock et expérimentaux. Il est cependant plus imposant que son petit frère précédemment cité ;
• La Cannibal Stage : l’une des scènes culte du festival, située en plein milieu du site de la Machine à Feu. Son préau peut accueillir 6500 soiffards de gros rock, de punk, de metal, de hardcore, et même de techno bourrine ;
• La Jupiler Dance Hall : un peu plus volumineuse que la Cannibal Stage à laquelle elle ressemble, elle fait face à la Last Arena, à l’entrée du festival. On y trouve le fleuron de la programmation électro, reggae, et un peu de hip-hop. Évidemment, non loin d’elle, l’une des buvette Jupiler, légendaire sponsor officiel du festival, vient ravir les amateurs de houblon ;
• La Petite Maison Dans La Prairie : la plus éloignée de l’entrée du festival, elle a la même capacité que la Jupiler Dance Hall, à peu de chose prêt la même apparence, mais s’occupe des versants musicaux pop rock, hip-hop « bon enfant », folk et musiques du monde ;
• La Boombox : située en face de la Cannibal Stage, elle lui ressemble également. Elle sert d’outil d’expression à la scène soul, swing, hip-hop old school et new school, soit les nouvelles perles (VALD) comme les anciens tôliers (OXMO) ;
• La Red Bull Elektropedia : décor à la Mad Max, à petite scène totalement découverte, énorme capacité d’accueil de 10 000 spectateurs ! Cependant, tout le monde ne pourra pas voir la scène, mais ce n’est pas si grave puisqu’il s’agit majoritairement de musique qui se danse, ou qui se ressent et qui invite à la perche puisqu’on y retrouve le meilleur de la drum’n’bass, la techno, la minimale, la deep house et du dubstep. Et pour sublimer le tout, cette scène en pied de colline voit ce mur naturel parsemé de dizaines de lampes design qui viennent ajouter un cachet ovniesque et envoûtant à ce décor surplombé d’immenses pilonnes qui font penser au style steampunk. Elle est la scène à voir, même si l’on n’aime pas les artistes qui s’y produisent, puisque digne des meilleurs films de SF ;
• La Last Arena : en tant que scène principale située au plus proche de l’entrée du festival, elle est en total plein air et est la plus imposante avec son par-terre de spectateurs de 15 000 personnes. On y verra défiler toutes les têtes d’affiche du festival, peu importe le genre !


The Last Arena, la scène principale.


La Red Bull Elektropedia

Mais qu’il y ait 9 scènes, si le son n’est pas bon ou que les prestations sont mauvaises, ça ne sert à rien ! Je vous propose donc de vous dévoiler mon ressenti quant aux lives y ont eu lieu, levant cet insoutenable suspens concernant la question " c’était bien en fait ? ". Car oui, après toutes ces épreuves pour en arriver là, on peut enfin sabler le champagne et savourer avec le premier concert, la ligne de départ symbolique concernant 120h de festivités non-stop !
Alors let’s gauffre !
JUNGLE BY NIGHT | La Last Arena | 18:45 - 19:30 :
Premier live, avec un nom dont je n’avais encore jamais entendu parler. Les " blancos " tous droits venus d’Amsterdam nous offrent une très singulière prestation : beaucoup de cuivres, une base rythmique incroyablement technique et solide à base de batterie et de djembés. Leur style emprunte des rythmiques cubaines métissées à un touché jazz qui s’emmêlent à des phases tantôt maths, tantôt 8-Bits, lorsque leur lubie ne pousse pas vers la musique orientale. Accompagnée de leur version de Michæl Sera au clavier, la joyeuse bande va flirter avec des accents musicaux hispaniques qui évoquent le sable chaud, les plages et la sensualité endiablée. Armés de leurs cowbells et de tout un tas d’artefacts servant à maintenir d’envoûtantes embardées qui vont piocher dans le côté festif du ska en en supprimant le côté cliché, JUNGLE BY NIGHT est en fait une énorme concentration d’influences qui va même se servir de machines pour nous offrir un set riche et varié sans jamais s’éparpiller. En fait, appelons ça de l’afrobeat, style déjà éclectique à la base, mais enrichi. À mettre aux côtés de FAT FREDDY’S DROP, JUNGLE BY NIGHT est une imparable entrée en matière, et sous un soleil généreux s’il vous plaît. En ouverture exceptionnelle qui n’augure que du bon, on remerci la Hollande pour ce live grandiose du début à la fin !

DC SALAS | La Cubanisto Dancing | 19:30 - 20:45 :
Il est temps de découvrir la nouvelle scène avec un autre artiste inconnu au bataillon. Le temps d’entrer et de se prendre un filin d’eau froide sur la tronche, on est entré sous le mystérieux chapiteau qui est l’un des symboles de ce cru 2016 du festival. Le Bruxellois joue à domicile et intronise ce nouveau temple de l’Électronique. Empruntant ses sonorités à THE KNIFE mêlé à la mouvance deep house parisienne, il oscille entre minimale sentimentale aux mélodies fines mais entêtantes et interventions un poil plus énervées. Son set est d’une fraîcheur qui va mettre en transe sous peu qu’on se laisse bercer par ses beats tantôt apaisants et intimistes, tantôt puissants et entraînants. Très BRODINSKIEN dans sa manière douce d’amener une continuité dans son live, le choix de le placer en début de séjour me paraît une bonne idée puisque sa musique motive autant qu’elle énergise.

LA COLONIE DE VACANCES | Jupiler Dance Hall | 21:00 - 23:00 :
Que ce soit sur le papier - tigre - (désolé c’était trop tentant) ou via les échos de tous mes potes, LA COLONIE DE VACANCES semble être l’un des immanquable du festival. Le gang band qu’incarne ELECTRIC ELECTRIC, MARVIN, PAPIER TIGRE et PNEU jouit d’une réputation de fer, unanimement respecté des profanes comme des musiciens. Personnellement plus partagé, à cause d’une prestation de PNEU qui m’a fortement ennuyée, je me dirige vers le préau du Dance Hall pour voir comment se débrouille notre troupe de frenchies. Je ne parviens à me rapprocher du centre de l’arène que difficilement, une seconde entrée improvisée, à base de grilles placées à l’intérieur du préau, faisant un filtre que je n’avais encore jamais connu jusqu’ici. Je m’aperçois en fait que cette nouvelle sécurité est essentielle à leur concept, concept qui plaît : placez 4 scènes aux 4 points cardinaux de la salle sur lesquels sont placés 4 troupes de musiciens, le public étant alors pris en étau sonore entre 4 murs de noise décadente. À ce très bon concept s’ajoute un son très surveillé et étonnamment détaillé par rapport au fait qu’il y ait plus d’une dizaine de musiciens sur scènes et surtout 4 batteurs qui jouent simultanément, preuve de la précision et de la cohésion entre les grappes scéniques. Pourtant, malgré ces efforts et cette innovation conceptuelle, je m’ennuie rapidement. La performance est belle, c’est très sonore, très technique, bien souvent rapide, et les interactions, telles des questions réponses, sont à saluer, mais LA COLONIE ne parvient pas à m’emporter dans son sillage. Où est l’élément qui me captive, en dehors de cette singulière exploitation de l’espace qui, certes, décuple l’énergie dégagée par des compositions ultra robustes, mais qui manquent d’accessibilité pour le néophyte de leur discographie que je suis. Ce sera un bon souvenir malgré tout, parce que rares sont les groupes jouant avec l’espace de la sorte, même s’il y en a, et très belle performance en plus de ça. Mais au-delà, je ne suis pas convaincu, leur musique ne m’intéresse pas. Il me faut un autre de leur live dans une salle à dimension plus humaine pour pouvoir dégager un réel verdict quant à leur prestation.

THE VACCINES | The Last Arena | 23:00 - 00:00 :
Je parviens à retrouver mes potes au stand Jack Daniel’s, et après avoir dégusté quelques lampées de bière, on se dit qu’il y a un temps mort mais que THE VACCINES, c’est mieux que rien. Jeune groupe à l’ascendance vertigineuse, à la limite de la hype tant il colle à la mouvance ARCADE FIRE, FOALS et rock dit " alternatif " aux accents british marqués, on les retrouve dans des publicités et sur certaines radios un peu fermées d’esprit que les autres, mais ce que j’ai pu en découvrir ne m’a que faiblement persuadé : " encore un énième groupe anglais de balades mélancoliques ". On se rapproche de la scène, mais pas trop, pour ne pas se perdre, et le son est mou, en plus des compositions mellow. On reste pourtant, mais rien n’y fait, tout est du même bois : où sont les temps forts du live ? Que se passe-t-il sur scène sinon un groupe au point qui joue correctement ? Même les singles tels que " Post Break-Up Sex " n’ont rien de catchy, rien de désinvolte. Comme si INTERPOL s’était fait sédater. Le public très partagé me laisse penser que pour l’instant, leur place n’était pas forcément sur la scène que foulent les légendes et autres artistes dont la réputation écrase même la qualité de leur live, aussi mauvais soient-ils (SNOOP DOGGY DOGG, si tu m’entends). Passons notre chemin.

