BEN MAZUÉ
Paris le 28/01/25
(Le Théâtre de l'Atelier)




Une soirée intimiste et émouvante

Introduction :
Le 28 janvier 2025, j'ai eu le privilège d'assister au concert de BEN MAZUÉ au Théâtre de l'Atelier à Paris, accompagné de ma femme et de mes filles. Bien que connaissant quelques-unes de ses chansons, c'est surtout pour faire plaisir à ma femme, grande admiratrice de l'artiste, que j'avais réservé les places. Cette soirée s'est révélée être une expérience musicale et émotionnelle inoubliable, tant pour ma famille que pour moi. Un concert très différent de ceux que j'ai l'habitude de fréquenter, habitué aux foules énergétiques des concerts de métal. Ici, l'ambiance était toute autre, avec une majorité de femmes dans le public et une écoute religieuse, suspendue aux mots de BEN MAZUÉ. Cette relation entre l'artiste et son auditoire féminin était frappante : un lien particulier semblait s’être tissé au fil des années, renforcé par la sincérité de ses textes et la douceur de son interprétation.

L'Artiste et son parcours :
BEN MAZUÉ, de son vrai nom Benjamin Mazuet, est un auteur-compositeur-interprète français né le 24 janvier 1981 à Nice. Après des études de médecine, il décide à 25 ans de se consacrer pleinement à la musique. Cette transition d'une carrière médicale à une vocation artistique témoigne de sa sensibilité et de sa quête de sens. Il a d'ailleurs confié rêver un jour d'exercer en tant que médecin généraliste à Rome, une aspiration qui reflète son désir d'aider les autres et son amour pour l'Italie. Son parcours musical est marqué par une sincérité désarmante. Il écrit non seulement pour lui, mais aussi pour d'autres artistes comme AXELLE RED, POMME, PATRICIA KAAS, BENJAMIN SIKSOU, TOM FRAGER et GRAND CORPS MALADE.

Une pause et un nouveau départ :
Après une tournée triomphale des Zéniths, BEN MAZUÉ a choisi de faire une pause pour se ressourcer et réfléchir à la suite de sa carrière. Cette période de recul lui a permis de concevoir un projet plus intimiste, en adéquation avec son besoin de proximité et d'authenticité. Il a ainsi décidé de se produire seul sur scène, dans des salles à taille humaine, offrant une expérience plus personnelle à son auditoire. Le choix du Théâtre de l'Atelier : Le Théâtre de l'Atelier, avec son architecture classique et son ambiance feutrée, était le lieu idéal pour ce retour aux sources. Situé au cœur de Montmartre, ce théâtre historique offre une proximité rare entre l'artiste et son public. L'atmosphère chaleureuse et intimiste de la salle a permis une communion authentique, créant un écrin parfait pour les confidences musicales de BEN MAZUÉ. L’artiste y avait fait ses filages et avait le désir de s’installer dans un théâtre sur une durée longue comme l’avait fait Zazie dans une autre salle parisienne.

Une scène épurée et technologique :
Sur scène, BEN MAZUÉ était seul, accompagné de sa guitare et d'un piano placé sur la gauche, filmé en plongée par une caméra dont les images étaient diffusées en fond de scène. De grands abat-jours descendaient par moments, créant un éclairage tamisé et chaleureux. Il utilisait des boucles enregistrées en direct sur sa guitare pour donner l'impression d'un jeu à plusieurs, mais sans démontrer explicitement le processus, ce qui pouvait laisser croire que tout était pré-enregistré. C'était sans doute le seul bémol du concert : une démonstration en direct de ce procédé aurait permis d'apprécier pleinement son talent.

