AMENRA + BRUIT + PALECOAL
Biarritz le 17/04/2022
(L'Atabal)




Quoi de mieux pour profiter de ce week-end prolongé qu’une petite escapade au Pays Basque avec ue concert d’AMENRA ? Bah, pas grand-chose ! Pendant que les litres de bière tiède, de Jacqueline, de Calimoucho infâme et de vomi chaud (tu me diras…entre le Calimoucho et la gerbe, il n’y a pas grande différence) coulent à flot à quelques bornes de là pour la foire au jambon de Bayonne, l’évènement pour les amateurs de métal est à l’Atabal.
En effet, une fois de plus, la salle biarrote a eu le bon goût de programmer une soirée incontournable. Après la disette passée, les annulations et les protocoles innombrables, on peut à nouveau profiter d’affiches de ce calibre à Biarritz. Et, même si je dois me taper plusieurs heures de route pour voir les belges d’AMENRA car ils ne sont pas programmés à Bordeaux (et oui), je ne boude pas mon plaisir de, enfin, découvrir le combo sur scène et remercie chaudement l’équipe de l’Atabal pour l’opportunité offerte ce dimanche.

La soirée débute tôt, il ne va pas falloir s’éterniser sur l’apéro, PALECOAL prend la scène à 19h10. Le public est au rendez-vous, venu en nombre, et à l’heure. La salle, malgré l’heure, est déjà quasi comble.

PALECOAL, c’est un one man band, Alan Billi, guitariste de THE RODEO IDIOT ENGINE, groupe de hardcore chaotique, dans la veine des BOTCH, THE DILLINGER ESCAPE PLAN et trucs du genre. Alan officie également dans un registre très différent au sein d’ORBEL, groupe produisant une musique empreinte d’une pop inclassable, atmosphérique, éthérée, sombre, intimiste et envoutante. Il avait pu y faire démonstration d’une autre facette de sa personne et de son talent avant de pousser un peu plus loin encore son goût pour les sons plus électros dans ce projet perso. Le garçon est éclectique (tout en gardant une certaine cohérence) et doué. Ce soir, il joue à domicile et vient présenter son premier album solo à la piaule, et c’est à lui qu’incombe la responsabilité d’ouvrir la soirée.
PALECOAL endosse fort bien le rôle en déroulant une musique singulière à cheval entre cold-wave, dark-pop, trip-hop, noise ou même hardcore parfois. Les beats électros, à grosses basses qui tapent disputent aux mélodies tendues, abrasives, le gars jongle entre machines, guitare et chant avec aisance. L’ensemble sonne comme un brûlot cathartique, profond et hypnotique. Les compos, le son, les lights sont léchés. Les morceaux s’enchaînent, cohérents, prenants, la mayonnaise prend.

Ensuite, c’est au tour de BRUIT d’assurer la transition. Tu me permettras et m’excuseras certainement d’être beaucoup plus lapidaire sur la prestation du quartet toulousain du fait de les avoir vu il y a à peine un mois en ouverture de YEAR OF NO LIGHT au Krakatoa de Mérignac, et d’avoir rédigé un report de cette date lisible sur le site. La proximité de l’évènement fait que rien n’a bougé. Le set est du même acabit. Ca joue super bien, le combo déroule avec maîtrise son post-rock où l’influence majeure et notable est GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR. Mon avis sur le groupe et sa prestation scénique est identique à celui que j’ai émis dans mon précédent article. Avis donc.

Après ces " mises en bouche " de qualité, le moment est venu, la salle bruisse, ça frémit, le clou de la soirée, la cerise sur le (beau) gâteau. Dans des nuages de fumée, le combo belge soigne et ménage son entrée. On plante le décor.
Avec AMENRA, tout est savamment dosé, tout est question de gestion des émotions et de l’intensité. Ça démarre avec " Boden " : normal. Percus métalliques, les guitares montent en douce tension, lentement, surement, avant que la brèche ne s’ouvre, que le sol ne se déchire et que l’apocalypse ne déferle accompagnée de son avalanche de décibels et les hurlements de la damnation. Le calme avant la tempête, pleine gueule !
La formule immuable, éprouvée et ô combien efficace. Ca ne bouge pas, c’est du lourd, de l’efficace. La recette " cool/hard/cool " a fait ses preuves. Elle est inoxydable, et AMENRA la maîtrise à merveille pour produire une musique personnelle, profonde, sombre, puissante et envoûtante. Une sorte de doom cathartique. Sur scène, c’est la branlée. Ca prend au tripes direct, les poils dressés, le Leviathan est en marche. Le son est énorme (toujours), impressionnant, les images projetées soignées et les lights minimalistes parachèvent l’ambiance générale. Bienvenue dans les tréfonds de l’âme où seul subsiste un infime rai de lumière, mince et seule lueur d’espoir persistante. Un titre ! Un titre seulement pour mettre tout le monde d’accord. " C’te claque putain ! ". Et ce n’est que le début.
Pas le temps de reprendre ses esprits, on enchaîne avec " Razoreater ". Même tarif, même branlée ! S’enchaîneront ensuite dans un rythme effréné " Het gloren ", " Plus près de toi ", " Ter ziele ", " Am kreuz ", " De evenmens ", " A solitary rein " et " Diaken ". Et chose incroyable, rare, AMENRA réussit à faire croitre l’intensité tout au long du set, jusqu’à un acmé qui ne peut laisser place à un quelconque rappel. Le public est sur les rotules mais comblé.
D’un point de vue personnel, j’ai pris une bonne grosse claque dans les gencives et suis resté en admiration devant une telle intensité. Le son, les ambiances, sonores et lumineuses, l’énergie déployée par le groupe, AMENRA est sans conteste un mastodonte du genre et un groupe singulier, vraiment à part. Rarement, j’ai pu prendre une telle beigne lors d’un concert.



Merci à la production de l’évènement et à l’Atabal de m’avoir permis d’assister à cela.


(Review et photos réalisées par Ciryl)

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