NETSKY LIVE! | The Last Arena | 00:30 - 1:35 :

En très belle promesse de fin de soirée réussie, NETSKAÏÏÏ officie en tant que premier ambassadeur du festival chargé de finir une journée en beauté. Encore des Belges, et encore une jeune formation puisque le groupe, fort de 4 albums pourtant, n’a que 7 ans ! Que ce soient leur drum’step easy listening, ou leur côté dance incisive qui tâche, on peut trouver ça " commercial " ou " trop facile ", mais c’est surtout un potentiel défouloir estival, une soupape de décompression musicale. Après l’actualité plutôt alarmante de ces derniers mois, ça ne peut faire de mal à personne. Et en tant que fervent défenseur de " 2 " qui a ses pistes énervantes autant que ses perles, c’est avec une grande attente que j’attends de voir ce que donne le groupe en live, d’autant plus qu’une rumeur circule : ce serait leur première scène en tant que groupe, étant plus généralement des aficionados du DJ set.
La scène s’illumine d’un simple " Netsky " inscrit sur l’écran, alors qu’une version épurée de " Running Low " retentit en guise d’intro. Le premier claviériste, détendu, amène une progressive montée, à laquelle Beth Dito, qui n’allait pas se déplacer pour 2 minutes de concert, ne participe pas. Le batteur fait alors son apparition, véritable sosie de MOBY, avec sa monstrueuse frappe sur sa batterie partiellement électronique. Le deuxième claviériste, Boris Dænen, dit Netsky (l’homme sur l’album " 2 "), fait alors son apparition, la clameur indiquant qu’il s’agit bien du protagoniste, en plus des sons si caractéristiques au groupe qu’il insuffle à cette intro. Le MC entre alors sur scène, et en une phrase d’accroche, la musique explose en même temps que le public devient hystérique. Ne s’attendant pas à une telle agitation, véritable marée de pogo humaine qui s’infiltre jusqu’à la dernière strate du public, l’une de mes voisine se fait tout simplement déboiter le cartilage du nez dès les premières minutes d’un live incroyablement intense. Il faut s’accrocher, parce que c’est la fête et que tout le monde a encore toute son énergie, distillant une motivation violente à ses compagnons alentours. Notre protagoniste à la chemise blanche qui s’occupe principalement de motiver la foule à coup de slogans de coach en motivation de public, ne s’arrête jamais, il bondit dans tous les sens et occupe la large scène en la parcourant d’un bout à l’autre. " How you feel Dour ? ", " Wanna Here You Fuckin’ Screaminnnng ", " Can’t Here You !! ", sont autant de phrases faciles qui, dans le contexte, galvanisent une foule déjà en délire ! Ce concert est, dès les premières minutes, une tuerie, dans tous les sens du terme. Les flammes jaillissent dans les moments forts et lors des drops, les morceaux un peu longs sont élagués pour ne garder que les moments épiques, tels que " Come Alive " qui va durer un tiers temps, juste avec les parties lourdes et dubstep, chose qui, il faut l’avouer est particulièrement jouissive ! On ne retrouvera que des hits qui augmentent encore la qualité d’un live perché très haut : " Everyday ", " Thunder ", l’énorme " Come Alive " donc, sur laquelle le batteur va se déchainer comme une bête et directement suivie de " Love Has Gone ", limitée à ses parties les plus jouissives. Mais également " Higher ", " Work It Out ", " Detonate ", ou " Stay Up With Me ", l’un des morceaux sur lequel une très séduisante métisse est appelée en renfort pour les parties vocales. Fort malheureusement, peut-être pas assez à l’aise, elle va chanter faux de manière flagrante, si bien que malgré l’enthousiasme et l’euphorie générale, on ne peut pas en faire attraction. Mais peu importe, le tout, mené par un Netsky plutôt élégant, un MC carrément à fond, presque sous crystal meth tant son sourire reste intégralement figé au-dessus de ses yeux allant de pair avec sa motivation communicative, est un régal. Le batteur, à lui tout seul, justifierait un live, se permettant un extraordinaire solo en milieu de set-list. Le concert passe comme une blitzkrieg : rapide, intense, imprévisible, et dévastateur pour les moins préparés à l’impact dans la fosse qui s’étend à toute la surface occupée par le public. L’intervention se termine en beauté avec " Rio " et ses danseuses brésiliennes fort peu vêtues. Du reste, le petit homme qui harangue la foule semble dopé tant il s’implique dans le live, à ce point qu’il en fait peut-être un peu trop, comme s’il voulait nous vendre quelque chose, affichant en permanence des dents blanches et boostant la plèbe de ses punchlines bienveillantes mais usées depuis belle lurette, aussi usées que l’expression " depuis belle lurette ". Mais c’est un détail puisque cette première soirée se clôture de la plus belle manière, avec un live à l’effervescence digne des plus beaux feux d’artifices, à tel point qu’on peut d’emblée se poser la question : qui pourra surpasser cette prestation ? La barre est fixée haute dès ce premier soir, et NETSKY LIVE! est définitivement un groupe à voir sur scène.

En guise de soirée de chauffe, faire mieux aurait été difficile. Ce mercredi sonne comme le début d’un millésime inoubliable, où la météo se joint à la fête pour accentuer la bonhomie omniprésente sur le festival. Et la fête se prolonge sur un camping blindé, où se côtoient des individus de l’Europe entière pour une fiesta qui durera jusqu’à l’aube.

JOUR 2 - JEUDI 14 JUILLET 2016 : l’ascenseur émotionnel :
Mon objectif en tant que festivalier est de jouer le jeu à 100%, même si certains petits passages obligatoires à l’espace presse permettent de me faciliter le séjour. Et en festivalier qui se respecte, au même titre que n’importe quel habitant du camping, aussi perdu dans le fin fond de la zone C soit-on, je subis mon lot de personnages trop saouls pour ne pas marcher sur ma tente, ceux qui viennent se poser avec une radio qui diffuse de la daube lorsqu’on a de la chance, ou au pire, du MICROPOINT dans les moments clés où, malgré le brouhaha environnant, on arrivait enfin à s’assoupir. Ça veut également dire que dès 9h00 du matin, la météo étant de notre côté, les fortes odeurs accompagnent les fortes chaleurs, tel un réveil naturel, nous poussant à sortir de ce désagréable cocon qui ne nous permet jamais d’être pleinement requinqué de la veille.
Mais pour quelqu’un qui veut faire les choses bien, ça veut aussi dire assister au réveil de ses potes, au mieux, à leur come jusqu’à son propre départ sur le site, plus généralement. Ce qui sous-entend que soit on se fait des potes en se rendant aux scènes, soit on a la liberté de se faire le festival en solo. Ce qui sera mon cas ce jeudi, puisque la quasi totalité de mes comparses a choisi de ne pas réussir à encaisser le lot d’épreuves envoyées à leur corps la nuit passée. Libre à eux, pour moi, il y a trop de choses essentielles à voir dès le début d’après-midi pour louper de précieuses heures de live. Tel un vagabond solitaire, je m’en vais donc aux scènes, un peu déçu de ne pas pouvoir profiter des potes, mais heureux de pouvoir choisir ma sélection personnelle de concerts sans avoir à faire de compromis. Le prix à payer de son rôle a donc un certain avantage tout de même.
Après avoir franchi le portique de sécurité, lieu où on te donne des sacs plastiques estampillés " Dour " pour y mettre tout ce qui est en métal, ambiance aéroports, je constate que ces mêmes sachets jonchent le sol de manière incroyable. L’herbe est recouverte d’une pellicule transparente, puisque tous les festivaliers n’en ont strictement rien à faire de ces sachets et les jettent aussitôt qu’on leur a confié. Pollution dans le fait de produire une telle quantité de plastique, la team du festival est assez organisée pour faire disparaitre ce désagrément alors même que chaque journée touche à sa fin, j’en aurais la confirmation à chaque retour au camping. Ça reste dommage, un tel gâchis pour une fouille qui, il faut bien l’avouer, n’est pas imperméable…

REGARDE LES HOMMES TOMBER | Cannibal Stage | 14:30 - 15:20 :
Les choses sérieuses peuvent commencer. Personnellement je suis assez emballé par le grand méchant loup du mouvement dit " avantgarde metal " pour les uns qui aiment étiqueté, mais qui est le " Mickey du black metal " selon certains alpha mâles de mon entourage qui pensent que la brutalité est la clé musicale. D’autant plus si ça ne peut pas être écouté par des amateurs de groupes connus, là c’est tout bénèf pour le dark hypster. Pour ma part, en dehors de leur réputation controversée, je trouve leur boulot plutôt savoureux.
Arrivé sous le préau, j’aperçois une foule clairsemée, même si c’est loin d’être désert. On comprend directement le fossé entre ceux qui ouvrent tôt, alors que pas mal de festivaliers dorment encore, et les heures charnières de la nuit, juste après minuit, où la fraicheur de l’atmosphère s’ajoute à la supériorité numérique du public pour créer une armée de spectateurs réceptifs à leur maximum. Bref, le set du quatuor est vraiment bien gaulé, c’est extrêmement sobre mais suffisant pour un live qui marque de par sa bonne qualité sonore. C’est assez étrange le décalage entre la propreté du live, et l’ambiance volontairement étouffante conférée à leur disque éponyme. Il en va de même pour la dégaine bien propre des mecs qui semblent soucieux de leur tenue vestimentaire, un peu comme les DAGOBA et leur côté métrosexuel qui coupe tellement avec leur musique 33 tonnes. Mais pour l’heure, sincère et bien exécuté, ce concert ne va pas marquer l’histoire du festival de Dour, révélant cependant un jeune groupe déjà incroyablement carré sur scène mais qui, à mon sens, ne dégage rien de plus qu’une bonne prestation live. Les mecs sont concentrés mais bien dedans, et c’est peut-être ce qui leur fait défaut : un charisme qui ne dépasse pas la qualité de leurs compos, qui elles, n’ont absolument pas à rougir de ce qu’elles sont. Bon échauffement donc.

JACQUES | Le Labo | 15:15 - 16:15 :
On change carrément de registre avec l’ovni alsacien JACQUES, réputé pour ses vidéos WTF et sa coiffure anti-iroquoise. Il est légitime de se demander ce que sera l’intervention d’un des grand maitre du troll, qui sera finalement d’une forte humilité. En dépit de sa coiffure, on retrouvera l’homme en duo, alternant entre guitare lors des passages " énervés " de son set et machines, lorsque ses morceaux minimalistes, proches de BRODINSKI, se font entendre. En fait, il paraît même sérieux et impliqué au gré des morceaux qui défilent, accompagné par un choeur qui tripote d’autres boutons. Plus varié que prévu, JACQUES touche donc à l’électro, bien évidemment, mais également au rock, ce qui est plaisant pour un live qui a plus de splendeur qu’une simple session musicale humoristique. La prestation du duo est donc une bonne surprise.