La Set-list, une Traversée Émotionnelle :
Le concert était centré sur son nouvel album " Famille ", avec des titres forts comme " Famille ", " Rupture " (en duo virtuel avec YOA), et " C'est l'heure" . Le deuxième extrait, " Famille ", avait été accompagné d'un clip tourné dans le métro japonais, illustrant l'idée que c'est loin des siens que la famille prend tout son sens. C’est avec le titre " C'est l'heure " que le spectacle commence, le titre était le premier à être diffusé de l’album avec un clip filmé lors d’un vélo trip à Paris avec son chien. BEN nous expliquera par la suite que c’est Kyan Khojandi qui lui a donné cette passion mais également le nom du dresseur.
Un moment particulièrement émouvant fut l'interprétation de " Cécile Gagnant ", une chanson qui fusionne " Cécile " de CLAUDE NOUGARO et " Mistral Gagnant " de RENAUD. " La seule chanson qui n’ait jamais fait pleurer mon père " nous confie BEN (après nous avoir parlé d’une crise de nerf à la sortie d’une déchetterie et l’achat d’une maison de campagne vite revendue). Ayant deux filles, j'ai été bouleversé par ce titre, et j'ai pu les prendre dans mes bras pendant l'interprétation. Ce fut un instant suspendu, d'une intensité rare, où la musique et l'émotion se confondaient totalement. Relater les moments qu’il n’aura pas comme faire un chignon ou enfiler un collant, choses que je vis ou que j’ai vécu.
Nous n'aurons ce soir pas la chance d'écouter le titre partagé sur l’album avec VINCENT DEDIENNE. BEN MAZUÉ ne l'a intégrée dans son spectacle alors qu’il aurait pu la relier aux pièces de théâtre qui encadraient son concert au Théâtre de l’Atelier, notamment " Juste la fin du monde " et " Il ne m’est jamais rien arrivé ".
C’est avec " Nous deux contre le reste du monde " issue de son album " Les femmes idéales " que le spectacle continue après la fin de l’histoire sur la déchetterie. BEN nous remercie d’être là : " je vous remercie déjà d’avoir pris des places car je sais que ce n’était pas si facile " et oui cela a été la guerre mais nous sommes au premier rang. S’en suit " Après l’amour " sorti fin 2024 et enregistré lors de son filage dans le théâtre qui nous accueil. La chanson semble évoquer sa rupture / recollage de morceau avec sa conjointe et son riff chaloupé son embarque " pour se retrouver, fallait d’abord qu’on se perde "… parler d’une histoire et toucher tous les couples de la salle c’est bien cela que fait BEN.
BEN continue avec cette guerre en indiquant que cette chanson lui vient d’un message sur un mur qu’il lisait tous les matins près de chez lui " j’espère que tu gagneras la guerre dont tu ne parles à personne " et il demande d’une manière assez pudique et assertive aux gens qui filment ou prennent des photos de ne pas les diffuser avant la sortie de l’album pour ne pas spoiler et laisser l’artiste maitre du temps par rapport à la sortie de ces titres. Normal me direz-vous mais pas dans le monde de l’instant et du paraitre, c’est un peu partager un secret avec l’artiste…
" Quand je marche " est lancé à toute vitesse après un monologue sur les chiens et sur l’appli " emprunte mon toutou ". S’enchaine un moment, mi chanson – spoken word sur les 3 ans passés sur les accords de la chanson et sur l’avenir… poignant.
Autre ambiance avec une chaise au milieu de la scène et l’écran de droite qui s’illumine d’une YAO assise elle aussi. " C'est pas que la fin de l'histoire qui rend triste /C'est de savoir que l'on n'est plus aimé " résonne dans le théâtre et cela sonne comme du vécu. " L’Amour c’est pas de l’humanitaire " fait un peu froid dans le dos mais YOA le remet bien à sa place avec " À mon avis, à mon avis, c'est pas une meuf que tu recherches, C'est un animal de compagnie "… et hop " emprunte moi toutou " le retour. Retour du spoken word sur la paternité et sur la naissance du premier enfant.
Puis la folie de l’assurance… le set se poursuit avec " Gaffe aux autres " vendu à Jeremy Frero et repris par STYLETO avant de finir sur un duo BEN, JEREMY FRERO. Le style se fait TOM FRAGER et ce n’est pas le titre le plus marquant de la soirée. Même si l’altruisme dégagé par cette chanson semble touchant.
" Passager " est ensuite sorti de l’album " Paradis après la fin de l’histoire de la maison de campagne à côté de Soisson "… Il se confesse et nous dit " le mot d’ordre de cette tournée, c’est d’arrêter d’être mieux et juste essayer d’être moi car le temps presse "… nouveau cycle… " J'accueille mes démons comme des copains " et on s’en qu’ils sont nombreux. " Entourez-vous de gens qui vous pardonnent " nous conseille-t-il est c’est un homme qui semble écorché, qui semble être passé sous un camion qui a vécu le pire qui semble nous dire cela.
Petit détour par les backstages et BEN rejoint le piano pour " 10 ans de nous " issu de " La femme idéale " sorti il y 8 ans, cela fait donc 18 ans d’eux ou comment vivre contre vents et marées en couple.
Enfin, en fin de concert, il nous indique qu’il a accompagné ses sœurs plus jeune à un concert de JEAN-JACQUES GOLMAN, un de ces premiers concerts et le titre " Là-bas " et SIRIMA qui était décédée ne peut donc pas être présente, et le public avec repris les paroles. BEN a donc proposé un karaoké sur " J'attends ", titre initialement en duo avec POMME. L'absence de la chanteuse a été largement compensée par une participation du public, les paroles défilant en fond de scène, transformant ce dernier morceau en un moment de communion où chacun chantait à l'unisson.

L'univers visuel, une pochette qui raconte une histoire :
L’album " Famille " qui va sortir le 28 février arbore une pochette minimaliste et touchante, à l’image de l’artiste. Ce visuel, où BEN MAZUÉ apparaît dans bagarre avec ses cousins autour d’un ballon de foot, reflète parfaitement la tonalité de ses chansons : un mélange de nostalgie, d’amour et de questionnements existentiels ainsi que son idée de la famille qu’il définit comme une " joyeuse bagarre ".

Le perfectionnisme de l'Artiste :
BEN MAZUÉ est un artiste méticuleux. Chaque chanson, chaque note, chaque mot semble avoir été pesé, réfléchi, afin de transmettre au mieux l’émotion qu’il souhaite partager. Cette rigueur, alliée à sa sensibilité, fait de ses concerts des moments suspendus où le temps semble s’arrêter. J'étais venu en accompagnateur, je suis reparti conquis par la poésie de BEN MAZUÉ. Cette soirée m'a offert une vision plus intime de la musique, différente de mes habitudes mais tout aussi marquante. Un moment hors du temps, partagé en famille, que je n'oublierai pas.
BEN MAZUÉ a cette capacité rare de toucher au cœur par sa sincérité et sa sensibilité, et ce concert en fut la plus belle preuve.





(Review et photos réalisées par Djaycee)

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