PETIT BISCUIT | Le Labo | 17:00 - 17:45 :
Présent sur la radio officielle du festival de Dour, c’est sur le tard que j’ai découvert ce brillant artiste aussi touchant que vaporeux. Ce détail a de l’importance lorsqu’on s’aperçoit, alors qu’on s’attend à voir un artiste dans la fleur de l’âge, qu’il s’agit d’un jeune adolescent. Poly-instrumentiste utilisant pad, guitare et percussions synthétiques, son show trip-hop devient un moment figé dans le temps. Délicat, touchant, aérien et sans défaut, le jeune homme séduit par son incroyable humilité, que ce soit dans son apparence passe-partout comme dans son attitude où rien ne dépasse sinon l’implication dans un projet qui tue de bout en bout. Chaque morceau fera penser aux meilleurs, de FLUME à FAKEAR, en passant par MONO, 9TH CLOUD ou un BONOBO particulièrement apaisé. Peut-être un peu trop calme sur la longueur, on retiendra surtout un concentré de douceur plutôt accrocheur et varié pour un set d’extraordinaire qualité. Épuré et avec le minimum de moyens, le kid nous infligera une petite rouste d’humble maîtrise, sublimé par la tardive venue de la tant attendue " Sunset Lover ". Moment impromptu, mais moment fort.

A$AP FERG | The Last Arena | 18:30 - 19:30 :
L’un des grand nom hip-hop de cette édition, dont le nom précède largement l’œuvre pour moi qui ne connais pas le moindre de ses sons. Du coup, les instrus sont lourdes mais largement couvertes par un duo de rappeurs. Le temps de tester quelques morceaux aux sonorités bien thugs et de comprendre que ce n’est pas catchy du tout, j’aperçois le séduisant KADAVAR sur la timetable. Peu probant le FERG

KADAVAR | Cannibal Stage | 18:45 - 19:45 :
De la barbe, des cheveux longs, du stoner psyché et un son de malade, voilà ce que propose KADAVAR. J’ai loupé l’entrée en scène des Teutons mais écope quand même d’une fameuse sélection rondement jouée : " Lord Of The Sky ", " Doomsday Machine ", " All Our Thoughts " ou encore " Come Back Life ". Le trio est archi à l’aise et convaincant d’un point de vue scénique, mais ne créer que très peu de proximité avec son public, enchaînant les morceaux en ne faisant que peu de pauses pour entretenir un contact autre que celui des riffs acérés. Étrangement, leur passage sur scène me laisse sur ma faim, comme si quelque chose avait manqué, un peu comme REGARDE LES HOMMES TOMBER. Un live simple et puissant musicalement, mais qui, pour moi, manquait de panache, un peu comme la sensation que laisse ELECTRIC WIZARD en festival.

WIZ KHALIFA | The Last Arena | 20:30 - 21:30 :
Connue pour être éclectique, la prog de l’édition 2016 du Dour festival ne déroge pas à la règle, puisqu’on peut passer du stoner au hip-hop US en quelques minutes. Après une intro qu’il faut avouer un peu foirée par un DJ qui colle des bouts de morceaux entre eux en y adjoignant quelques commentaires vaguement motivants, le KHALIFA s’amène sur scène lorsque débute son set. Gros charisme, bonne gueule, je ne pensais pas le mec aussi slim tandis qu’il en impose vraiment au micro. Contrairement à A$AP FERG qui a foulé la même scène plus tôt dans la journée, WIZ KHALIFA parvient à conférer un certain groove dans sa musique pourtant ghetto et touchant souvent à la trap. On reconnaitra par exemple " James Bong " accompagné de son fond vidéo à motifs de feuilles de cannabis, " Taylor Gang ", " See U Again " ou encore l’incontournable " Black And Yellow " qui va ravir une foule très motivée. Ils sont 3 sur cette grande scène, mais gèrent aussi bien l’espace que le public puisqu’on ne ressent pas de temps mort, le fait qu’il se mette torse nu étant en lui même un événement pour pas mal de nanas à côté de moi… Même si ancré dans les clichés weed / niggaz / gangsta stuff, le compromis musical est bon, mélangeant lourdes basses avec un certain groove, attitude nonchalante avec ambiance détendue. Sans être fan du bonhomme à la base, lui et son acolyte frontman m’ont plutôt convaincu. Assez pour que je reste la majeure partie du live en tout cas.

DAN DEACON | Le Labo | 21:15 - 22:15 :
Restons dans le filon US mais changeons de style. DAN DEACON, star de la " prog " musique, rassemblant tout un set de pédales qui ornent sa voix de manière insolite, produisant des morceaux aussi mélodiques qu’expérimentaux, mêlant des sonorités encore rarement exploitées de la sorte, à sa voix qui ne sera que rarement dénuée d’artifices. Accompagné d’un batteur aux rythmiques hachurées, presque glitchées, il s’agit une nouvelle fois d’un duo pour ce Labo maintenant dans la pénombre. Les ambiances lumineuses sont très tamisées, et confèrent un côté mystérieux aux deux hommes que l’on ne voit que par intermittence et qui enchaînent les titres de 8-bits glitch et de prog électronique très recherchés, que ce soit dans la structure des compositions comme dans cet attrait pour les sonorités nouvelles. Au final, ce live désarçonne, car si la prestation est certes musicale, elle en est souvent expérimentale et pas forcément facile d’approche lorsque l’on ne connait l’artiste que de loin. C’est intéressant, mais ça m’incite à aller voir le Canadien MAC DEMARCO !

MAC DEMARCO | La Petite Maison Dans La Prairie | 21:30 - 22:30 :
Son live a déjà bien commencé mais le public est aussi léthargique que l’orchestre qui joue en tirant la tronche. Les morceaux mellows se relaient, et seul le bassiste déguisé en femme ainsi que MAC DEMARCO semblent présents. C’est sensuel, dissonant mais tellement soporifique ! Je ne tiens pas plus de trois ou quatre morceaux, tandis que j’attendais beaucoup de ce grand nom. En poussant un peu, je me suis demandé si je n’étais pas en face d’un ersatz de HENRI SALVADOR lorsqu’il sortait ses derniers albums. Dieu que c’est éloigné de l’esprit foufou auquel je pensais avoir droit. Au suivant !

BAND OF SKULLS | Cannibal Stage | 22:00 - 23:00 :
Je ne connais rien de ce nom qui résonne pourtant sur toutes les affiches de festival. Arrivant dans la deuxième partie de leur live, j’aurais pensé l’atmosphère chargée d’électricité et tout le monde en train de s’enjailler sur l’un des phénomène rock de cette année. Je m’aperçois que le frontman est une chanteuse / bassiste, qui peine à chanter juste, croisement visuel entre LOU DOILLON, ç’en est confondant, et une version féminine de LIO. Le trio est statique et distille un rock aux allures vintages qui pourra faire penser à GARBAGE, mais surtout à YEAH YEAH YEAHS en bien moins inspiré, moins excentrique, ou aux excellents ANGUS & JULIA STONE qui enivrent et ensorcèlent sur scène, le côté envoûtant en moins. Y’a pas à dire, c’est propre, mais ça n’inspire rien d’innovant, ni rien qui permet de dégager quoi que ce soit d’un peu spécifique de cette prestation.
Décidément, ce soir, je reste sur ma faim.

FATIMA YAMAHA | La Petite Maison Dans La Prairie | 23:30 - 00:30 :
Bon, faut bien attendre THE PRODIGY avec quelque chose, alors autant rejoindre les potes pendant cette heure totalement creuse ! Et en arrivant là-bas, je me rends compte qu’il ne s’agit pas de musique du monde chantée par une métisse mais je me retrouve face à une lounge électro particulièrement apaisante balancée par un blanc. C’est profond, doux, mélodique, une sorte de deep house bienveillante qui fait vraiment du bien aux oreilles, fraiche et entraînante. Puis intervient " What’s A Girl To Do ", le morceau diffusé sur tous les ghettoblasters du camping, cet air mythique qui marquera l’année 2016 de ses singulières effluves nostalgiques et inspirantes. Ce moment est d’une grande beauté, rien ne vient gâcher un concert d’une simplicité désarçonnante puisqu’il n’y a qu’un mec, des lights, du très bon son, et un public en transe.
Par rapport au fait que je ne connaissais qu’un morceau avant d’apprécier intégralement un live qui m’a scotché, je place FATIMA YAMAHA comme la plus belle surprise de cette année pour le moment, avec PETIT BISCUIT juste après. Bien chauffé, il est temps d’aller voir les maîtres de la soirée.

THE PRODIGY | The Last Arena | 0:30 - 2:00 :
J’ai pu voir la bête par 2 fois, déçu la première, admirablement surpris la seconde, ce soir j’attends donc confirmation que l’un des groupes qui a le plus façonné ma vision de la musique pendant ma jeunesse, demeure une valeur sûre qui fait le taf en conséquence. Et en quelques minutes, c’est confirmation faite puisqu’à peine Liam et les autres musiciens entrent sur scène après une introduction inquisitrice et inédite, que " Breathe " se déclenche et que l’ambiance survoltée vire au concert culte. Flint et Palmer suivent le reste du groupe de très près, animés par leur verve habituelle, mélange d’attitude rock’n’roll, déjantée mais surtout proche du public. Les grands écrans balancent sur la succession de singles, menu maxi best of dont rien n’est à jeter, une version glitchée et sous acide, de la captation directe du live, comme une distorsion de l’image qui colle à l’esprit rave initial d’un PRODIGY né dans le milieu de la fête underground du Royaume-Uni. Véritable exutoire sportif, la violence est moindre que durant le concert de NETSKY, mais l’ambiance y est peut-être encore meilleure et les fans de cet emblème de la musique breakbeat rock sont une colossale légion. Ce live défile trop rapidement, la setlist est d’une incroyable qualité et on dirait qu’ils ont lu dans mes pensées pour la composer, puisque que quasiment chaque morceau joué faisait partie de ceux que je voulais (re)voir en live : " Nasty ", " Omen ", " Wild Frontier ", " Firestarter ", " Roadblox ", " Rok-Weiler " (putain mais ouaiiiis !), " The Day Is My Enemy ", " Get Your Fight On " (rolalaaaa), " Run With The Wolves ", " Invaders Must Die ", " Smack My Bitch Up ", " Their Law " et " Take Me To The Hospital ". En gros, les comètes de " The Fat Of The Land ", " Invaders Must Die " et le brillantissime dernier en date " The Day Is My Enemy ". Reste " Wall Of Death " qu’ils m’ont fait adorer en live mais qui m’indiffère sur galette, et les deux passages obligés de " Music For The Jitled Generation " que sont " Voodoo People " et " No Good " à laquelle je ne m’attendais pas…
Aux deux tiers de leur live, le groupe fait mine de s’en aller. Les lumières restant éteintes et " Smack My Bitch Up " n’ayant pas été interprétée, je me dis, confiant, qu’on en a pas fini avec nos charismatiques anglais. Et très rapidement, on comprendra que ce sera effectivement le cas, puisque la foule est bien trop chauffée à blanc pour les laisser partir comme ça. Si bien que le groupe se fera rappeler par 2 fois, et reviendra pour clôturer sur le frénétique " Take Me To The Hospital " et un sample de " Out Of Space " sur lequel le groupe vient saluer son public, balançant quelques baguettes dans la foule, leur attitude chaleureuse pendant le live n’étant pas une façade. En plus d’une heure et demi de concert, THE PRODIGY aura démontré qu’il est un nom à la hauteur de sa réputation, si bien que les mecs, pas satisfaits de juste faire des albums qui traversent les époques sans prendre une ride, en sortent de nouveaux qui sont toujours aussi bons, sinon meilleurs, et s’amusent à les faire vivre sur scène comme s’ils ne vieillissaient pas, conservés par l’aspect moderne de morceaux qui peuvent avoir pourtant 20 ans d’ancienneté. Comme s’ils ne subissaient pas le temps. J’ai l’impression que leur passion pour la musique électronique demeure intacte après plus de 25 ans de carrière, et ça se sent à tel point que ç’en est touchant.
Ce monumental moment à peine terminé, je me dis que peu de choses pourraient rendre le festival de Dour plus inoubliable tant la soirée se passe bien, que ce soient les conditions live, l’incroyable gratin d’artistes qui se sont déjà produits en seulement 2 soirées, où tout simplement le terrain de la Machine de Feu qui devient un territoire culte dès lors qu’on y pénètre. Comblé et insouciant comme dans mes premiers festivals, je consulte mon portable pour apprendre l’heure. Juste en-dessous, une étrange mention émanant de l’application Facebook m’indique alors " Intel et untel sont en sécurité à Nice ". Dubitatif pendant 2 secondes, désarçonné juste après et ensuite troublé en comprenant qu’il s’était passé quelque chose de grave en France durant cette symbolique soirée du 14 juillet, je savais que l’issue ne pouvait être que terroriste. Mon moral boosté au maximum redescend d’un cran, pré-occupé par cet énième acte barbare dont les informations ont beaucoup de mal à parvenir jusqu’en Belgique.
Je décide de continuer ma soirée quoi qu’il arrive, puisque DAVE CLARKE talonne tout juste THE PRODIGY.

DAVE CLARKE | La Petite Maison Dans La Prairie | 2:00 - 4:00 :
Bon, exit les spéculations sur cet attentat à Nice, on n’est pas là pour se gâcher la fête. Mais la techno de DAVE CLARKE étant trop redondante et incisive pour moi qui suis à jeun de tout alcool et de toute drogue, je préfère prolonger ma soirée en économisant mon énergie.

Arrivé au camping, des rumeurs de fusillade depuis un camion sur la côte niçoise fusent mais rares sont les gens au courant. Le brassage et l’opulence de l’événement sont tels que la priorité est donnée aux selfies balancés sur Facebook plutôt qu’aux problématiques ayant une réelle importance. Certains parlent d’un " massacre "» où un camion aurait, en plus, sciemment bousillé des êtres humains en roulant dessus. J’espérais que le conducteur, si appréhendé en vie, ne mettrait pas tout ça sur le dos de GTA V, mais assumerait le fait d’avoir été un bel enculé juste parce que son acte le définit comme.
Mais la soirée n’est pas flinguée pour autant, et quelques bières, quelques rencontres et quelques bons moments achèvent tranquillement cet insondable 14 juillet, où il fait bon vivre, ici en Belgique.

JOUR 3 - VENDREDI 15 JUILLET 2016 : entre valeurs sûres et éclectisme de la programmation :
Le réveil est difficile parce que contre toute-attente, alors que la météo indiquait une dépression ce vendredi, le soleil frappe aussi fort qu’à son habitude, et ce, avant 10h. Moins de 5h de sommeil, même dans d’étrangement bonnes conditions, ce n’est pas assez lorsqu’on doit encaisse les UV, la marche, le son, et les futures journées à rallonge.
Profitant de la matinée, je prends ma première douche non-officielle aux lavabos où l’ambiance n’est pas bon enfant, les gens semblant épuisés. Peu importe tous ceux qui tirent la gueule, ça reste un moment clé où l’on se sent revivre, au même titre que lorsqu’on va se délester d’un bon gros étron rassemblant les 8 derniers repas combinés. En revenant à mon campement, je me rends compte qu’un seul pote est réveillé, et, en plus de ça, paraît frais comme un gardon. Les autres ressemblent plus à quelque chose qui se rapproche de l’épave où du cadavre. Il faudra attendre l’après-midi pour que leur attitude puisse les faire ressembler à des organismes vivants. J’ai beau attendre, tant pis, j’irais aux scènes qu’avec les 3 premiers à se sentir motivés et que je vais directement perdre de vue lorsque j’annonce ma volonté de voir à quoi ressemble DAGOBA, après 7 ans sans les avoir vu sur scène.

DAGOBA | Cannibal Stage | 15:30 - 16:15 :
Après un concert avec GOJIRA à la Rockhal au Luxembourg, je n’étais pas persuadé que DAGOBA ait autant d’atouts que sa notoriété le laissait penser, la faute à un batteur qui écrasait le reste, au détriment de la compréhension sonore. C’était tout simplement dégueulasse à écouter, même si le live était carré de chez carré et que DAGOBA s’imposait en tant que panzer. Puis GOJIRA, promulguant son dernier bébé " The Way Of Flesh ", leur prestation a tout simplement balayé toute première partie d’un revers de riff. Mais comme les ingés qui s’occupent des scènes au Dour ne sont pas des manches, pourquoi ne pas donner une seconde chance à l’un des monarque du power metal français ?
La foule s’est affairée sous la Cannibal Stage et après une courte ouverture, " Eclipsed " retentit. Le son est bon, crémeux, généreux, et DAGOBA semble autant en forme qu’enclin à sympathiser avec le public. Très communiquant et toujours aussi pointu, sans aucune note faisant défaut, je me souviens avec étonnement de l’annonce de leur emblématique batteur Franky Costanza, qui a quitté le navire. Mais ça marche pareil avec la nouvelle recrue, Nicolas Bastos, au CV long comme le bras (L’ESPRIT DU CLAN, DEEP IN HATE, …), qui fait parfaitement le taf. Pour mon plus grand plaisir, le set des Marseillais est plutôt orienté vers les premiers albums puisqu’on va avoir la chance de subir les violents " The Man You’re Not ", " It’s All About Time ", mais surtout le rageur et cultissime " Maniak " ainsi que " The White Guy (And The Black Ceremony) " sur laquelle un impressionnant circle-pit de la taille du chapiteau se forme. La tempête est dangereuse, le concert est très bon et l’humeur bon enfant qui émane du groupe irradie une foule sur-motivée.
Pour son deuxième baptême scénique, le colosse phocéen m’aura cette fois-ci convaincu de par son aisance à traverser les années avec des morceaux qui tiennent encore totalement la route, même si Shawter s’est un peu ramolli et abuse du côté mélodique sur leurs derniers albums. Ça reste un très grand groupe à voir sur scène, une parfaite mise en bouche de ce vendredi.

BETWEEN THE BURIED AND ME | Cannibal Stage |16:45 - 17:35 :
Ne connaissant que mal, parce que n’aimant vraiment pas du tout, je pense qu’il est tout de même bon de voir ce que le poids lourd ricain donne sur scène. Je suis surpris par le fait qu’il n’y ait qu’une poignée de personnes dans le public. Leur metal progressif multi-influences s’ouvre avec un son somme toute assez honnête pour que l’on puisse décortiquer leur musique. Dès lors, je me rends compte que rien n’y fait : la technique pour la technique avec autant d’empreintes heavy, ça n’a jamais été mon kiff. Ça joue bien, frénétiquement, ça claque du soli à n’en plus pouvoir, ça reste très studieux scéniquement, bref, ça ne dégage rien à mes yeux, sinon une démo de performances techniques en groupe, comme un showcase dans un magasin de zik. Je reste pour la simple raison que rien d’autre ne me tente sur la timetable, mais à aucun moment, leur hermétique prestation avait envie de me happer dans son délire. L’attitude des mecs, humbles mais sans grande aura, les morceaux qui n’ont rien de catchy et le style général de BTBAM en font un live qui m’a clairement ennuyé.

DO OR DIE | Cannibal Stage | 18: 05 - 19:00 :
Pour rattraper ça, une bonne dose de straight in your face signé DO OR DIE. Les coreux jouent à la maison et si je ne connais que trop mal leur œuvre, je suis complètement séduit par leur punk hardcore old to new school très classique mais joué avec une énergie de dingue. Il est l’un des groupes qui bouge le plus sur scène et qui fait partie des plus communicants. Les morceaux incitent à la baston, les deux chanteurs chauffent la foule au vif, les gratteux courent partout pour donner l’exemple, et en fin de compte, si l’atmosphère est électrique et survoltée, tout le monde semble s’accorder sur le fait que ce concert est une cour de récréation où évidemment, la fosse va se scinder pour se rentrer dans le lard et partir en circle pits à plusieurs reprises.
De manière super directe et avec des morceaux qui vont droit au but, DO OR DIE inflige une sévère rouste de par la bonhommie violente qui se dégage de leur intervention. Ces mecs font définitivement partie des grands du punk hardcore.

MOBB DEEP | The Last Arena | 19:00 - 20:00 :
Pour une scène blindée, voilà une scène blindée ! Heureusement que je ne suis pas fan du tout de la légende East Coast, sinon je pense qu’il m’aurait fallu le live entier pour me rapprocher suffisamment des trois MCs. Idéal pour manger ses falafels douillés à prix d’or (mais néanmoins super bons) tout en restant posé en retrait, les deux écrans géants aident à voir le contenu du live de loin. Et en fait, c’est de la bombe, des morceaux que je pensais vraiment thugs et trop lourds pour être facilement appréciés passent comme du petit lait, plus grooves qu’incisifs, les quatre comparses envoient un set dont rien n’est à jeté, un hip-hop aux instrus incroyables et juste sincères, saupoudrées de flows équilibrés et limpides, à mille années lumières de tous les artifices bling bling et des attitudes un peu surjouées du KHALIFA ou d’A$AP FERG. Ici, il est question de leçon musicale, pas de swagg ni de faire passer le marketing avant la qualité d’interprétation. Ce live était d’une lourdeur pas encore égalée cette année niveau hip-hop, MOBB DEEP est à ranger à côté de crews comme M.O.P. tant il est facile de kiffer des morceaux qui deviennent cultes alors même qu’on les découvre pour la première fois.

JAZZY BAZZ | Boombox | 20:00 - 21:00 :
Ça fait une paie que j’ai envie de le voir, ce " putain de jaaaaazz ". À mes yeux l’un des meilleurs rappeurs français dans la veine old school, on a pu voir défiler une bonne partie de son entourage à ce festival de Dour, mais ce sera la première fois pour lui qu’il foule la scène belge. Et très franchement, sans être la grande déception, c’est pas non plus l’ultime révélation. On peut les écouter, lui et son acolyte, enchaîner les classiques tels que " Le Roseau ", " Ultra Parisien " et autres belles tentatives issues de son album " P-Town " qui déçoit autant sur scène que chez soi. On regrettera profondément " Sur La Route Du 3;14 " lorsque, et c’est la raison pour laquelle je suis resté jusqu’à la fin, le mythique " 64 Mesures De Spleen " intervient dans sa version ré-arrangée. Pas assez intense, JAZZY BAZZ rentre également dans la catégorie des groupes ou artistes rap qui sont trop épurés sur scène pour rivaliser avec certaines spectaculaires roustes que l’on a pu apprécier les heures ou jours d’avant. Étonnement moyen le BAZZ, sans être mauvais, bien évidemment.


La Boombox

FAKEAR | The Last Arena | 21:00 - 22:00 :
Le jeune Caennais revient seulement 2 ans après sa première apparition à Dour, mais cette fois-ci, sur la grande scène. On ne rigole plus. Je connais mal le phénomène, mais en écoutant son set bien pointu et enivrant, je pense à FLING LOTUS ou à FLUME. Encore un artiste à l’univers bien moelleux dont les morceaux apaisent autant qu’ils boostent.

BIRDY NAM NAM | The Last Arena | 23:00 - 00:15 :
Comment louper l’un des plus grands vulgarisateur de la musique électronique française ? Tenu d’une main de maitre par un trio de turntablistes admis comme faisant partie des meilleurs au monde (multiples récompenses), ce sera la première fois que je vais voir le phénomène sans leur plus éminent membre, DJ PONE. Qu’à cela ne tienne, leur set débute dans une ambiance aussi grandiose que sombre et inquiétante, avec une intro que je ne reconnais pas, mais qui va être raccord à l’atmosphère étouffante du premier album. Les 3 mecs jouent dans une obscurité contrecarrée par de faibles lumières bleutées et des sortes d’énormes tubes fluors projetés sur 3 immenses écrans situés en-dessous de chaque musicien. Les titres s’enchaînent, et les fans du disque éponyme comme de " Defiant Order " sont un peu avantagés par rapport à ceux qui restent, en particulier lorsque la magistralement bien exécutée " Abesses " se fait entendre. Du coup, avec ou sans DJ PONE, les BIRDY NAM NAM régalent complètement avec un set d’envergure qui va distribuer une énergie aussi puissante que sombre.

POIRIER | La Cubanisto Dancing | 00:00 - 01:30 :
On m’a parlé d’un mec issu de l’incontournable label Ninja Tune, POIRIER. Pas mal renseigné sur les sorties de l’écurie qu’on ne présente plus, c’est avec pas mal de curiosité sur cet inconnu que je me rends à la nouvelle scène où pour l’instant, pas grand chose d’intéressant a pu se produire. Et du coup, concernant POIRIER, c’est à peu près la même chose. Fait pour enflammer les dancefloors avec un univers minimaliste qui touche à la culture hispanique ou cubaine, il ne m’emballe pas une seule seconde, cherchant plutôt un artiste qui veut faire écouter plutôt que de faire danser, même si l’un n’empêche pas l’autre. Je reste vraiment sur ma faim et suis étonné que qu’un tel producteur soit sur le Ninja Tune.

TA-KU | Boombox | 00:00 - 01:00 :
Heureusement, il y a TA-KU ! N’ayant jamais aperçu de près comme de loin le chillhop maker, je m’étonne de le voir accompagné d’un batteur et d’un claviériste, ainsi que d’une chanteuse. Et voilà un nouveau live tout en douceur, raffiné et élégant. Le son glisse comme du velours. La simplicité d’un magnifique concert à la setlist qui transporte à chaque seconde va en faire un moment imparable et revigorant.

BORIS BREJCHA | Red Bull Electropedia Balzaal | 01:30 - 03:30 :
L’ayant vu lors d’un set de techno minimale aux Eurockéennes cru 2015, j’en garde l’un des meilleurs souvenir de l’édition. Pour l’heure, le bonhomme ne joue plus dans la retenue ou dans la finesse, il s’agit plutôt d’une grosse techno bien lourde aux basses poussées à fond que l’on va voir alternée à son enjôleuse minimal high-tech. Mais peu importe le parti-pris adopté, l’audiophile connaît son domaine et enjaille le fossé en plein-air comme peu de monde l’a fait depuis le début du festival. C’est le feu, et la foule jump à en soulever la poussière tout en se délectant de motifs psychés mais amusants projetés sur un écran qui fait presque la taille de la scène ainsi que sur une multitude d’autres plus petits, situés sur les côtés. Le décor est planté, la musique est fat, on est dans une chaleureuse bulle énergisante conduite par l’exceptionnel BORIS BREJCHA qui, décidément, fait vivre des live à la hauteur de ses productions et qui passent en un éclair, puisque sa prestation de 2h m’a parue moins longue que la demi-heure vécue à POIRIER.

Trop crevé pour aller voir THA TRICKAZ, c’est direction la tente que je vais économiser le peu d’énergie qu’il me reste afin de pouvoir partir en forme sur le champ de bataille le lendemain.

JOUR 4 - SAMEDI 16 JUILLET 2016 : overdose, powers moules-burnes, et moments de flottement :
Qu’elle est belle, la vie sur le camping lors du 4ème jour de festivités, avec ses festivaliers complètement épaves, les potes victimes de leurs prises de la veille, la poussière qui s’infiltre dans les poumons par kilo, la masse monumentale de détritus qui jonchent le sol (et je ne parle pas que d’humains) mais surtout, la Green Cross qui vient faire le ménage entre les tentes. Ces héros de l’ombre sont une team de bénévoles qui distribuent des sacs poubelles et ramassent les déchets d’autrui, tout en expliquant à qui est assez civilisé pour ne pas être un enfoiré, comment se trient les déchets et comment peut-on tirer avantage (sacs de déchets contre tickets boissons) du manque de respect des autres. À titre personnel, je tiens à remercier ces groupuscules qui sillonnent les allées avec le sourire, juste dans le but d’améliorer le confort de notre séjour et qui n’hésitent pas à venir enrober les potes en mode échecs de sacs poubelles, dont les pieds dépassent lamentablement d’une tente en périle, signe de chute induite par un état second. En découvrant des voisins forts sympa, j’apprends la seconde triste nouvelle ayant eu lieu durant ces 5 jours de festivités : un jeune Français est mort d’une overdose de LSD. Alors même que la police fait la guerre aux drogues en réalisant des centaines d’interpellations entre les scènes et le camping, pour la deuxième fois depuis le début de l’histoire du Dour, il y a un mort, et les deux fois, il s’agit d’un hexagoniste pas assez prudent sur les doses.
Et mes potes, vu l’état dans lequel ils sont, me rassurent à peine plus. Plus les jours avancent, moins ils sont frais, et plus je patiente pour qu’ils m’accompagnent aux scènes, plus je me rends compte qu’être patient, c’est bien souvent la qualité la moins utile au monde. Bon, c’est pas grave, en partant à 16h45 du camping, on est bon pour ODEZENNE qui se produit à 17h30.
Sur la route, entre autres créatures asiatiques du sexe opposées plutôt avenantes et déguisées en banane, on retrouve cette troupe de Power Rangers aperçue dès les premiers jours du festival et qui répond sans broncher " bin ouais " à la question " vous faites tout le festival habillés comme ça ? ". Partagé entre l’admiration et l’effroi à l’idée d’une telle performance qui induit très probablement les odeurs les plus sombres de l’humanité, je pleins surtout ces héros d’être dans une combi intégrale tandis que le soleil ne s’est jamais arrêté de frapper de plein fouet de tout le séjour.

ODEZENNE | Jupiler Dance Hall | 17:30 - 18:30 :
Et j’ai bien fait de ne pas les louper. Nos deux poètes issus du vagin d’un TTC romantico-posé, tire vers le haut la lignée hip-hop francophone du Dour. D’une simplicité qui crève les yeux, les morceaux tendres et crus du quatuor ressortent comme un moment de poésie électrisé, l’accompagnement oscillant entre synthés et guitare, mais toujours accompagné d’une batterie électronique aux sonorités aussi essentielles que discrètes. On constate un phénomène étrange dans la fosse où la foule hypnotisée scande chaque morceau : un nombre insolent de poupées gonflables surplombe les humains. Je ne parle pas de trois poupées isolées mais d’une colonie d’une douzaine de femmes aux trous béants qui survolent les premiers rangs. Mais pourquoi ? Intrigué, je trouverai ma réponse plus tard pendant le festival : il s’agit d’une tentative de record du monde du nombre de poupées gonflables du modèle " Love Dolls ". Et évidemment, quel meilleur contexte que pendant le live des rois des lyrics à base de baise ?! Reste qu’on ne sait pas si le record a été homologué (ni si un huissier était sur place pour potentiellement concrétiser le délire). D’ailleurs, ces poupées avaient tout leur sens lorsque le morceau " Je Veux Te Baiser " a prit place, alors que l’atmosphère devenait douce et chargée en ondes de cul. Tout le live était dans la même veine romantico-provoque, les deux voix étant largement mise en valeur par rapport aux instrus. La seule chose un peu ridicule demeure ce musicien qui tient la guitare ou les synthés portatifs et qui mime des personnages fous, surjouant, se créant un personnage d’idiot maniéré, décrédibilisant par la même l’image d’un groupe à l’art sobre et profond, et non clownesque ou ayant soif d’en faire trop. En dehors de ça, pour me ravir, leur emblématique " Tu Pu Du Cu " intervient et représente l’œuvre la plus énervée que propose ODEZENNE. Lorsque le concert finit, on se sent juste comblé comme il le fallait, comme si le groupe avait été fidèle à lui-même sur tous les plans, que ce soit dans le choix de ses arrangements, de son attitude scénique et dans l’aura émotionnelle qu’il dégage.

DOPE D.O.D. | Red Bull Elektropedia Balzaal | 18:30 - 19:30 :
Je vous en parlait l’année dernière, de l’efficacité hors pair du trio devenu duo. Cette fois-ci, ils se produisent en plein-air puisqu’ils jouent à la scène Red Bull, qui échange son préau contre des rambardes de sécurité fixées à plus de 4 mètres du groupe, ce qui n’est pas top concernant le proximité avec le groupe. Dopey Rotten est toujours absent, mais le taf est toujours aussi bien fait et l’effervescence dans le public se fait sans tarder. Pas mal de morceaux de " Branded " sont explorés, on touche aussi à " Da Roach " et en moindre mesure à " Master Xploder ". Pas mal de remix sont balancés à la sauce hollandaise, agrémentés de dubstep bien acide. On pourra même dénicher une version particulièrement jouissive de " The Day Is My Enemy ", revival de l’inoubliable concert de THE PRODIGY, en peut-être plus déchaîné encore. Incroyablement détendus - comme à leur habitude, en fait… -, l’absence du troisième comparse ne se fait pas ressentir, et la scène est toujours accaparée par des boules d’énergies qui font la prouesse d’enchaîner les titres sans jamais faire de pause, que ce soit musicale où dans leurs mouvements frénétiques. Et le live n’en souffrira jamais. DOPE D.O.D. représente toujours aussi bien la scène hip-hop fusion dubstep et se positionne incontestablement en tant que monarque de la ramification qu’ils ont largement démocratisé.

LE BAL DES ENRAGÉS | Cannibal Stage | 19:35 - 20:30 :
Le metal, ça vieillit plus ou moins bien. Et des fois, ça n'a pas besoin de vieillir pour être dépassé, surtout quand on ne fait que des covers ! C’est d’ailleurs un exercice très délicat que de faire un groupe de reprises, que ce soit d’un groupe en particulier où d’une multitude de standards. Difficile à faire sans directement obtenir une étiquette de groupe de papis ou de vieux piliers de bars nostalgiques. Sauf, bien entendu, quand on voit le line-up plus qu’alléchant qui compose ce all star band (BLACK BOMB A + LA PHAZE + LOFO + PARABELLUM + TAGADA JONES). On se dit qu’on va laisser une chance au métal " de gauche ", qui aime autant les idéaux utopistes que l’engagement consensuel aux raccourcis faciles. Mes respects à Reuno qui m’a pourtant fait rêver avec " Dur Comme Fer ", loin des niches politiques qui arrivent trop souvent à rendre merdique des morceaux pourtant bien amorcés, à moins de s’appeler RAGE AGAINST THE MACHINE.
Et en fait, rien n’y fait, c’est la fête, certes, donc ça a du sens au festival de Dour, mais quelque chose cloche lorsqu’on voit des personnages qui ont façonné mes premiers amours rock et métal, reprendre des standards tels que " Antisocial " de TRUST, tout juste amélioré parce qu’à peine moins vieillotte. Ça me gêne aussi de pouvoir prévoir la set-list du groupe qui va jouer la carte de l’ultra accessibilité avec son inévitable hommage aux BÉRUS ou à NOIR DÉSIR. Après, c’est évidemment leur ambition que de créer un best of d’incontournables du punk rock, du grunge et du métal, mais je n’arrive pas à comprendre l’attrait que ça peut avoir, d’autant plus que les arrangements ne sont pas différents des morceaux originaux, où sont à peine remaniés. Donc pour moi, ça ressemble aux Enfoirés du métal, la sincérité en plus, mais sans plus de crédibilité. Et puis ça fait mal de voir des grands comme Reuno, donner dans autant de facilité, ça me fout les boules, ouais… Je n’irais pas les revoir en dehors d’un festival, parce que les cotillons, les effusions d’amitiés sur scène et les covers à peine revisitées, c’est pas vraiment ce que j’attends d’un live. Dommage, parce que le line-up du supergroup avait de quoi séduire… et après avoir vécu LOFO au Dour l’année passée, on ne peut que regretter le change.

GRAMATIK | The Last Arena | 20:15 - 21:15 :
Mon Dieu ! Mais pourquoi est-ce que GRAMATIK c’est devenu du reggae ? Et qui plus est du reggae roots ennuyeux à mourir ? Il s’agit normalement d’un blanc plutôt jeune, pas d’un rasta noir accompagné de tout un orchestre ! Aussi confus que Piafabec après une attaque Onde Folie, je prends le temps de retourner à l’espace presse pour tenter de comprendre le pot aux roses. En comparant ma programmation papier avec la timeline presse où il est mentionné l’inversion d’horaires de passage entre HARRISON STAFFORD & THE PROFESSOR CREW et GRAMATIK, une larme coule sur ma joue et la déception s’empare de moi. J’ai loupé GRAMATIK, merde…

LAGWAGON | Cannibal Stage | 21:00 - 22:00 :
Loin de moi l’idée d’être cinglant, mais comment un groupe faisant une soupe de punk rock aussi mal réchauffée peut-il encore avoir un public, aussi restreint soit-il ? À l’abri de toute bonne idée musicale, enfonçant toutes les évidences du punk lissé et usé, LAGWAGON ne parvient à me convaincre d’aucune façon et m’apparaît être la plus mauvaise prestation de ce Dour 2016. Fuyons !

SIGUR RóS | The Last Arena | 22:00 - 23:30 :
Pas très emballé par SIGUR RóS de manière générale, je me dis qu’il est tout-de-même important de s’essayer à l’une des légendes de cette année, histoire de redécouvrir un artiste que j’ai potentiellement sous-évalué. Et les moyens sont gros, visuellement comme musicalement. Le son est incroyable, et dévoile un univers feutré, mystérieux et poétique. Rappelant les énigmatiques prestations de NIN juste après la sortie de " Hesitation Marks ", les frissons m’envahissent, parce que l’artiste va largement plus loin que d’incarner juste sa musique. L’univers est complet, complexe, abouti, jusque dans ses moindres détails. Le souci d’être ce qu’ils ont créé dans son entièreté, et dès l’intro. Le groupe débute son set avec une longue intro, très douce, très lente, dévoilant sur scène une sorte de cage géométrique, un maillage qui va complètement caché un SIGUR RóS pourtant déjà présent. Et la Last Arena, pour l’occasion blindée de moyens audiovisuels colossaux, avec un immense écran qui servira de support à de somptueux décors contemplatifs, se fait le théâtre d’un moment à part. Je n’aime pas du tout ce qui se passe musicalement, mais pour quelqu’un qui adhère, j’ai beaucoup de facilité à m’imaginer à quel point ça doit être prenant, voir bouleversant. Aussi froid que doux, le groupe aux compositions glaciales me touche sans me faire aimer, n’hésitant pas à utiliser un archet pour jouer de la gratte ou une baguette pour tapoter la basse, détails que j’ignorais. On excusera la fausseté du chant qui monte des fois très haut, à en androginiser la voix. Mais je regrette que le live ne décolle pas, toute cette beauté en restera sans le relief qui m’aurait convaincu de rester plus de la moitié du live. Je ressens l’envie de tuer l’ennui à coup de BALLEFOLLE. Mais quoi qu’il arrive, voilà une respectable idée de la représentation scénique, aussi singulière que défendable, c’est juste définitivement pas mon truc.

MADBALL | Cannibal Stage | 22:30 - 23:30 :
Qu’est-ce qui est mieux que de s’attendre à quelque chose, et de vivre un concert exactement en adéquation avec ses attentes ? Habitant en Alsace et ayant MADBALL chaque année à 50km de chez moi, c’est à chaque fois l’excuse " ils repasseront forcément " qui fait que je n’ai jamais vu l’emblématique pilier du punk hardcore jusqu’à ce jour. Et c’est pas faute d’en avoir eu envie… C’est donc le moment de les chopper en plein vol ! Merci Dour !
Alors qu’est-ce que ça donne ? Exactement ce qu’on attend d’un groupe véhiculant les valeurs du HxC punk : un live comme à la maison, à l’aspect familial, tout en violence cependant, mais groovy as fuck. Le mélange parfait entre exutoire, respect de l’autre, et poing dans ta gueule. La bonhommie du groupe frise le génie par rapport à la carrure de bestiaux de chaque mec, en particulier l’imposant gratteux qui arrive à bouger frénétiquement, tel un fauve sous crystal meth. Ils sont excessivement motivés, enchaînant les titres que tout le monde attend avec une précision sans faille : " Smell The Bacon ", " Infiltrate The System ", " Down By Law ", " Look My Way " et, évidemment, le hit " Heavenhell ". On a ce qu’on veut, soit la manifestation d’une énergie pure amenée avec beaucoup d’entrain, de plaisir, et si le groupe le pouvait, il se cognerait aux furieux dans la fosse. Ils représentent la scène punk avec panache et fluidité, sans jamais bouffer à la table des clichés, tout en conservant l’authenticité du groupe qui découvrirait tout juste les grandes scènes, heureux d’être, là comme à ses débuts. Ces mecs sont des tueurs et sont incontestablement une valeur sûre à voir en live.

DORIAN CONCEPT LIVE FEAT. CID RIM & THE CLONIOUS | | Boombox | 00:30 - 01:45 :
L’Australien DORIAN CONCEPT est une raison de plus de voir ce festival de Dour comme l’un des meilleurs festival d’Europe, parce que cet artiste est rare, et bien que très réputé, il ne plaît pas forcément aux salles françaises, trop soiffardes de faire venir du FLUME ou du FAKEAR pour être certaines de faire salle comble. Aucune pierre n’est jetée, juste une pensée pleine de gratitude pour le festival et sa prog’ de très haute volée. Et malgré le featuring avec deux personnages que je ne connais pas, rien n’est à regretter. L’ambiance est intimiste sous l’espace couvert, les morceaux sont duveteux et poussés par une fougue électronique certaine, le concert est ludique, assuré par l’intermédiaire de machines aux sonorités 8-bits, une batterie bien organique et du synthé. On pensera à la sensualité entraînante de THE SHOES, couplée à une volonté musicale bon enfant, pleine d’aspérités sonores qui vont égayer la performance. L’électronique aux rythmiques soutenues glisse comme du petit lait et permet de préserver son énergie et de profiter d’un moment reposant, très loin d’un contenu agressif qui demanderait un quelconque effort pour en apprécier la sève. Il s’en dégage une fraîcheur salvatrice, mais qui m’apparaît l’idéal moment pour tirer ma révérence concernant une journée juste assez épuisante pour me permettre d’aller prendre un dernier apéro au campement. Un bien bon moment que cette alliance entre CID RIM & THE CLONIOUS et DORIAN CONCEPT.

JOUR 5 - DIMANCHE 17 JUILLET 2016 : le problème de l’éjac pendant le gros plan sur la tronche de l’acteur :
La journée de clôture se place sous le signe de classiques du rap français et de la crème de la techno / électro hexagonale. Pourvu que la dernière dose de plaisir avant l’année prochaine, vaille son pesant de pépites.

TSR Crew | Boombox | 16:10 - 17:00 :
Les jeunes Français du TSR CREW avancent entre ombre et lumière, à l’ombre des NEKFEU, 1995, JAZZY BAZZ, ou des rappeurs " durs " tels que KAARIS. Quand tu fais du rap old school, faut être réaliste, t’es pas forcément d’un intérêt marketing colossal, surtout pas en France. Pourtant, du talent, le TRS CREW en déborde, et après 17 ans d’existence, ils montent lentement mais sûrement en notoriété.
Leur live est à l’image de leur son : les trois MC’s jouent les cartes de la sincérité et du talent pur, sans artifice, pour nous gratifier d’un rap classique et bien foutu. Quelques titres défilent, la recette est bonne, mais manque de piquant, d’un petit quelque chose qui ferait sortir le crew du lot. Au final, ne connaissant l’œuvre que de loin, les morceaux me font penser à ATK, en plus sombre et plus inspiré d’un quotidien pas forcément des plus facile. Notes de pianos nostalgiques et beats rythmiquement marqués tout en avant, les textes vont toucher à des thématiques clichés, telles que les drogues, les difficultés de la vie ultra-urbaine, etc… mais les instrus renvoient des années en arrière, et ça fait du bien ! Pourtant, pour moi, il manque quelque chose pour que ce live prenne une ampleur significative qui ferait garder TSR CREW comme un nom à retenir après les avoir vu. Ça reste une prestation très honnête cependant.

VALD | Boombox | 17:30 - 18:30 :
À l’opposé, sous l’extrême feu des projecteurs, il y a Valentin Le Du, alias VALD qui lui, n’a mis que quelques années à percer de manière fulgurante, sa recette étant un rap tout aussi désinvolte que coquin, comme un sale gosse effronté qu’on n’arriverait pas à engueuler parce que ses bêtises semblent trop juvéniles et que sa gueule pouponne transpire la malice. L’ayant vu il y a moins d’un an, le spectre de la déception plane dangereusement au-dessus de son apparition en terre belge, car le bougre m’a fortement déçu par une prestation qui se limitait au minimum syndical.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Eh bien, très clairement, le bougre n’offre pas la même chose au public français qu’au public belge. L’entrain est là, le concert est préparé et calibré pour faire la fête. Pas avare d’anecdotes, il nous racontera qu’il a joué " Shoot Un Ministre " devant un Manuel Valls qu’il n’aime visiblement pas de tout son cœur, à raison, avant d’entamer le morceau. Son live n’est qu’une succession de singles que tout le monde attendait, accompagnée de sa verve insolente et 3ème degré qui complètent à merveille son set. Tout y passe : " Urbanisme ", " Par Toutatis ", " Promesse " sur lequel tout le monde reprend le refrain " NAN MAMAN J’ME DROGUE PAS " en mentant honteusement, " Selfie " et, ai-je besoin de le préciser, la mythique " Bonjour " qui l’a tant aidé à se faire connaître. Le bonhomme est aux petits oignons avec son public, chaleureux et tempérant avec son côté " balek " clairement affiché, même s’il ponctue sans subtilité ses interventions entre chaque morceaux de samples " SUCE MA BITE, SUCE MA BITE SUCE MA BITE ! BITE ! BITE ! ". Potache ? Oui !! Insistant ? Pas qu’un peu ! Mais tellement crunchy comme live ! À mille lieux de ce qu’il a pu me faire vivre la première fois, pendant le Dour j’ai face à moi le Sullyvan au charisme raccord à ses clips et à sa nonchalance si caractéristique. Passant du jour à la nuit, il passe du statut d’artiste qu’on peut aisément éviter en concert, à petite pépite insolite.

DJ PREMIER & THE BADDER | The Last Arena | 18:30 - 19:30 :
Le daron du hip-hop east coast est inattaquable. Instrus old school pimentées aux cuivres et enrichies au combo basse batterie au groove hors norme font de cette heure d’humble leçon, un passage culte bien trop court sur le sol du festival. Le mec officie aux platines comme bien peu de ses contemporains, et pourtant, il ne cesse mettre en lumière l’orchestre qui l’accompagne en se mettant au second plan. Encore une prestation mythique d’une fraîcheur ultime qui passe trop vite !

THE BRONX | Cannibal Stage | 19:30 - 20:30 :
Dans le top 5 des noms que je voulais absolument (re)voir, le phénomène BRONX intervient à point nommé dans sa formation standard (et non en tant que mariachis). Et bien évidemment, en quelques secondes à peine, leur hardcore punk’n’roll dopé va enflammer les planches endommagées de la Cannibal Stage, et Math Caughthran ne parviendra que très peu de temps à rester sur scène, participant aux effusions de violence dans la fosse dès les premières minutes. Tous les classiques sont à l’honneur, avec l’ouverture " Heart Attack American ", " False Alarm ", la tellement imparable " History’s Stranglers " en fin de set, sans oublier l’impulsive " White Tar " et, évidemment, l’incontournable " Shitty Future ". Les épisodes discographiques " I " et " II " étaient donc largement à l’honneur, la sélection ne pouvant être plus optimale. Finalement, Math va faire quasiment tout le concert contre la foule, leur prenant le crâne pour leur gueuler dessus, se mêlant aux coups de coudes, interpellant son public pour lui demander de monter un cran dans sa folie festive. Ce mec est une sorte d’animateur d’enchères où il chercherait à mettre les acheteurs en vente, les uns contre les autres. Le bordel est grandiose, le hardcore vitaminé ne s’arrête jamais, pas même le chant, le long jack du micro étant porté partout par un technicien assez sympa pour s’occuper uniquement de cette chiante besogne durant tout le live. Les nombreux amateurs de THE BRONX sont aux anges, et si l’énergie est pleine d’électricité, elle n’est que bon enfant et malgré le caractère aléatoire des danses et mouvements violents, rien de malencontreux ne sera à déplorer. Mieux qu’un footing, mieux qu’une grande bouffe entre potes, mieux qu’un simple concert de punk hardcore, THE BRONX renouvelle son statut de maître incontesté du live tant sur scène, il est incomparable à d’autres groupes. Direct, impulsif, raccord à l’énergie décomplexée des albums, pour ceux qui ne les auraient pas encore vu mais qui hésiteraient, foncez ! Déjà parce que c’est génial, mais aussi parce qu’en Europe, ils se font rares, et ne s’y déplacent généralement qu’en période de festivals.

THE SUBWAYS | 21:00 - 22:00 :
Comme beaucoup, ce nom résonne dans ma tête à cause de l’incroyable morceau " Rock&Roll Queen ", désinvolte et british au possible. Un vrai délice dans la BO de " Rock’n’Rolla " du almighty Guy Ritchie. J’ai déjà pu voir ce que ça donnait auparavant, c’était pas glorieux. Rien de bien rock’n’roll pour un groupe plutôt aseptisé. J’étais très étonné. Et aujourd’hui, alors que j’atterris vers la fin de leur set, je découvre un groupe tout mignon, au charisme neutre, très gentil et poli avec le public. À mi-chemin entre morceaux de balade rock et contact mignon avec ses fans, je me rends compte que ce n’est que grâce à la promotion dont ont pu bénéficier certains de leurs tubes, que j’ai pu me construire une image définitivement idéalisée de THE SUBWAYS. Ça n’a finalement rien de rock’n’roll, c’est choupinou tout plein, ça joue des compos un peu poussiéreuses mises au goût du jour. Je suis déçu de voir une version améliorée d’un groupe de pop rock dont l’univers est particulièrement adapté au grand public, une sorte de worst of de la meilleure soupe d’OASIS, tout ce qui est slow et oubliable, en somme. Et évidemment, pour finir, " Rock&Roll Queen ", jouée correctement, mais avec une propreté sonore et scénique qui achèvent de me faire comprendre que ces Anglais n’ont finalement pas l’attitude qui accompagne ce morceau, ni même la cohérence musicale qui va dans ce sens. Mon amour pour eux n’ira décidément pas plus loin que leur apparition foutrement efficace dans la BO d’un grand film. Passons. OXMO PUCCINO | Boombox | 21:30 - 22:30 : Le live est choppé en plein vol, et c’est encore un personnage que je ne connais pas assez mais dont je reconnais aisément le talent. Ce soir, en quelques phrases, je comprends ce qui l’a propulsé sur les devants de la scène rap française. Ce fin limier des mots est d’une bluffante sincérité, enchaînant les apartés aux messages forts avec le public, métissant son set de morceaux tendres comme plus festifs, avec par exemple " Une Chance " où certains morceaux plus pêchus issus de " Cactus De Sibérie ". " Opéra Puccino " est également à l’honneur, le maître en modifiant les paroles pour qu’elles aient un sens pour ses fans présents au festival Dour. OX est aux petits oignons, accompagné d’un orchestre qui empêche la sècheresse d’instrus juste diffusés sur lequel il se poserait. Le côté soul touchant est accentué par les chœurs féminins qui l’accompagnent, et le combo assure des arrangements qui embellissent un répertoire plus souvent allègre que morose, même si l’on ne coupe pas à ses délicieux incontournables comme " 365 Jours ", morceau de génie qui fait l’effet d’une exquise douche froide. Le Puccino m’a complètement stoné de son lyrisme unique, de ses paroles veloutés, de sa présence si pondérée qui inspire l’empathie, le respect et la tranquillité, à peine les mots sortent de sa bouche. On ne s’attend pas à moins bien venant de l’atome libre issu de Time Bomb, pas à moins qu’un grand moment, tout en douceur, aussi festif que touchant, un parfait mélange, en somme.

PIXIES | The Last Arena | 22:30 - 00:00 :
Entre morceaux mous et son complètement revu à la baisse, on se demande si le groupe calcule ses fans. Sans grande émotion, les titres s’enchaînent, presque de manière mécanique. Les morceaux sont tièdes et refroidis par des instruments amplifiés au minimum, de sorte à ce que chacun puisse entendre son voisin demander si " c’est normal qu’on n’entende rien ? " à ses potes. Mais PIXIES, c’est surtout " Where Is My Mind ", alors comme j’ai péniblement patienté pour ça, je parviens à rester. Et en fait, rien n’y fait, la guitare électro-acoustique claque ses notes, le groupe joue, placide, sans émotion, presque comme s’il s’agissait d’une corvée ou d’une répétition. À l’image du scandale SNOOP DOGG de l’année dernière, voici LA prestation exécrable de l’année, pour un groupe qui ne semble pas enclin à satisfaire son public. C’est donc ça PIXIES ?

CLUB CHEVAL | Jupiler Dance Hall | 23:30 - 00:30 :
Après un tel échec, je ne sais pas trop quoi voir. À vrai dire, il y a un creux dans la prog, de potentielles découvertes mais pas de valeurs sûres. Allons voir à quoi correspond ce nom un peu dans la veine des noms hype parisiens. CLUB CHEVAL, espérons que ça s’éloigne de FAUVE, ou de LA FEMME. Et en fait, rien à voir ! Exit les préjugés, ici, pas de rock pour ado en manque d’émancipation urbaine, ni de phases électroniques consensuelles pour accompagner cette soirée où elle fume un bidis, assise jambes pliées et dos accolé à la persienne, pendant que sa pote la prend en Insta en noir et blanc pour racoler les " like " de la bobo-sphere.
Pour le coup, pas d’attitude avant la musique, mais place à de l’élégante électronique feutrée. Les quatre spécimens sont enveloppés dans une atmosphère bleutée, quasi brumeuse, où se décrochera un CC lumineux, proche des icônes d’application Adobe. Le quatuor fait osciller son set entre de l’électronique douce mais entraînante, et de la house un peu plus agressive, mais toujours très dansante, qui va évoquer des sons de l’univers dance des années 90. Très intéressant melting pot d’influences assez vintages, remaniées avec élégance, CLUB CHEVAL est clairement un contemporain inévitable de la musique électronique, mais qui n’en est pas moins une excellente ramification. La surprise est de taille, surtout en tant que choix effectué par dépit.

ÉTIENNE DE CRÉCY | Jupiler Dance Hall | 01:00 - 02:15 :
Présent au festival pour promouvoir son " Superdiscount Vol.3 ", je viens découvrir le bonhomme en tant que pur profane, n’ayant entendu que des éloges à son sujet, mais jamais aucun de ses morceaux. Et en fait, étant situé assez loin de lui, je ne verrai jamais l’homme, me satisfaisant de son " Superdiscount Volume 3 " projeté et animé sobrement derrière lui. Très rapidement, je me rends compte que je m’en fiche, parce que sa house raffinée emporte le plus profane dans son sillage. En quelques minutes, l’artiste que je ne connaissais que de nom, devient ma plus belle rencontre de ce festival de Dour. Ça pue le sentimentalisme, la retenue, la fraicheur, à tel point que son set me régénère, me revigore, me motive, pourtant confronté à mes derniers élans d’énergie. Ces mélodies imparables forcent à bouger son boul, et quiconque ayant vécu " You " ou surtout " Smile " ne pourra affirmer le contraire. Véritable moment vaporeux et quasi intime, pour des morceaux aussi hypnotiques que marquants, ÉTIENNE DE CRÉCY est en fait une des plus incroyable référence à la house teintée de french touch que j’ai pu entendre. Tellement simple, mais tellement efficace ! Pendant ce live, je pense aux frangins KALKBRENNER qui ont tendances, avec leurs productions calmes, à prodiguer aux spectateurs la même atmosphère apaisante durant leurs prestations. En bref, le Français m’a clairement mit une baffe à laquelle je ne m’attendais pas ! Grandiose.

MR. OIZO | Jupiler Dance Hall | 02:30 - 04:00 :
Nous y voilà, au dernier nom de cette édition. Le bouquet final, et c’est pas n’importe quoi, puisque c’est M. Dupieux en personne qui a l’honneur et la lourde responsabilité de nous dire que " ce n’est qu’un au-revoir ", et que l’année prochaine, ce sera le même vent de folie, sinon mieux. Casquette vissée sur le crâne, après un « sucez / dansez » bien agressif, on rentre dans le vif du sujet. Et le sujet est haché menu, de morceaux de " Lambs Anger " et de " Moustache ", entrecoupés de remix du Headbanger pas forcément super trépidants. Le live est intéressant parce que le travail effectué l’est, à savoir un boulot de monstre de mix entre morceaux qui se chevauchent, s’accrochent, se superposent, mais au final, il n’est pas des plus facile d’accès, et " Analog Worms Attack " semble avoir été oublié au casting, lorsqu’il est culte pour les fans. Au final, j’attendrai tout le live de me faire accrocher par quelque chose, mais le côté agressif et syncopé de la prestation me laisse croire que MR. OIZO n’a pas forcément envie de " plaire à tout le monde ". Je ne vais pas rester tout-à-fait jusqu’à la fin, la prestation étant vraiment honnête demeure un concert d’adieu assez sympa, mais qui n’a pas le panache de certains autres lives que j’ai pu voir au cours de ces 5 jours. Et un adieu qui ne marque pas suffisamment le coup, ça laisse perplexe, comme si on était en droit d’attendre une suite qui n’existe pas… Au final, peut-être que l’engouement représenté par MR. OIZO n’est pas adapté à une clôture spectaculaire, ou à autre chose qu’un bon moment, l’homme, à travers son art, qu’il soit visuel ou auditif, ne se veut pas forcément catchy, mais plutôt punk, dans le sens où ce qu’il souhaite faire sera fait, et non ce que le public souhaiterait. Un bon moment orchestré par l’un des papes de l’électro contemporaine, mais ça n’ira pas plus loin.


Le dernier apéro avant la fin, tout endroit s’avère propice à une bonne binouze.

La soirée s’achève, et il n’est pas encore l’heure d’être nostalgique puisqu’une bonne nuit au festival de Dour est une nuit bien investie dans les restes d’alcools, de drogues et de bouffe non consommés. C’est également le moment où on peut épuiser toute son énergie en faisant n’importe quoi puisqu’il n’y a plus d’enjeu le lendemain, en dehors de replier sa tente, transporter ses affaires jusqu’à son véhicule, et, pour les plus malchanceux, conduire ledit véhicule…
Les dernières particules festives se dissipent lentement au gré de l’aurore qui se met à flotter à l’horizon. Les festivaliers ne sont pas pressés de partir, la plupart déambulant mollement dans les allées, comme des âmes résignées à partir pour une vie moins attractive. Les tentes se défont tranquillement, les matelas gonflables perdent leur relief, des abrutis détruisent certaines vivres plutôt que de les donner à d’autres ou de les confier au staff du festival qui aurait transmis tout ça à une association de lutte contre la faim. Tout étant empaqueté, c’est le cœur lourd qu’on dit au revoir à notre emplacement de camping, contraints d’attendre une année entière pour revivre pareille aventure.


Adieu Dour, à l’année prochaine.

Cette édition, ayant été mieux préparé à vivre l’événement que l’année dernière qui représentait déjà LA révélation estivale, est une confirmation évidente que ce moment s’affirme désormais comme un incontournable rendez-vous. Voir autant d’artistes incroyables regroupés ensemble pour mettre en état de fête un espace aussi chaleureux, aussi accueillant, aussi démesuré que le terrain de la Machine de Feu dans sa métamorphose festivalière, c’est chose inespérée. Que ce soit JUNGLE BY NIGHT, NETSKY, PETIT BISCUIT, FATIMA YAMAHA, THE PRODIGY, MOBB DEEP, BORIS BREJCHA, ODEZENNE, DOPE D.O.D., MADBALL, VALD, OXMO PUCCINO, DJ PREMIER, THE BRONX, ÉTIENNE DE CRÉCY, et bien d’autres, se sont autant de noms qui n’ont rien à voir les uns avec les autres mais qui vont laisser une très belle trace dans mon crâne remplit de souvenirs plus savoureux les uns que les autres. On ne peut qu’applaudir à pleines mains une programmation plus qu’éclectique qui regroupe autant de pointures que l’on prierait pour voir ne serait-ce qu’une seule fois dans sa vie, que de nouveaux espoirs qu’on ne penserait pas voir pour le moment. Et comme si ça ne suffisait pas, l’accueil, l’ambiance et la vie sur le festival viennent compléter de la plus belle manière l’imposante liste de concerts, pour en faire un moment estival unique, une opportunité que l’on ne laissera pas passé les années suivantes, dès lors qu’on s’y est essayé. Je n’ai réellement pas connu d’événement aussi addictif depuis mon adolescence, véritable fracture à la vie quotidienne, moment à part qui te permets de vivre selon de nouvelles règles où la décontraction, le partage et la fête sont les seuls impératifs. Alors festival de Dour, cette année, tu as prêché des centaines de milliers de convaincus et fais rêver tant d’autres nouveaux venus. Ton seul défi pour l’année prochaine sera d’être aussi exceptionnel qu’à l’accoutumé.


(Review réalisée par Ben)

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